RIVES Paul, Jacques, Marius

Par Georges Rougeron

Né le 19 avril 1895 à Saint-Papoul (Aude), mort le 22 février 1967 à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) ; professeur ; député socialiste de l’Allier ; rédacteur en chef de l’Effort (1940-1944).

Paul Rives
Paul Rives

Petit-fils d’un proscrit du Deux-Décembre, fils d’un instituteur, Paul Rives fit ses études à Paris, au lycée Henri-IV où il entra en contact avec la section des étudiants révolutionnaires. Mobilisé dans l’infanterie en 1915, puis versé dans l’aviation comme pilote, il fut blessé et fait prisonnier en Allemagne jusqu’en 1919 participant, après sa libération, aux travaux de la mission française de rapatriement.

Paul Rives reprit ses études à Toulouse et Strasbourg et devint professeur de philosophie au lycée Saint-Louis, à Paris. En 1924, il reçut le prix Durkheim ce qui lui permit d’effectuer un voyage d’études à travers la France dont il tira un ouvrage : La Corvée de joie. Membre du Parti socialiste, collaborateur de la Revue de l’enseignement primaire et primaire supérieure, il fut appelé par Albert Thomas au Bureau international du travail (BIT) comme secrétaire du bureau de Paris puis comme directeur adjoint. Poursuivant ses travaux philosophiques, il publia en collaboration avec Maxime Leroy une étude sur Descartes suivie d’un commentaire sur Le Discours de la méthode. En 1927, il fut chargé par Léon Blum de la rubrique économique et sociale du Populaire. Il collaborait également à La Lumière, La Grande revue, L’École libératrice, La Vie socialiste, La Revue mondiale, Politika, aux Cahiers bleus...

En 1928, il fut candidat aux élections législatives dans la circonscription d’Arcis-sur-Aube-Nogent-sur-Seine (Aube) et recueillit 1757 voix au 1er tour puis 40 au second, sur 19 099 inscrits. En 1932, il fut présenté aux sections socialistes de la circonscription de Gannat (Allier) par Marcel Déat et accepté comme candidat aux élections législatives. Il obtint 4 867 voix sur 16 986 inscrits derrière le député républicain-socialiste sortant mais devant le radical-socialiste qui se désista en sa faveur. Paul Rives battit le député sortant par 7 310 voix contre 7 090.

En septembre de l’année suivante, il devint conseiller général du canton d’Escuroles à l’occasion d’une élection partielle et fut réélu en octobre 1934. En mai 1935, il fut élu conseiller municipal et maire de Bellerive-sur-Allier.

En 1936, devenu vice-président du conseil général, directeur du journal de Gannat Le Travail de l’Allier, il fut réélu député. En tête au premier tour avec 6 144 voix sur 16 304 inscrits, Paul Rives l’emporta, au ballottage. Il siégea essentiellement à la commission des Finances participant aux débats sur l’Office national du blé, le budget de l’Air, la loi de Finances.

Secrétaire de la Fédération socialiste SFIO de l’Allier de juillet 1936 à juillet 1937, il fut paradoxalement attiré durant un temps par la Gauche révolutionnaire tout en s’affirmant partisan des orientations de Marcel Déat.

Le 15 août 1939, Paul Rives fut l’un des cinq députés socialistes du Comité de liaison contre la guerre qui regroupait des marginaux de gauche tel G. Bergery, des députés de droite tel Pierre-Étienne Flandin. Début 1940, il collabora à l’Agence Inter-France de D. Sordet, fondée avec des fonds allemands en 1937. Le 10 juillet 1940, il vota l’octroi des pouvoirs constituants au maréchal Pétain. Présent à Vichy, il œuvra au ralliement des parlementaires aux projets Pétain-Laval. Il dirigea à Lyon le quotidien L’Effort avec Charles Spinasse et écrivit dans la revue France, l’hebdomadaire Germinale n 1944, Le Rouge et le Bleu. Partisan de la collaboration, il appartint en 1941 au comité directeur de France-Europe (voir Francis Desphelippon) et devint membre du Rassemblement national populaire. En février 1942, il insista sur la nécessité d’une victoire de l’Allemagne

Maintenu à la mairie de Bellerive-sur-Allier, Paul Rives fut nommé membre de la commission administrative de l’Allier par décret (31 janvier 1941), puis conseiller départemental (3 décembre 1942). Dans le dernier ministère de Pierre Laval, il reçut le poste de délégué du ministre du Travail et de la Solidarité nationale pour la zone sud le 14 avril 1944. Lors de la Libération il s’enfuit en Allemagne puis revint se constituer prisonnier. Incarcéré à Fresnes, il fut condamné par la cour de justice de Lyon à quatre ans de prison et 15 000 F. d’amende, le 16 janvier 1947. Au cours du congrès extraordinaire du PS à Paris (novembre 1944), il avait été exclu de la SFIO.

Devenu démarcheur à domicile en librairie une fois libéré, puis amnistié, il fut réintégré dans l’enseignement. En 1952, il était membre du bureau du Mouvement social européen dont l’organe était Défense de la France.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article129075, notice RIVES Paul, Jacques, Marius par Georges Rougeron, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 7 juin 2015.

Par Georges Rougeron

Paul Rives
Paul Rives

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — J. Jolly, Dictionnaire des parlementaires. — Le Monde, 24 février 1967. — Politisches Archiv des Auswärtigen Amtes (Bonn), Botschaft Paris/1305). — Marc Sadoun, Les Socialistes sous l’Occupation, résistance et colaboration, Paris, PFNSP, 1982. — C.r. du congrès cité.

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