ROGNON Étienne

Par Justinien Raymond

Né le 17 septembre 1869 à Lyon (Rhône), mort le 18 mars 1948 à Paris (XVe arr.) ; ouvrier sculpteur sur bois ; militant syndicaliste et socialiste ; député du Rhône.

Tout jeune, Étienne Rognon entra dans l’action sociale. Fondateur du syndicat des ouvriers sculpteurs et de la fédération de l’Ameublement, il fut administrateur de la Bourse du Travail de Lyon de 1892 à 1903 et délégué aux expositions d’Amsterdam (1895) et de Rouen (1896). En septembre 1901, il représenta, avec Bouillot*, les sculpteurs mouluriers de Lyon au XIIe congrès national corporatif — 6e de la CGT — qui se tint à Lyon.

Étienne Rognon militait parallèlement à l’Agglomération lyonnaise du POF. Il fut une des têtes du guesdisme lyonnais auquel il avait adhéré en 1891 et le secrétaire de son organisation régionale depuis 1897. Au congrès socialiste de la salle Japy à Paris (décembre 1899), il représenta la Jeunesse socialiste de Villeurbanne et le groupe socialiste de Soucieu-en-Jarrest, adhérents du POF, ainsi que la 9e circonscription électorale de Lyon. Porteur de plusieurs mandats du Rhône, il siégea encore au congrès de Paris, salle Wagram (1900). Il participa aux congrès nationaux du POF en 1898, 1900, 1901, 1902 et au congrès du PS de F. en 1904. Il fut, au début du siècle, le délégué à la propagande de la fédération du Parti socialiste de France : il fit un cours sur le collectivisme dans une série de conférences éducatives. Il lutta fermement contre le courant animé par Victor Augagneur*. Il appartint à la commission d’initiative qui, comprenant les dissidents de la fédération d’Augagneur rétive, prépara l’unité réalisée le 24 juin 1905 au cirque Rancy. Rognon avait participé au congrès international d’Amsterdam (1904) et au congrès de fusion du PS de France et du PSF à la salle du Globe à Paris (avril 1905). Il représenta la fédération socialiste SFIO du Rhône aux congrès nationaux de Châlon-sur-Saône (octobre 1905), Limoges (1906), Nancy (1907), Saint-Étienne (1909), Saint-Quentin (1911), Lyon (1912), et Amiens (1914).

Étienne Rognon conserva longtemps les mandats conquis avant l’unité. Dans le 3e arr. de Lyon, il recueillit 2 436 voix aux élections municipales de 1900 ; il y fut élu en 1904 par 11 323 électeurs et réélu en 1908, 1912 et 1919. Dans la 4e circonscription de Lyon, il recueillit 627 voix aux élections législatives de 1902 et 2 558 en 1906. Le 7 mars 1909, une élection complémentaire se déroula dans cette circonscription pour remplacer le député radical-socialiste Cazeneuve élu sénateur. Au premier tour, Étienne Rognon fut élu par 4 513 voix sur 13 587 inscrits contre 2 250 à J. Foret, radical-socialiste, et 1 351 à l’avocat Fénétrier, progressiste. Il fut réélu au premier tour en 1910 par 6 158 suffrages et en 1914 par 6 569.

Pendant la Première Guerre mondiale, Étienne Rognon s’affirma partisan de l’Union sacrée. Bien que fortement contesté en raison de l’évolution minoritaire de la Fédération du Rhône et attaqué à cause de son absence de Lyon pendant toute la guerre et le non règlement de ses cotisations, il fut néanmoins présenté en 1919 sur la liste socialiste aux élections législatives et réélu avec Marius Moutet.

Dès avril 1920, la Fédération SFIO du Rhône le frappa d’exclusion et il se réfugia alors au Cercle Jean-Jaurès regroupant les adversaires de la IIIe Internationale. Réintégré en 1924, il fut réélu député (la liste avait obtenu 13 élus sur 13 sièges à pourvoir).

En 1919, il prit la tête de la liste socialiste et fut élu avec Marius Moutet et le Dr Lévy par 41 556 voix sur 156 075 votants. Avec le même scrutin de liste, il fut réélu en 1924. En 1928, dans la 8e circonscription de Lyon, il fut élu au scrutin de ballottage par 5 741 voix contre 3 229 et 1 346 aux candidats radical et communiste. Mais, en 1932, il ne groupa que 3 147 électeurs sur 13 042 inscrits, derrière le candidat radical, Richard, pour lequel il se désista.

Étienne Rognon survécut longtemps à ce long mandat parlementaire. Ce vieux militant révolutionnaire de la fin du XIXe siècle mourut et fut enterré religieusement, après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article129401, notice ROGNON Étienne par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 1er février 2019.

Par Justinien Raymond

ŒUVRE : Étienne Rognon collabora au Tocsin, journal socialiste lyonnais dont il était le fondateur, à L’Avenir, hebdomadaire qu’il avait lancé avec quelques compagnons, au Peuple, journal corporatif de Lyon, et à l’Avenir socialiste, organe de la fédération du Rhône après 1911.

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch. Dép. Rhône, 644 M. — Compte rendu du congrès de Japy et des congrès nationaux du Parti socialiste. — Hubert-Rouger, La France socialiste, op. cit., pp. 381-382 et Les Fédérations socialistes II, op. cit., p. 498 à 509, passim. — L’Humanité, 8 mars 1909. — Claude Willard, Les Guesdistes, Paris, Éditions sociales, 1965, p. 643. — Le Progrès, Lyon républicain.

ICONOGRAPHIE : La France socialiste, op. cit., p. 382.

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