ROUGÉ Sauveur

Par André Balent

Né le 19 mars 1898 à Eyne (Pyrénées-Orientales) ; agriculteur ; militant communiste ; maire d’Eyne (1945) ; résistant.

Sauveur Rougé était agriculteur dans son village natal. Reçu au Certificat d’études primaires dans le canton de Saillagouse, il travailla jusqu’au début des années vingt et même après le service militaire à l’exploitation familiale mais descendait aussi régulièrement dans la plaine du Roussillon où il s’embauchait comme ouvrier agricole.

Antimilitariste, Sauveur Rougé réussit à se faire ajourner. En 1919, il fut déclaré apte au service et dut rejoindre son régiment à la fin mars 1920. Il devint lecteur du Cri catalan et de La Vague. Après avoir suivi l’instruction militaire à Nice (Alpes-Maritimes), il fut envoyé avec son régiment à Sarrelouis (Sarre). Là il commença à lire l’Humanité et à suivre les débats préparatoires du congrès de Tours. Rentré à Eyne, il adhéra au Parti communiste à Perpignan pendant la guerre du Rif. Sauveur Rougé devint alors le beau-frère du militant André Gendre*.

Il participa, en Cerdagne, à la campagne électorale de Joseph Biboulet*, candidat du Parti communiste au scrutin du 12 avril 1928. Il prit une part plus active encore à la campagne aux élections législatives du 1er mai 1932. A Eyne, il porta la contradiction à René-Victor Manaut, député radical sortant, et futur ministre de Tardieu.

Militant isolé à Eyne, Sauveur Rougé ne réussit pas, pendant longtemps, à créer une cellule. Seul un noyau de paysans de cette localité (six à huit personnes) était sympathisant du Parti communiste et votait pour ses candidats. Avec l’appui d’André Estève*, militant d’Olette, Sauveur Rougé put constituer une cellule locale du PC dans les années 1935-1936 composée uniquement de paysans dont il devint le secrétaire. Elle disparut à la fin de 1937 (ou au début de 1938). Il fut rattaché alors à une cellule de Saillagouse-Odeillo.

Sauveur Rougé aida André Gendre, candidat aux élections législatives du 29 avril 1936 dans la circonscription de Prades : avec lui il parcourut toute la Cerdagne. Adhérent individuel de la CGPT, Sauveur Rougé tenta, en mars 1937, d’implanter cette organisation à Eyne. Par ailleurs, il était secrétaire de mairie. Il fut, avec François Vidal* candidat au conseil d’arrondissement de Prades dans le canton de Saillagouse, le 10 octobre 1937 où il recueillit 239 voix.

En septembre 1939, Sauveur Rougé fut mobilisé à Mont-Louis (Pyrénées-Orientales). En novembre, il fut inscrit sur la liste des « suspects du point de vue national » de l’arrondissement de Prades par le commissaire spécial de Bourg-Madame. Il fut arrêté pour avoir tenu des « propos visant à saper le moral des forces armées ». Emprisonné à la citadelle de Mont-Louis, il fut transféré à Montpellier (Hérault) et incarcéré pendant environ un mois puis bénéficia d’un non-lieu.

Sauveur Rougé retourna à Eyne où il était très surveillé par les autorités vichyssoises. En 1944, il fut nommé président du comité local de Libération d’Eyne. Il devint maire de la commune mais n’exerça cette charge que pendant un seul mandat. Toujours militant du PCF, il adhéra également au MODEF. Pendant de nombreuses années, il assura la diffusion, dans son village, du Travailleur catalan et de La Terre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article129780, notice ROUGÉ Sauveur par André Balent, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 23 août 2019.

Par André Balent

SOURCES : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, liasse 169. — Le Travailleur catalan, 1937. — Interview de Sauveur Rougé. — Interview d’A. Gendre. — Témoignage d’A. Cayrol.

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