RICORDEL Maurice, Charles, Marie

Par Yvon Gourhand

Né le 10 novembre 1886 à Rezé (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), mort le 9 décembre 1959 à Nantes (Loire-Atlantique) ; employé ; syndicaliste CFTC de la Loire-Inférieure ; conseiller prud’homme ; militant royaliste et de l’Action française, membre du Comité de la droite de Loire-Inférieure, du Cercle Pie X et de l’Alliance Nationale de l’Ouest.

Né dans une famille catholique, originaire d’Avessac (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), il était le fils d’un menuisier et d’une tailleuse. Son père, Stanislas, fils d’un sacristain issu d’une fratrie de neuf garçons, fut le doyen de la maîtrise de la basilique Saint-Nicolas de Nantes. Un de ses oncles, Régis, mort jeune, fut vicaire de Nozay (Loire-Atlantique). Dans La Province du 24 juin 1933, organe de l’Alliance Nationale de l’Ouest, Maurice Ricordel a été décrit, physiquement, comme : « Petit, râblé, une bonne tête ronde, des yeux qui, derrière les lunettes, brillent avec vivacité […] d’une activité étonnante, toujours en mouvement [...] ». Il reçut une solide éducation chrétienne traditionnelle, auprès des Frères de Saint-Jean-Baptiste de la Salle. Après un apprentissage, il devint caissier-comptable, puis voyageur de commerce dans une maison nantaise, Peigné, Desloges et Ménager, de négociants en alimentation, prenant leur succession en 1932. Il épousa entre-temps, en janvier 1911, Jeanne Lanoé. Le couple eut sept enfants dont un garçon prénommé, comme son père, Maurice et qui devint curé de La Haye-Fouassière, en 1956.
Qualifié de catholique pratiquant assidu, il aura même eu deux directeurs de conscience, devenant tertiaire franciscain, le jour de ses vingt-six ans, sous le nom de frère Ferdinand. Il fut adhérent de nombreuses associations pieuses, étant le préfet de la Congrégation de la Très Sainte Vierge, tout en participant aux pèlerinages nantais et faisant régulièrement des retraites, en particulier à l’abbaye de Melleraye.
Maurice Ricordel, décrit comme « l’un des fondateurs des Syndicats chrétiens de Nantes », fut donc un militant CFTC, depuis mai 1919 au moins, au sein de son syndicat des employés du Commerce et de l’Industrie. Le 21 septembre 1920, il aurait été « le premier catholique à être élu conseiller prud’homme », étant réélu à Nantes le 21 novembre 1926, dans la deuxième catégorie du commerce par 267 voix contre 137 au candidat cégétiste. Son mandat lui fut renouvelé en novembre 1928. Il serait devenu président du Conseil des Prud’hommes de Nantes et aurait participé à ce titre au XIe congrès national de la prud’homie tenu à Reims, en septembre 1929. En février 1930, il fut désigné comme membre de la commission départementale de l’action économique de la Loire-Inférieure. Il fut également président de la Fédération nantaise des contribuables, militant alors aux côtés de Jacques Lemaigre-Dubreuil, patron des Huiles Lesieur, soutien de Henri Dorgères et de ses Comités de défense paysanne comme de La Cagoule. En tant que patron, il aurait accordé très tôt quinze jours de congés payés à ses employés. Dans ses magasins et entrepôts, il fit introniser le Sacré-Cœur, dont la statue était présente dans tous les bureaux, ayant institué le vendredi de la fête du Sacré-Cœur « jour chômé et payé ».
Maurice Ricordel, monarchiste convaincu et catholique intransigeant, qualifié de « figure importante du monde catholique social et royaliste nantais », fut un militant très actif au sein de la droite la plus conservatrice en Loire-Inférieure. Il s’engagea très jeune dans les rangs de l’Action catholique de la jeunesse française (ACJF) fondée en 1886 par Albert de Mun. Il participa ainsi à Nantes au congrès régional de la jeunesse catholique en février 1910, organisé par l’Union régionale de la jeunesse catholique de l’Ouest. Il aura fait partie précédemment, en juin 1903, des opposants à l’expulsion des Capucins et des Prémontrés, sur Nantes, lors des Inventaires. Il fonda en 1905, avec l’abbé Ripoche, le Cercle Pie X dont les membres assureront, notamment, le service d’ordre lors de la grande journée diocésaine du 1er mars 1925 à Nantes, dans le cadre de la mobilisation catholique contre les lois laïques du Cartel des gauches. En tant que président du Cercle Pie X, il fut ainsi invité en novembre 1912, à Pornic, à la réunion mensuelle de la section de l’Action libérale populaire (ALP), partie de défense religieuse des monarchistes ralliés, créé en 1902. Bon orateur, il fera partie des conférenciers populaires, initiés par le père capucin Marie-Joseph du couvent de la rue Noire, à Nantes. En tant qu’orateur, il intervient, par exemple, à Pontivy et à Auray, en avril et en mai 1931, aux Journées d’action catholique, ceci, sur Auray, en compagnie de Robert Schuman (1886-1963), député de la Moselle et membre, alors, de l’Union républicaine lorraine (URL). Il appartint également à de nombreuses sociétés comme la Ligue anti-maçonnique de Nantes ou encore le Souvenir Vendéen, au sein duquel il animera la section nantaise.
Il fut un membre très actif de l’Action française, jusqu’à la condamnation pontificale de celle-ci en 1926, la quittant alors par discipline à l’égard du pontife romain qu’il considère comme « l’Autorité Souveraine ». Il adhéra ensuite au Cercle Cathelineau, regroupant les royalistes catholiques. Ancien combattant de la Grande Guerre, il soutint activement la Ligue des droits du religieux ancien combattant (DRAC), déployant, pour elle, ses talents de conférencier. Il militera également au sein du Comité de la droite de la Loire-Inférieure sous la présidence du marquis Henri de la Ferronnays ainsi que de l’Alliance Nationale de l’Ouest (ANO), fondée en mars 1930, par Eugène Delahaye, ancien directeur politique du Nouvelliste de l’Ouest, et de son journal La Province. A ce titre, il intervint, comme orateur, au congrès de l’Alliance en mai 1933, présidé par le général de Lesquen, vice-président de l’Union catholique diocésaine d’Ille-et-Vilaine, sur le thème de « La Défense française ». Très attaché à la famille royale française, il fut choisi par le comte de Paris, devenu prétendant au trône en 1940, comme son représentant officiel en Loire-Atlantique, s’étant rendu à Dreux le 5 juillet 1957 pour le mariage du comte de Clermont avec la duchesse de Wurtemberg.
Durant la seconde Guerre mondiale, il aurait été pris comme otage par les Allemands, le 23 mai 1941 et, ensuite, enfermé durant trois jours au 11e Corps d’armée en 1944, après la libération de Nantes, en août. Il avait précédemment exprimé au marquis de La Ferronays les espoirs qu’il mettait dans la constitution du Parti social français (PSF) fondé en juillet 1936, suite à la dissolution des Croix-de-Feu par le colonel de la Rocque. On le retrouvera peu de temps avant sa mort parmi les signataires du « Projet d’organisation de la Bretagne », charte du Mouvement pour l’Organisation de la Bretagne (MOB), lequel, en novembre 1957, revendiquait alors une forme d’autonomie régionale pour une région Bretagne, constituée des cinq départements « bretons », y compris la Loire-Inférieure.
Son ami, le comte Tony Catta, lui-aussi monarchiste convaincu, secrétaire du marquis de La Ferronnays et du Comité de la droite, salua ainsi sa mémoire : « Sur tous les chemins où le menait la Providence il marchait, sans faiblesse, tout droit, sous le signe de la Croix ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article128904, notice RICORDEL Maurice, Charles, Marie par Yvon Gourhand, version mise en ligne le 3 février 2016, dernière modification le 21 octobre 2020.

Par Yvon Gourhand

SOURCES : Le Messager syndical, organe mensuel des sections nantaises (hommes et femmes) du SECI (Syndicat des employés du Commerce et de l’Industrie (CFTC) ensuite de l’Union des syndicats chrétiens de l’Union régionale Ouest, mai 1919-décembre 1928 (CHT Nantes). — Circulaire CFTC puis Syndicalisme chrétien, organe de la CFTC, janvier-février 1930 (CODHOS, BNF Gallica). — Arch. Com. Nantes. — Notes de Louis Botella — Abbé Mathorel, Maurice Ricordel, géant de la fidélité, préface de Tony Catta, Nantes, 1960 — Divers journaux morbihannais (L’Action bretonne, Le Nouvelliste du Morbihan, Le Ploërmelais, 1910-1931-1933) — La Province du 24 juin 1933 (ANO) — Bulletin de l’Action libérale du 15 novembre 1912 — Le M.O.B. (Mouvement pour l’Organisation de la Bretagne), Secrétariat général, Lorient, 1958 — David Bensoussan, Combats pour une Bretagne catholique et rurale. Les droites bretonnes dans l’entre-deux-guerres, « Nouvelles études contemporaines », Paris, Fayard, 2006 — David Bensoussan, « 15 février 1925. Catholiques contre le Cartel des gauches », Place Publique n°23, mai-juin 2013.

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