Par Jean-Marie Guillon
Né le 21 mai 1892 à Alfortville (Seine/Val-de-Marne), décédé le 25 avril 1970 à Marignane (Bouches-du-Rhône) ; employé à Air-France Marignane (Bouches-du-Rhône) ; militant communiste et syndicaliste.
Fils de Victor Ritchen, ébéniste, et d’Augustine Bernard, évacués de Valenciennes (Nord), pendant la Première Guerre mondiale, Lucien Ritchen était chef manœuvre à Air France, à l’aéroport de Marignane. Mobilisé durant la guerre de 1914-1918, il en était revenu réformé à 10 % et titulaire de la Croix de guerre. Il s’était marié le 3 mai 1923 à Marseille (Bouches-du-Rhône) avec Andréa Fabre et était père de quatre enfants.
Membre du syndicat des ouvriers d’Air France à Marignane, il en avait été élu secrétaire en 1937. Il adhéra au parti communiste cette année-là. Il fut affecté spécial à la SNCASE au début de la guerre en 1939, mais aurait été rayé de l’affectation spéciale. Il travailla alors comme requis civil, mécanicien, à Air France à partir du 3 avril 1940. La police, dans une note du 10 juin 1940, précisait qu’il ne s’était pas fait remarquer depuis le début de la guerre, mais que, militant communiste actif, il pouvait être considéré comme « très dangereux », étant donné l’ascendant qu’il avait acquis. Il fut arrêté le 2 juin 1940 et interné administrativement à Sisteron (Basses-Alpes/Alpes-de-Haute-Provence), puis au camp de Chibron (commune de Signes, Var), le 14 septembre. À la dissolution du camp, il fut transféré dans celui de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) le 16 février 1941. La police spéciale avait donné un avis défavorable à sa libération le 2 janvier 1941 et le réitéra le 22 avril. Il fut écroué à la prison de Castres (Tarn), le 3 avril 1941 car il se serait particulièrement fait remarquer lors de la manifestation du 2 avril 1941 à Saint-Sulpice. Interrogé un peu plus tard, il dira avoir fait comme tout le monde, en sifflant et en criant « Commissaire, démission » ; il nia avoir été un « meneur » de la manifestation. Libéré, il fut transféré au camp de Nexon (Haute-Vienne) le 20 juillet 1941. Interrogé là le 5 décembre 1941, il minimisa ses engagements d’avant guerre comme sa participation à la manifestation du 2 avril. Le commissaire de police plaida la clémence à son égard, considérant que le passage par la prison de Castres paraissait l’avoir marqué. L’intendant de police de la région de Marseille donna un avis favorable à une libération conditionnelle pour trois mois à condition qu’il prenne l’engagement de ne plus se livrer à une activité politique. Il fut libéré le 2 avril 1942, mais éloigné de Marignane par un arrêté du 17 avril. Y étant revenu sans autorisation, malade, il obtint d’y être astreint à résider le 26 mai suivant, mais avec interdiction de quitter les lieux.
Par Jean-Marie Guillon
SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, 5 W 211 (dossier d’internement). — Arch. Dép. Var 4 M 291. — état civil.