ROLAND Lucien, Henri

Par Justinien Raymond

Né le 21 janvier 1862 à Moulins (Allier), mort le 26 janvier 1948 à Paris (XVIe arr.) ; correcteur typographe ; employé ; journaliste ; militant syndicaliste ; militant et chansonnier socialiste de la Seine.

Après avoir quitté l’école primaire à l’âge de douze ans, Lucien Roland entra dans une imprimerie et apprit le métier de typographe. À seize ans il commença un tour de France qui le conduisit à s’installer à Paris. Avide de savoir, tout en exerçant son métier il suivit les cours municipaux du soir, puis les cours de l’Association philotechnique. En 1895, il obtint le premier prix de français à la mairie du XIXe arr. de Paris.

Militant syndicaliste depuis 1880, Lucien Roland devint administrateur du syndicat de sa profession et représenta la Bourse du Travail de Lille au Comité confédéral de la CGT. Secrétaire du groupe du VIe arr. de la FTSF en 1890, il devint membre du Comité national de cette organisation l’année suivante et se vit refuser sa candidature dans le XXe pour s’être marié à l’église. Il fonda alors un groupe ouvrier socialiste indépendant qui le porta candidat au élections municipal de 1893 dans le quartier du Pont-de-Flandre où il obtint 14,53 % des suffrages des électeurs inscrits et se maintint au 2e tour contre Alfred Brard* (il obtint 9,36 %).

Socialiste d’abord allemaniste, Lucien Roland adhéra en 1895 au POF (groupe de Puteaux). Il fut longtemps membre du groupe collectiviste de Puteaux. En 1899, il appartenait au conseil fédéral de la Région parisienne. Cette année-là, il entra pour trois ans au Conseil national du POF et il participa au premier congrès général des organisations socialistes françaises à Paris, salle Japy. Il représentait les groupes guesdistes d’Études sociales de Bourg (Ain) et d’Orléans (Loiret). Dans un souci démocratique, il demanda le vote par mandat. Au congrès de la salle Wagram (1900), il figura encore dans la délégation du Loiret. De 1897 à 1905, il siégea dans tous les congrès nationaux du POF et du PS de France, sauf en 1898.

À la commission exécutive de ce dernier parti, Lucien Roland siégeait en qualité de bibliothécaire. Il remplira encore cette fonction au sein de la SFIO de 1905 à 1913, date à laquelle la bibliothèque du parti fut réunie à celle de l’Humanité. Vers 1903, il fonda la Fédération socialiste de la Lozère. Délégué, l’année suivante, au congrès socialiste international d’Amsterdam, il représenta le département du Nord au congrès d’unité de la salle du Globe à Paris (avril 1905). Il participa à tous les congrès nationaux jusqu’à la guerre, délégué de divers départements, et siégea pendant toute cette période à la CAP du Parti socialiste SFIO. Il assura l’intérim de Zéphirin Camélinat*, malade, à la trésorerie du parti pendant plusieurs mois en 1919.

Lucien Roland mena maintes batailles électorales toujours sans succès : aux élections municipales de Puteaux (1900), aux élections législatives générales de 1902 au Vigan (Gard), aux élections législatives partielles de 1903 à Valence (Drôme), et à Lapalisse (Allier) contre Marcel Régnier, aux élections législatives de 1906 et de 1910, à Florac (Lozère) contre le riche marchand de blé, Louis Dreyfus.

Outre ces campagnes électorales, Lucien Roland composa de nombreux chants pour les enfants et des complaintes révolutionnaires. Intime de Jules Guesde*, il fut un des plus ardents militants de l’Union sacrée, ne craignant ni les coups, ni les propos vifs. Il se rapprocha cependant après la victoire de L.-O. Frossard* et de Paul Faure*. Au conseil national de juillet 1914, le Parti socialiste SFIO en avait fait son délégué permanent à la propagande.

Initié en février 1890 par la Loge maçonnique école mutuelle, il fut compagnon et maître le 18 janvier 1892. Affilié en 1897 à la Loge L’Atelier (fusion de École mutuelle et d’une autre loge), il en fut radié le 7 décembre 1899. Réintégré le 7 juillet 1899, il fut à nouveau radié le 5 décembre 1900.

À sa mort, Lucien Roland appartenait à la 16e section socialiste de la Seine après avoir longtemps milité dans le Loiret puis cotisé à la section d’Issy-les-Moulineaux. Il était président d’honneur des Anciens du Parti socialiste. Paul Faure lui avait fait remettre la Légion d’honneur en mars 1937.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article129426, notice ROLAND Lucien, Henri par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 19 avril 2020.

Par Justinien Raymond

ŒUVRE : L. Roland collabora au Socialiste, au Petit Sou, au Prolétaire, au Combat social du Gard ; il écrivit une petite brochure de 12 pages : L’Apôtre, Les propagandistes, imprimée à Dreux en novembre 1936 ; on peut la consulter à l’IFHS sous la cote B 1643. Il est aussi l’auteur d’un recueil de romances : Chansons pour l’enfant.

SOURCES : Arch. Nat. F7/ 13 601. — Comptes rendus des congrès socialistes. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes I, pp. 65, 382-383, 391. — Louis Lévy*, Vieilles histoires socialistes, pp. 72-75. — Cl. Willard, Les Guesdistes, op. cit., p. 643. Les archives de L. Roland détenues par M. Dommanget, ont été versées à l’IFHS. — Michel Offerlé, Les socialistes et Paris, 1881-1900. Des communards aux conseillers municipaux, thèse de doctorat d’État en science politique, Paris 1, 1979. — Le Combat social, 2 février 1929. — Notes de G. Candar. — Arch. de L. Roland, versées à l’IFHS. — M. Dommanget, « Lucien Roland », La Revue socialiste, mars 1948.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, La France socialiste, op. cit., p. 117.

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