ROCHET Ennemond

Par Pierre Broué

Né le 8 mai 1859 à Vézeronce (Isère), mort le 11 mai 1935 à Vézeronce ; militant socialiste (depuis 1898) ; militant communiste (1920).

Fils d’un petit cultivateur, Ennemond Rochet fut d’abord menuisier puis petit commerçant à Sainte-Anastasie, puis à Nîmes (Gard). En 1898, il fut l’un des fondateurs du groupe socialiste de Nîmes et candidat dans cette ville aux élections municipales de 1903 sur la liste socialiste. En 1905, il revint au pays et fonda aussitôt un groupe socialiste. Militant actif de la Fédération socialiste de l’Isère au cours des années suivantes, il fut le candidat du parti en 1910 dans la 2e circonscription de La Tour-du-Pin, tint soixante-neuf réunions publiques, obtenant 3 040 voix. A l’intérieur de la Fédération, il se situait à gauche, proche de François Dognin* qui répudiait toute alliance durable avec le Parti radical.

Ennemond Rochet se retrouva tout naturellement au lendemain de la guerre parmi les partisans de l’adhésion à la IIIe Internationale. Il adhéra au Parti communiste dès le lendemain du congrès de Tours, animant le groupe communiste de Vézeronce dont il était le secrétaire. Responsable, dans Le Travailleur de l’Isère, de la « chronique paysanne », il y défendit notamment la nécessité de développer des « syndicats paysans » alliés des syndicats ouvriers. Il fut délégué au congrès fédéral extraordinaire de la Fédération communiste de l’Isère à Bourgoin et y présenta un rapport sur la propagande parmi les ruraux. Dans le parti, à cette époque de luttes internes très vives, il se voulait conciliateur, déplorant les querelles intestines. Il fut candidat aux élections législatives de 1924 sur la liste du Bloc ouvrier et paysan et obtint 9 051 voix sur 155 941 inscrits. Devenu cultivateur, il fut membre de la commission agricole de la Fédération, créée en novembre 1924, élu au « conseil paysan » régional à la conférence paysanne de Bourg-lès-Valence (Drôme) en janvier 1925. Il fut enfin candidat du Parti communiste aux élections législatives d’avril 1928 dans la 2e circonscription et obtint 864 voix sur 15 940 inscrits puis 603 voix au second tour.

Ayant atteint l’âge de soixante-dix ans, « le père Rochet », comme ses camarades l’appelaient avec une affection nuancée de respect, se retira de toute activité publique. Il avait été le lien vivant entre le guesdisme et le communisme, un des symboles de ces militants paysans liés au mouvement ouvrier qui s’étaient reconnus en 1917 dans la Révolution russe et avaient constitué le lien vivant entre deux époques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article129323, notice ROCHET Ennemond par Pierre Broué, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Pierre Broué

SOURCES : Arch. Dép. Isère, 8 M 39, 40, 41, 45, 46, 77 M 1. — Le Travailleur de l’Isère, 1921-1922. — Le Travailleur des Savoies et de l’Isère, 1922-1925. — P. Barral, Le Département de l’Isère sous la IIIe République. Histoire sociale et histoire politique, Thèse, Grenoble, exemplaire dactylographié. — G. Bouchet, Le PC dans l’Isère, 1923-1925, TER, Grenoble, 1972. — Éliane Juquel, Biographies de militants, TER, Grenoble, 1970.

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