ROUGIER Pierre, Francisque. Pseudonyme à Moscou : SUREAU Jacques ; pseudonyme dans l’appareil illégal du PCF : DEJEAN et GUERIN

Par Daniel Grason, Claude Pennetier

Né le 30 octobre 1907 à Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis), mort le 14 juin 1996 à Paris (XXe arr.) ; monteur câbleur en T.S.F. ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant ; déporté à Mauthausen (Autriche).

Fils de François, employé et de Marcelle, Augustine née Plouze, couturière, Pierre Rougier, dessinateur industriel à Paris (XIe arr.), adhéra en 1925 aux Jeunesses communistes et à la coopérative de sa commune natale. Il fut alors rattaché à la cellule de l’usine Thomson-Houston dont il devint aussitôt secrétaire.
En janvier 1927, il participa à l’assemblée, organisée pour le départ de sa classe à la Bellevilloise, où il prit la parole. Arrêté à la sortie de la réunion, il fut relâché et noté comme « propagandiste révolutionnaire » par la sécurité militaire. Il accomplit son service militaire au 17e puis au 1er génie où il se livra à de la propagande antimilitariste tirant des tracts et un journal, L’Enchaîné. Libéré de ses obligations militaires en 1929, Pierre Rougier fut chargé du travail technique de l’action antimilitariste à l’échelle nationale. Il a été membre du sous-rayon de Saint-Denis, du 14ème rayon du parti communiste
En 1932, il suivit une école radio à Moscou et apprit les techniques du travail clandestin. Il adhéra aux Jeunes Gardes antifascistes, se porta volontaire en Espagne républicaine dès 1936, il rentra en novembre 1938. Il épousa le 27 novembre 1939 en mairie de Beaussac (Dordogne), Fuencisla Lapuente. Le couple demeura 16 rue Jean-Allemane à Champigny-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne).
De la classe 1927, du recrutement de la Seine, Pierre Rougier ne se rendit pas à une convocation pour effectuer une période militaire. Déclaré insoumis, il a été condamné par défaut par le Tribunal militaire de Metz (Moselle) le 10 mars 1939 à un mois de prison avec sursis pour insoumission.
Mobilisé le 2 septembre 1939, il a été démobilisé fin août 1940. En septembre 1940 le couple emménagea 129 rue Lafayette à Paris (Xe arr.). Il travailla en qualité de monteur aux établissements R.B.V. passage des Tournelles (XXe arr.), puis sans travail, il s’inscrivit au fonds de chômage du Xe arrondissement.
Il épousa Fuencisla Campin-Lapuenté le 27 novembre 1939 à Beaussac (Dordogne).
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Le 21 juillet 1941 vers 20 heures 30, deux inspecteurs des Renseignements généraux remarquèrent que Pierre Rougier sortait de son immeuble, ils le suivirent. Il se rendit rue de Nemours (XIe arr.) rencontra un homme qui lui remettait un paquet. Les inspecteurs interpellèrent les deux militants, ils tentèrent de prendre la fuite, Rougier a été rattrapé, Dupré s’échappa.
Interrogé, Pierre Rougier déclara « Je n’ai jamais appartenu au Parti communiste, mais à l’organisme Les Jeunes gardes antifascistes, pendant quelques mois seulement. J’ai combattu dans les Brigades internationales, pendant la guerre d’Espagne, en qualité de soldat du Génie. »
Il exprima sa surprise quand il apprit que le paquet saisi « contenait des tracts purement communistes, car je m’attendais à recevoir des documents concernant uniquement la corporation des métallos. » Sous une statuette posée sur une console, en face de l’entrée de la loge de Paul Mathé rue Lafayette, les policiers saisissaient d’autres tracts.
Les tracts ne laissaient aucun doute sur l’activité de Pierre Rougier : « Ce que Hitler fait de l’Alsace-Lorraine » signé du PCF, La Vie Ouvrière n° 46 du 10 juillet 1941 portait en manchette : « L’aviation anglaise met à mal les centres industriels allemands. Les hitlériens compte [nt] sur l’industrie française pour alimenter sa machine de guerre. Tout cela est contraire aux termes de l’armistice, mais les traîtres du gouvernement Pétain-Darlan n’ont rien à refuser à leurs maîtres étrangers.
Ouvriers français ! N’oubliez pas que chaque fois que vous travaillez pour la machine de guerre hitlérienne, vous prolongez l’esclavage de la France. Faites courageusement votre devoir de français et de prolétaire.
Rien pour l’oppresseur ! »
Le N° 121 de l’Humanité du 17 juillet 1941 titrait « Accord soviéto-anglais contre Hitler » et « Vive le front national de l’indépendance de la France ! » Deux autres publications imprimées Le Métallo de juin 1941 avec sa manchette sur la « Charte Revendicative des Métallurgistes Parisiens » et La Voix du Peuple de l’Union des Syndicats de la Région parisienne de Mai-Juin 1941 portaient sur les revendications économiques.
Incarcéré le 23 juillet 1941, Pierre Rougier comparut le 7 novembre 1941 devant la Section spéciale de la Cour d’appel de Paris qui le condamna à cinq ans de travaux forcés. Incarcéré à la Santé ou à Fresnes, il fut transféré le 16 juillet 1942 à Fontevrault-l’Abbaye (Maine-et-Loire), le 17 septembre 1943 il était envoyé à la prison de Blois (Loir-et-Cher). Envoyé au camp de Compiègne, Pierre Rougier était le 22 mars 1944 dans le convoi de 1218 hommes envoyé à Mauthausen, ils arrivèrent le 25 mars.
Matricule 60544, il fut libéré par la Croix-Rouge Suisse le 23 avril 1945 avec six autres déportés. Pierre Rougier a été homologué Déporté, interné, résistant au titre de la Résistance intérieure Française (RIF).
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Il mourut le 14 juin 1996 à l’âge de 88 ans à Paris (XXe arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article129797, notice ROUGIER Pierre, Francisque. Pseudonyme à Moscou : SUREAU Jacques ; pseudonyme dans l'appareil illégal du PCF : DEJEAN et GUERIN par Daniel Grason, Claude Pennetier, version mise en ligne le 19 juin 2018, dernière modification le 27 septembre 2022.

Par Daniel Grason, Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, 495 270 1066. – AN Z/4/12 dossier 113. – Bureau Résistance GR 16 P 522639. – Roger Poitevin, Abbaye-Bagne de Fontevraud 1940-1944, Éd. AFMD 49, 2009. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Jacques Varin, Jeunes comme JC, Éd. Sociales, 1975. – État civil.

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