Par René Lemarquis
Né le 30 octobre 1899 à Saint-Phal (Aube), mort le 22 novembre 1986 à Jargeau (Loiret) ; instituteur ; député socialiste de l’Aube (1945-1958) ; résistant.
Le père de Germain Rincent était instituteur et ses grands-parents cultivateurs. Boursier à l’EPS de Bar-sur-Seine, Germain Rincent entra en 1915 à l’École normale d’instituteurs de Chaumont (Haute-Marne) et fut nommé dans ce département instituteur à Latrecey. Engagé en 1917, il exerça à son retour à Saint-Dizier puis à Pont-Sainte-Marie (Aube) et à Troyes (Aube).
Il adhéra dès 1922 au Parti socialiste SFIO. D’abord secrétaire adjoint de la section de la Haute-Marne, il fut élu ensuite à la commission exécutive de la SFIO de l’Aube. Il en devint secrétaire adjoint en 1936 et secrétaire général en 1938. En février 1934, il avait manifesté à Pont-Sainte-Marie contre le danger fasciste. Partisan de l’unité d’action ouvrière il appartint, avec Fernand Jaffiol et Maurice Sardin, à la minorité qui, au congrès fédéral de mai 1934, s’opposa aux désistements systématiques en faveur des radicaux.
Germain Rincent milita activement dans les organisations laïques et fut l’un des dirigeants de l’Union laïque et sportive de Pont-Sainte-Marie en 1935-1937. D’abord secrétaire du SNI en Haute-Marne, il fut, dans l’Aube, secrétaire adjoint de ce syndicat et membre de l’UD-CGT après la réunification de décembre 1935 et jusqu’à la guerre. Il était conseiller départemental de l’enseignement primaire mais, par opposition aux accords de Munich, en démissionna. Il réprouva publiquement en octobre 1939 ceux qui ne condamnaient pas le Pacte germano-soviétique et la politique de l’URSS.
Sous le pseudonyme de Gravelle, Germain Rincent participa activement à la Résistance : il avait un émetteur clandestin dans sa classe et hébergea des aviateurs alliés. Il échappa de justesse à la Gestapo en septembre 1943, vint à Paris où le mouvement « Libération » lui confia l’organisation de son réseau dans l’Aube.
Germain Rincent fut secrétaire du comité départemental de Libération. Conseiller municipal provisoire, élu dans cette fonction en avril 1945, il devint premier adjoint au maire. Il fut délégué de la Champagne au conseil national de la Renaissance française. Élu député aux Assemblées constituantes de 1945 et 1946, il le fut à nouveau à l’Assemblée nationale de 1946 à 1958. De 1946 à 1952, il fut administrateur des hospices de l’Aube.
Par René Lemarquis
SOURCES : L’Aube ouvrière, 1935-1939. — Le Rappel, 1934-1936. — Le Petit Troyen, octobre 1939. — Libération-Champagne, 24 novembre 1944 et 16 octobre 1945. — Témoignage de l’intéressé.