ROUGERIE Jean

Par Michel Dreyfus et Justinien Raymond

Né le 5 janvier 1869 à Saint-Paul d’Eyjeaux (Haute-Vienne), mort le 19 septembre 1931 à Limoges ; ouvrier cordonnier ; militant socialiste, syndicaliste et mutualiste ; conseiller municipal de Limoges.

Fils d’un maçon, Jean Rougerie fut ouvrier cordonnier et entra dès 1888 au syndicat de sa profession dont il devint un propagandiste notamment dans la région de Saint-Junien (Haute-Vienne). En 1892, il adhéra à la Société de secours mutuels des ouvriers cordonniers Saint-Crépin de Limoges dont il devint le président en 1900 et qu’il représenta l’année suivante au VIIe congrès national de la Mutualité à Limoges. Selon Jules Arboux, secrétaire de la Ligue nationale de la prévoyance et de la Mutualité, « les préoccupations du socialisme collectiviste et de la lutte des classes (tinrent lors de ce congrès) autant de place que celles des questions de mutualité ». En 1892 également, il était entré à la coopérative « L’Union » de Limoges dont il fut administrateur de 1895 à 1899.

De 1902 à 1919, Jean Rougerie assura le secrétariat du syndicat de la Chaussure tout en étant secrétaire de la Bourse du Travail de Limoges de 1907 à 1919. Il fut délégué au XVe congrès de la CGT (Amiens 1906), au XVIe congrès (Marseille, 1908) et au XVIIe (Toulouse, 1910). Lorsque l’Union départementale des syndicats de la Haute-Vienne se créa en 1920, il en devint le secrétaire. Le 30 septembre 1911, le préfet de Haute-Vienne avait écrit à son sujet : Rougerie « jouit à Limoges d’une bonne réputation. Sans fortune, il vit, lui et les siens de son traitement de secrétaire général (de la Bourse du travail) qui s’élève à 2400 F ».

Dans sa jeunesse, Jean Rougerie avait adhéré au Parti radical. Il appartint au mouvement socialiste à partir de 1902 ou de 1904, selon les Sources, rejoignit le Parti socialiste SFIO à sa création en 1905 et fut membre de la Fédération socialiste de la Haute-Vienne jusqu’en 1927. En 1909, après avoir été délégué au congrès de Toulouse l’année précédente, il entra à la commission administrative permanente fédérale. Il prenait très souvent la parole dans des réunions politiques et était un « orateur assez écouté ». Ce fut également en 1904 qu’il devint président de l’Union des sociétés de secours mutuels qui devait fusionner en 1930 avec la Fédération des sociétés de secours mutuels dans la Haute-Vienne. Il assista comme délégué au XVe congrès national corporatif — 9e de la CGT — tenu à Amiens du 8 au 16 octobre 1906. Il fut également délégué au XVIe congrès (Marseille, 1908) et au XVIIe (Toulouse, 1910). Dans la décennie qui précéda la Première Guerre mondiale, Jean Rougerie anima de nombreuses œuvres mutualistes dont des sociétés féminines et de maternité. En 1910, il était vice-président de l’Union des sociétés de secours mutuels de la Haute-Vienne et, en 1919, il en fut élu vice-président.

En mai 1915, Jean Rougerie signa le manifeste de sa fédération contre la politique d’Union sacrée du Parti socialiste. Il adopta d’abord la même attitude au comité confédéral de la CGT avec Merrheim et Bourderon. Puis il se rapprocha de Léon Jouhaux. Après avoir participé à la conférence de Clermont-Ferrand (23-25 décembre 1917), il prit part au congrès national des Cuirs et Peaux (Paris, 19-20 mai 1918) où il se rallia à un ordre du jour élaboré par Dret et signé Dret-Rougerie-Roux qui recueillit 43 voix sur 59, 16 voix allant à l’ordre du jour minoritaire. Il fut alors mis en minorité et dut quitter, le 24 mai 1920, le secrétariat de l’Union départementale ainsi que Bonnet, secrétaire adjoint. Ils furent remplacés par les « extrémistes » Bert du syndicat des cheminots et Rivet du syndicat des typographes. En septembre 1919, il avait participé au XIVe congrès national de la CGT à Lyon et était intervenu sur le rapport moral.

Jean Rougerie fut ensuite directeur salarié du dispensaire « L’Union ouvrière » qu’il avait fondé sous forme de société anonyme avec participation syndicaliste, coopérative et mutualiste. Conseiller municipal de Limoges depuis 1912, réélu en 1919, il ne sollicita pas le renouvellement de son mandat en 1925. Il réserva dès lors l’essentiel de son action à la Mutualité. Nommé administrateur de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF) il entra à son comité exécutif, un an après avoir été élu au conseil supérieur des sociétés de secours mutuels. En 1930, il intervint au XVe congrès national de la Mutualité tenu à Lille et principalement consacré aux problèmes posés à la Mutualité par la mise en œuvre du système des Assurances sociales. Il fut le rapporteur de la commission « La Mutualité libre, son développement en dehors des Assurances sociales ». La même année il présida la caisse primaire maladie des Assurances sociales gérée par l’Union des sociétés de secours mutuels de la Haute-Vienne ainsi que la caisse primaire départementale regroupant les assurés n’ayant pas fait le choix d’une caisse d’affinité.

Mais, au même moment, en raison de son état de santé, Jean Rougerie dut abandonner la présidence de l’Union départementale des sociétés de secours mutuels.

Une rue de Limoges porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article129785, notice ROUGERIE Jean par Michel Dreyfus et Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 21 septembre 2017.

Par Michel Dreyfus et Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Nat. F7/ 13 567 et F7/13 622 (rapport du préfet, 30 septembre 1911). — Compte rendu du congrès de Toulouse. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes I, op. cit., pp. 535 et 555. — Le Populaire du Centre, 20 septembre 1931. — J. Bennet, Biographies de personnalités mutualistes, XIXe-XXe siècles, Mutualité française, 1987, 646 p.

ICONOGRAPHIE : La CGT, op. cit., p. 602. — J. Bennet, op.cit.

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