ROLNIKAS Michelis (ou Michel) [Pseudonymes : LIRAT, ROLNIK]

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 28 janvier 1908 à Plingeo-Telsiai (ou Plingis, aujourd’hui Plunge, Lituanie), fusillé comme otage le 20 septembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; naturalisé français ; clerc d’avoué puis avocat ; militant syndicaliste et communiste ; résistant.

Michelis Rolnikas interrompit ses études au lycée et demeura un an avec ses parents en Lituanie, où son père, d’origine juive, exploitait un petit magasin de tissus. Venu en France, il étudia de 1927 à 1930 à la faculté de droit et la quitta, licencié, en juin 1930. Étudiant à l’École des hautes études commerciales (HEC), il retourna en Lituanie pour aider ses parents âgés et remplacer son jeune frère appelé sous les drapeaux. Bien que n’étant pas membre du Parti communiste, il participait à son action et était responsable local du Secours rouge international.
De nouveau à Paris de février 1932 à juillet 1933, pour préparer son doctorat en droit, il milita activement dans l’immigration juive, où il eut des postes de responsabilités. Il travailla comme clerc d’avoué jusqu’en octobre 1934, après avoir obtenu une thèse de droit sur le mouvement syndical en Union soviétique. Naturalisé français le 9 janvier 1934, il effectua pendant un an son service militaire, terminant caporal-chef. Il reprit alors ses fonctions de clerc d’avoué. Divorcé depuis 1938 de Fayga Feldman, née à Minsk (Russie, Biélorussie), il vivait depuis 1935 avec Isabelle Basserau, née le 21 février 1902 à Châtellerault (Vienne).
En 1936, Michel Rolnikas adhéra au syndicat CGT des clercs d’avoués puis, en juillet, à la section du XXe arrondissement du Parti communiste, cellule de la rue des Envierges. Il fut membre du bureau (depuis deux ans d’ailleurs, il participait souvent aux activités du parti). En octobre, il fut admis au stage d’avocat. Jusqu’en avril 1937, il continua à travailler comme clerc d’avoué puis exerça comme avocat, collaborant avec Georges Pitard. Il apportait sa collaboration au syndicat des Métaux de la région parisienne.
Mobilisé en septembre 1938 puis rappelé en septembre 1939, il fut affecté, en raison de sa connaissance des langues étrangères (allemand, lituanien et, à un moindre degré, russe), au service de la TSF de l’armée, dans l’Est. Renvoyé dans ses foyers après la défaite de 1940, il reprit son métier d’avocat et n’hésita pas à assurer la défense de militants inculpés pour propagande communiste. Son nom figurait dans une liste d’avocats à contacter par les militants communistes en cas d’arrestation.
Arrêté le 25 juin 1941 par la police française et livré aux autorités d’occupation, qualifié de « Juif communiste », il fut envoyé au camp de Royallieu, à Compiègne (Oise).
Le 16 septembre 1941 le capitaine Scheben fut tué de deux coups de revolver, boulevard de Strasbourg à Paris (Xe arr.). En représailles Michel Rolnikas a été fusillé comme otage au Mont-Valérien le 20 septembre 1941 avec onze autres prisonniers dont cinq communistes parmi lesquels ses confrères Georges Pitard et Antoine Hajje, et trois autres communistes René Anjolvy, Pierre Guignois et Francis Herpin ; de plus Adrien Nain avait été qualifié lors de son arrestation de communiste alors qu’en fait il était socialiste. Deux des cinq autres fusillés Daniel Loubier et Maurice Peureux étaient incarcérés pour détention d’armes ; deux autres Victor Marchal et Roger Peyrat étaient détenus pour agression contre des soldats allemands. Enfin Georges Masset était un prisonnier de droit commun.
Le 19 septembre, de la prison de la Santé (Paris, XIVe arr.) où il venait d’arriver, il écrivit une dernière lettre à sa femme : « ils [mes parents] ne sauront pas avant longtemps que leur Michel a été fusillé le 20 septembre 1941 à l’aube [...] lorsqu’il ne sera plus possible de le leur cacher, je compte sur toi pour les consoler [...] et pour leur envoyer quelques souvenirs de moi [...] je te prie de chercher ta consolation dans le bonheur des autres, dans le bonheur de la collectivité comme je le concevais et je le conçois encore ».
Michel Rolnikas fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 20 septembre 1941 division 39, ligne 4, n° 14 puis transféré le 17 juin 1950 au cimetière du Père-Lachaise à Paris (XXe arr.).
Son nom est gravé sur une plaque commémorative apposée sur son immeuble 43 avenue Gambetta (Paris, XXe arr.), sur le monument aux morts du Palais de Justice de Paris (Ier arr.) et sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien.
La mention Mort pour la France lui fut attribuée par l’ONAC de Caen le 13 septembre 2011.

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article129484, notice ROLNIKAS Michelis (ou Michel) [Pseudonymes : LIRAT, ROLNIK] par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 8 juillet 2022.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

SOURCES : DAVCC, Caen, B VII dossier 2. – Arch. PPo. 89. – Arch. Jean Maitron. – Jacques Duclos, Mémoires, Fayard, 1970 [photo]. – G. Krivopissko, La vie à en mourir, op. cit., p. 55. — MémorialGenweb. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 518796 (nc). — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry. — https://fr.findagrave.com/memorial/... photo. :

Version imprimable