ROUQUÈS Pierre, Jean, Léon

Par Rémi Skoutelsky

Né le 22 août 1900 à Paris (IIe arr.), mort le 19 avril 1952 à Créteil (Seine) ; interne des hôpitaux de Paris, puis chirurgien ; militant communiste ; résistant ; chef de cabinet de François Billoux, ministre de la Santé publique ; conseiller municipal de Paris (1945-1952).

Pierre Rouquès
Pierre Rouquès

Issu d’un milieu aisé (propriétaires sur l’acte de naissance), Pierre Rouquès fit ses études au collège Rollin puis au lycée de Mâcon et à la Faculté de médecine. Il devint successivement interne des hôpitaux de Paris, assistant du professeur Desmarest à l’hôpital Ambroise-Paré, chef de clinique à la faculté de médecine et chirurgien à l’hôpital de Créteil.

En 1919-1920, il appartint au groupe des Étudiants collectivistes où il mena la lutte pour l’adhésion à la IIIe Internationale. Ayant rallié les rangs du Parti communiste en 1921, il participa à la campagne contre la guerre du Rif en 1925. Après les élections municipales de 1925, le docteur Rouquès créa une douzaine de dispensaires municipaux dans la « banlieue rouge » notamment à Malakoff, Bobigny, Romainville, Villejuif, Athis, Bagnolet, Vitry, Ivry, Montreuil, Bondy, Gagny et Neuilly-sur-Marne. Il anima également les œuvres sociales des fédérations CGTU de l’industrie, contribua à la création de la polyclinique des métallurgistes « Les Bluets » et s’intéressa aux colonies de vacances pour enfants.

En 1932, Pierre Rouquès participa à la formation du premier mouvement des médecins contre la guerre. Il fit partie en 1935 d’une délégation médicale qui se rendit en URSS en 1935, puis appartint au mouvement Amsterdam-Pleyel. Dès le début de la guerre d’Espagne, il lança le mouvement d’aide sanitaire et s’y rendit en octobre 1936. Là, il jeta les bases du service de santé pour les Brigades internationales puis créa la Centrale sanitaire internationale, fit acheter des ambulances chirurgicales et multiplia les initiatives diverses pour venir en aide aux combattants. En novembre 1938, c’est lui qui accompagna à Moscou, pour s’y faire soigner, Joseph Diaz — secrétaire général du PCE —, gravement malade. Ce fut à la même époque qu’il organisa l’accueil en France des mutilés des Brigades et qu’il créa la Maison du blessé. Il poursuivit en diffamation, avec succès, Céline qui l’avait traité abusivement de « juif » dans une longue diatribe consacrée aux médecins « juifs » employés par le syndicat des Métaux.

Mobilisé en 1939, Pierre Rouquès se retrouva à l’automne 1940 à Bagnols-sur-Cèze (Gard) et revint en fin d’année à Paris. En août 1941, il rencontra Danielle Casanova*, Pierre Maucherat et sa femme. Le parti lui demanda de se fixer à Paris et, en octobre 1941, André Dudach vint le chercher à Bagnols. Fin 1941, à Paris, il revit Maucherat, Danielle Casanova et, par celle-ci, eut la liaison avec Max (Arthur Dallidet*) qui lui demanda de se tenir disponible pour, éventuellement, soigner des militants. Il habitait alors un rez-de-chaussée, 36 quai Louis Blériot dans le XVIe arr., et se rendit en décembre à L’Haÿ-les-Roses (Seine) pour faire une prise de sang à Jacques Duclos*. Le 19 février 1942, Arthur Dallidet l’autorisa à aller chercher sa femme, infirmière, et son fils en zone sud. Mais le 6 juin, alors qu’il franchissait la ligne de démarcation à bicyclette, il fit une chute sérieuse qui lui provoqua une légère fracture à la base du crâne. Il réussit cependant à gagner Paris le lendemain mais manqua Georges Politzer* et Jacques Decour* qui venaient d’être arrêtés. Rouquès fut soigné dans une maison de santé à Saint-Mandé et, à la fin juillet, put retourner en zone sud où il demeura en convalescence jusqu’en décembre. Au printemps 1943, Rouquès reprit contact avec P. Maucherat et s’entendit avec lui pour travailler au Front national des médecins et au service de santé des FTP. Il revint définitivement à Paris à la fin de 1943.

A la Libération, François Billoux*, ministre de la Santé, fit appel à lui comme chef de cabinet et, en avril 1945, Pierre Rouquès fut élu conseiller municipal de Paris dans le 2e secteur (VIe, VIIe, XVe arr.) et réélu dans le 1er secteur (Ve, VIe, VIIe arr.). En novembre 1950, il accompagna Maurice Thorez* qui allait se faire soigner en URSS. Il devait faire partie d’une délégation de médecins qui se rendait en URSS en septembre 1951 mais dut être lui-même hospitalisé. Il mourut en avril 1952, probablement des séquelles de sa chute de 1942, et fut enterré au cimetière du Père-Lachaise le 23 avril ; André Marty* prononça son éloge funèbre. Le docteur Rouquès était vice-président de l’Amicale des anciens volontaires français en Espagne républicaine.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article129851, notice ROUQUÈS Pierre, Jean, Léon par Rémi Skoutelsky, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 7 mai 2020.

Par Rémi Skoutelsky

Pierre Rouquès
Pierre Rouquès
La Vie ouvrière , 22 avril 1952.

SOURCES : Arch. André Marty, E IX. — Le Monde, 20 avril 1952. — L’Humanité, 21-24 avril 1952, 18 avril 1953. — Notes Ph. Nivet. — RGASPI, 495 270 7192.

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