RIEU Jean, Marc

Par Claude Pennetier

Né le 22 mai 1921 à Talence (Gironde), mort le 30 décembre 1972 à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) ; tourneur sur métaux ; militant communiste de la Gironde ; secrétaire régional des Jeunesses communistes ; membre du comité central du PCF de 1956 à sa mort ; député de la Gironde de 1956 à 1958 ; résistant.

Jean Rieu
Jean Rieu
Assemblée nationale

Fils d’un contremaître de scierie mécanique, Jean Rieu adhéra aux Jeunesses communistes dès 1935 à Bordeaux. En 1936, il devint secrétaire régional des JC puis membre de son comité central. Il appartint aussi au comité régional du Parti communiste.

Arrêté le 20 mai 1940 en Gironde, sur dénonciation, alors qu’il était secrétaire régional de la JC pour le Sud-Ouest et était en contact avec Lucien Dorland, il avait écrit à son avocat le 1er Juin 1940. :

"Aux différents interrogatoires que j’ai subis, j’ai affirmé ma fierté d’être membre de la Jeunesse communiste et d’avoir des responsabilités dans cette organisation, car les documents dont j’étais porteur ne laissaient aucun doute sur mon activité. Évidemment, j’ai refusé de bénéficier des articles du Code pénal qui prévoient une atténuation de peine si l’inculpé fait preuve de repentir ou s’il aide la Justice. J’avais pressenti un avocat de Bordeaux pour assurer ma défense. Après avoir pris connaissance de mon dossier, il m’a déclaré que si je ne modifiais pas mes réponses aux interrogatoires, je serais son premier condamné à mort depuis trente-cinq ans de métier. Il est évident qu’à 19 ans, on ne s’avance pas le cœur joyeux vers le poteau d’exécution. Mais un combattant révolutionnaire songe avant tout à sa classe, à son Parti. À l’audience, je défendrai la politique des Jeunesses communistes, quelles qu’en soient les conséquences pour mon avenir. »

Il fut successivement interné à Bordeaux, Gurs, Pau, Clermont-Ferrand et Saint-Étienne.
Il fut condamné par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand le 31 janvier 1941 à vingt ans de travaux forcés et vingt ans d’interdiction de séjour.
L’Humanité clandestine du 8 février 1941 signala sa condamnation dans son titre. Incarcéré à la prison de Saint-Étienne (Loire), il s’en évada le 26 octobre 1943, avec l’aide des FTP. Devenu responsable des JC pour la région lyonnaise, il fut arrêté à Lyon le 2 mars 1944. Il fut d’abord incarcéré à la prison Saint-Paul à Lyon. Il ne fut pas identifié par la Police. Cela l’empêcha de recevoir visites, courriers, colis mais il fut aider notamment par Robert Marchadier, avec qui il s’était évadé de Saint-Etienne, et José de Abreu, qui le firent parrainer par des personnes qui lui apportèrent régulièrement un carton de victuaille. Les hommes étaient entassés à dix par cellule et ayant repris le contact avec les FTPF à l’extérieur ils envisageaient leur évasion. Mais un bombardement de la RAF sur la gare Lyon-Perrache située tout à côté remis tout en question. La cellule de Jean Rieu fut gravement endommagée et il fut séparé de ses camarades. Des mutineries se produisirent et les SS, informés de la situation encerclèrent la prison et quelques jours plus tard, le 29 juin 1944, déportèrent 1500 prisonniers vers le camp de Dachau, dont Jean Rieu.
A Dachau, il fut membre du Comité de direction des patriotes français (commando du Wei-See) puis fut membre du triangle de direction du PCF clandestin (5 blocks) du camp de Buchenwald. Il fut commandant adjoint du Bataillon militaire Saint-Just au sein du camp, de janvier 1945 jusqu’à la libération du camp, participant le 11 avril 1945 à la prise de la gare avec une section. Il rentra chez lui le 30 avril 1945.
Il a reçu la Croix de guerre avec étoile d’argent, citation à l’ordre de la Division au titre de la Résistance.

Après la Libération, Jean Rieu reprit son activité politique. Conseiller municipal de Cénon, il fut désigné comme secrétaire de la Fédération communiste de la Gironde. Élu député dans la 2e circonscription de la Gironde, aux élections législatives de 1956, il siégea à l’Assemblée jusqu’en 1958. En 1956 également, il fut élu au comité central du PC comme suppléant, puis comme titulaire en 1961 et y resta jusqu’à sa mort. Il fut conseiller municipal de Bordeaux de 1959 à 1965.
_Marié deux fois, il s’est marié en troisièmes noces le 6 novembre 1953 à Saint-Martin-de-Laye (Gironde) avec Marguerite Annie Lagarosse.
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Jean Rieu était titulaire de la Croix de guerre 1939-1945, au titre de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article128927, notice RIEU Jean, Marc par Claude Pennetier, version mise en ligne le 9 juillet 2014, dernière modification le 1er avril 2022.

Par Claude Pennetier

Jean Rieu
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SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 510915, dossier résistant Jean Rieu (consulté). — Archives de la justice militaire au Blanc, registre du tribunal militaire de Clermont-Ferrand.— Lettre de Robert Marchadier à Gaston Dutour, le 6 février 1973. Archives Robert Marchadier, conservées par Eric Panthou .— Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la Jeunesse Les Jeunes dans la Résistance, Paris, Édit. Sociales, 1969. — L’Humanité, 1er janvier 1973. — Le Monde, 2 janvier 1973. Collection de l’Humanité clandestine. — État civil. — Compléments par Delphine Rieu.

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