RIEU Roger [RIEU Jean, Baptiste, Roger]

Par Jean Maitron

Né le 23 novembre 1896 à Cauderan (Gironde) ; mort le 9 mai 1936 à Paris (IIe arr.) ; secrétaire de la Fédération de la Gironde du PC en 1922 ; membre du Comité directeur du PC (1923-1924), membre du comité central (1925-1926).

Secrétaire de la Fédération du Parti communiste de la Gironde, Roger Rieu fut délégué au IVe congrès mondial de l’Internationale communiste qui se tint à Moscou en novembre-décembre 1922. A son retour, en décembre, il s’arrêta à Paris pour rendre compte de son mandat au cours de plusieurs réunions organisées par la Fédération communiste de la Seine.

En janvier de l’année suivante, à la réunion du Comité d’action contre la guerre, il s’éleva contre l’occupation de la Ruhr et invita les assistants à protester contre les arrestations qui venaient d’avoir lieu. Élu membre suppléant du Comité directeur du PC le 21 janvier, il en devint, en avril, membre titulaire, en remplacement de Boris Souvarine. Le 14 avril 1923, au cours d’une réunion, il exposa les raisons de l’exclusion du PC des francs-maçons qui, du fait « des statuts de la franc-maçonnerie sont indignes de rester au milieu des communistes qu’ils auraient trahis aux moments les plus critiques ». Le 19 septembre, lors d’une réunion contradictoire organisée par le PC, il regretta que certains chefs tels que L.-O. Frossard, Paul Louis et Ernest Lafont aient renié leurs engagements en se retirant du parti. Il expliqua ensuite pourquoi un vrai révolutionnaire ne peut appartenir à la fois à la Ligue des droits de l’Homme et au PC : « La Ligue étant d’essence bourgeoise alors que le parti travaille au contraire à la disparition de la classe capitaliste ». Enfin, le 2 novembre, à la réunion de la 12e section de l’ARAC, il protesta contre l’administration des PTT qui, déclara-t-il, « sabote la distribution du courrier portant l’en-tête de l’ARAC et plus spécialement du journal L’Anti-guerrier ». Il proposa alors de désigner un militant chargé de retirer les journaux au siège du groupement et de les répartir ensuite aux abonnés et sympathisants.

Fin février 1923, Roger Rieu présenta un rapport détaillé lors de la réunion préparatoire au congrès du PC de la Gironde du 4 mars suivant sur les différentes commissions et leurs responsables puis sur la situation des quatorze secteurs du PC du département.

En janvier 1924, au congrès de Lyon, Roger Rieu ne fut pas réélu au Comité directeur, mais il retrouva son poste, le 3 août, lors du Ve congrès mondial de l’Internationale communiste.

Un rapport de police du 4 avril 1924, concernant le PC de la Gironde et la préparation des élections législatives, signalait que Roger Rieu, ancien secrétaire fédéral, rayé du carnet B de la Gironde pour changement de domicile dans la Loire, avait réuni la veille au siège du PC à Bordeaux les militants susceptibles de prendre la parole au cours de la campagne électorale. Aucun volontaire ne s’étant manifesté et plusieurs militants, sollicités, tels qu’Ernest Constant, Léopold Crispel, Jean Camescasse, Raoul Rebeyrol et Bonnaure, ayant refusé ce travail, Rieu déclara que le conseil fédéral examinerait cas par cas et demanderait l’exclusion si le refus n’était pas reconnu valable.

Cette même année 1924, Roger Rieu, dans Le Bulletin communiste du 16 mai, s’éleva contre Souvarine et ses amis et, dans le numéro du 4 juillet, déclara qu’il n’était pas « parisien », qu’il n’appartenait que provisoirement à la direction et il s’en prit à Henri Barré. Le 30 novembre, dans une déclaration au Bureau politique, il dénonça la « manœuvre de la droite », soutint la direction du parti en vue de « la pleine et entière bolchevisation du Parti français » et s’éleva contre Pierre Monatte, Alfred Rosmer, Victor Delagarde, leur brochure et leur lettre au PC du 22 novembre (Les Cahiers du bolchevisme, 5 décembre 1924).

En janvier 1925, lors du congrès national de Clichy, Roger Rieu fut élu membre du comité central et chargé de l’action coopérative (il eut à contrôler notamment la société « La Ruche et l’Abeille », de Saint-Ouen). Le 17 octobre suivant, il prit la parole à la conférence de la Fédération de la région parisienne. Lors des élections législatives complémentaires du 14 mars, il soutint les candidatures de [ Jacques Duclos et d’Albert Fournier dans le 2e secteur de Paris.

En 1927, Roger Rieu n’était plus membre du comité central et, en 1931, il ne militait plus au Parti communiste. En 1934, il exploitait un débit de boissons, 40 rue des Jeûneurs, dans le IIe arr. de Paris (il avait habité précédemment et durant quelques années, à Nogent-sur-Marne). Président du Comité d’action et de défense des commerçants de la région parisienne, il fut inculpé « d’entraves à la liberté des enchères » pour s’être opposé le 11 juin à la vente par adjudication d’un fonds de commerce à Charenton-sur-Seine. Il fut condamné par défaut, le 12 janvier 1935, à trois mois de prison par la 14e Chambre correctionnelle.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article128929, notice RIEU Roger [RIEU Jean, Baptiste, Roger] par Jean Maitron, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 14 octobre 2015.

Par Jean Maitron

SOURCES : Arch. Nat. F7/12988. — Arch. Jean Maitron. — Le Bulletin communiste, 16 mai et 4 juillet 1924. — Les Cahiers du bolchevisme, n° 3, 5 décembre 1924.

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