Par D’après une notice de Jacques Girault et Antoine Olivesi, dans le Maitron
Né le 11 août 1897 à Portes (Gard), fusillé comme otage le 11 août 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ouvrier mineur, puis employé de restaurant ; secrétaire de la région méditerranéenne du Parti communiste de 1925 à 1929.
Fils d’un patron boulanger devenu mineur de fond qui mourut à la mine, Joseph Roque, qui avait six frères et sœurs, fréquenta l’école laïque et obtint le certificat d’études primaires. Manœuvre maçon pendant un an, il entra à la mine à l’âge de treize ans, à La Grand-Combe (Gard). Sa famille se situait plutôt à droite. Engagé volontaire dans l’artillerie à Nîmes, Joseph Roque revint de guerre « antimilitariste ». Toujours mineur, il adhéra au Parti socialiste SFIO et passa au Parti communiste après le congrès de Tours. Marié à Portes en 1921, devenu veuf, il se remaria en 1926 avec sa belle-sœur, toujours à Portes.
Suppléant délégué mineur en 1923, vice-président de la Caisse minière, Joseph Roque dirigea une grève des mineurs lancée par la GGTU Le 8 mai 1923, le bureau politique du Parti communiste le mit à disposition de l’Humanité pour une campagne en direction des mineurs. Accusé d’antimilitarisme, Joseph Roque fut déféré devant le tribunal maritime de Toulon (Var). Passé dans l’illégalité, il fut envoyé à Moscou, puis suivit les cours de l’école communiste de Bobigny (Seine, Seine-Saint-Denis) de novembre 1924 à janvier 1925. Le 4 janvier 1925, il fut élu secrétaire de la région méditerranéenne (Bouches-du-Rhône, Gard, Vaucluse, ouest du Var, une partie de la Lozère) du Parti communiste au congrès de Beaucaire (Gard). Il y intervint pour signifier qu’il fallait en finir avec les « anciennes méthodes social-démocrates ».
Installé à Marseille (Bouches-du-Rhône) en janvier 1925 dans le quartier d’Endoume, veuf et sans enfant, il rencontra la méfiance des communistes locaux envers un dirigeant imposé « d’en-haut », et en raison de ses premières décisions. À la suite d’incidents sanglants survenus lors de la venue du général Castelnau, qui entraînèrent l’arrestation d’un militant communiste italien, il fut critiqué le 18 février 1925 par les cellules communistes et reconnut que le parti « n’avait pas été maître de la foule ».
Pour les élections municipales de mai 1925, Joseph Roque imposa une ligne intransigeante contre la liste Siméon Flaissières et les socialistes-communistes de Simon Sabiani et Flavien Veyren. Certains communistes auraient souhaité présenter une liste commune avec les dissidents de 1923. Cependant, les résultats médiocres obtenus par la liste du Bloc ouvrier et paysan, devancée par la liste communiste autonome, provoquèrent des remous au cours des réunions du premier rayon qui suivirent.
Joseph Roque présida le 23 août 1925 le congrès ouvrier et paysan de Marseille en tant que secrétaire du Comité d’action contre la guerre du Maroc. Membre du présidium de la Conférence nationale d’Ivry (Seine, Val-de-Marne) le 18 octobre 1925, Joseph Roque présida la deuxième journée et évoqua les difficiles liaisons entre la direction du parti et les régions et regretta n’avoir pas reçu de « directives du centre ».
En juin 1926, tandis qu’il essayait de pratiquer la politique du front unique avec des militants SFIO du 10e canton de Marseille, Joseph Roque eut à faire face à l’offensive de ses adversaires du rayon de Marseille lors du congrès régional, le 13 juin, à Beaucaire. Délégué au congrès de Lille, Joseph Roque intervint le 26 juin 1926 après le rapport de Maurice Thorez sur l’organisation. Selon l’Humanité, il annonça l’abstention de sa région dans le vote du rapport, en raison de l’absence de moyen pour sa région. Le 27 février 1927, il déplora à nouveau cette situation lors d’une réunion du comité régional élargi, en présence de Pierre Semard.
À l’automne 1927, Joseph Roque appliqua les consignes de propagande antimilitariste sur le plan régional et y participa activement. Dans la Provence ouvrière et paysanne, il écrivit de nombreux articles et vint plusieurs fois à Toulon, en octobre, lors des troubles dans la Marine nationale. Poursuivi le 10 février 1928, il fut condamné pour « provocation de militaires à la désobéissance », par le tribunal correctionnel de Toulon, à six mois de prison et trois cents francs d’amende, par défaut. Il fut débouté, en appel, à Aix, le 27 octobre.
Le 8 janvier 1928, Joseph Roque approuva les exclusions d’Albert Treint et de Suzanne Girault. Il fut candidat aux élections législatives dans la 7e circonscription de Marseille.
En novembre 1928, il fut mis en minorité dans un vote du congrès du rayon de Marseille. Lui-même accusa Adrien Mouton et Raoul Devos d’inactivité. L’arbitrage national de Pierre Semard fut requis. Sa mise à l’écart n’a pu être datée avec précision. Un rapport du 8 février 1929 parlait de l’action de Joseph Roque au passé.
Condamné en février 1928, Joseph Roque fut recherché en vain, puisque la direction du Parti communiste l’aurait envoyé en Union soviétique pour étudier, notamment, la condition des mineurs. Dès lors, il disparut de la région méditerranéenne.
Toutefois, un rapport préfectoral du 8 février 1929 mentionnait son pseudonyme, Guérin Maurice. Or ce nom apparaît dans plusieurs rapports de police comme secrétaire du quatrième rayon de Marseille en juillet 1925, membre du comité régional au congrès de Beaucaire en juin 1926, du comité du rayon de Marseille en août, du Secours rouge international (SRI) en octobre, délégué du SRI par la section de Marseille au congrès de Hambourg (Allemagne) en octobre 1929.
En fait, le séjour de Joseph Roque en Union soviétique, s’il eut lieu, fut de courte durée. La direction du Parti communiste l’envoya à Nantes, sous le nom de Guérin, comme secrétaire de la région Atlantique, dont les dirigeants avaient été arrêtés. Il fut lui-même arrêté le 11 janvier 1929 pour propagande antimilitariste ; condamné à Rennes, il quitta la prison de Nantes le 12 juillet 1929 et fut confirmé dans ses fonctions de secrétaire régional jusqu’en mars 1930. Il devint alors secrétaire de l’Union locale de Nantes de la CGTU et remplaça Charles Tillon à la tête de la 15e région de la CGTU dans le courant du premier trimestre 1930. En 1931, il prit part au congrès de la CGTU à Paris et organisa à Nantes un comité de chômeurs. Mais, malade, Joseph Roque dut abandonner ses responsabilités et fut remplacé par Raymond Semat. Il passa sa convalescence dans son Gard natall, puis vint à Paris et entra comme garçon de restaurant à La Famille nouvelle. Après les élections de 1936, il fut désigné comme directeur du personnel de l’établissement.
Mobilisé en 1939 à Nîmes, Joseph Roque fut envoyé en Corse. Après sa démobilisation, il fut responsable clandestin du Parti communiste dans la région de Nancy, comme « interrégional 21 », avec comme pseudonyme « Antoine ». Il fut donc en contact avec d’autres dirigeants communistes, tels Marcelle Désirat et Camille Thouvenin. En Lorraine, à partir de novembre 1940, les actions communistes clandestines furent organisées.
Joseph Roque fut désigné pour aller chercher Charles Tillon fin septembre-début octobre 1940, envoyé par Jacques Duclos et Maurice Tréand pour l’informer « de la réorganisation de la propagande du parti et pour réunifier sa politique en premier lieu grâce à l’Humanité ». Il le retrouva à Saint-Émilion (Gironde), Tillon lui exposa rudement son désaccord avec la direction parisienne du parti sur ce point, malgré les protestations embarrassées de Roque.
Outre ses activités en Lorraine, Joseph Roque fut un des responsables des « sabotages dans les usines administrées par les Allemands ». Le 22 mai 1942, Joseph Roque, domicilié alors rue Asseline à Paris (XIVe arr.), fut arrêté à Paris, sur dénonciation. Incarcéré au dépôt de la préfecture de police de Paris, il fut désigné comme otage. La police allemande avança notamment comme raison qu’il donnait « des conseils pour désorganiser la production dans les usines de Boulogne qui travaillaient pour l’armée allemande ». Il fit partie des communistes fusillés au Mont-Valérien le 11 août 1942, en représailles à l’attentat du stade Jean-Bouin.
Son épouse, Irénée, Blanche, Madeleine Laval-Gilly, née le 20 juillet 1899 à Portes, militante communiste, fut arrêtée avant lui. Malade, elle fut libérée au bout de quatre mois.
Par D’après une notice de Jacques Girault et Antoine Olivesi, dans le Maitron
SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – RGASPI, 495 270 925, autobiographie. – S. Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – Charles Tillon, On chantait rouge, Paris, R. Laffont, 1977. – Renseignements de G. Jacquet et L. Roque, frère de l’intéressé. – Notes Sylvie Désirat et de Claude Pennetier.