ROURE Rémy, Éloi, Frédéric dit Pierre FERVACQUE

Par Jean-Louis Panné

Né le 30 octobre 1885 à Arcens (Ardèche), mort le 8 novembre 1966 à Paris ; employé puis journaliste ; militant syndicaliste ; résistant.

Rémy Roure
Rémy Roure
Site des Compagnons de la Libération.

Demeurant à Paris, 113, rue de Vaugirard, XVe arr., employé, Rémy Roure appartint à la chambre syndicale des employés et fut rédacteur à La Bataille syndicaliste. Il participa aux campagnes en faveur des détenus politiques russes et s’initia au russe. Mobilisé en 1914, sous-lieutenant dans un régiment d’infanterie, il fut fait prisonnier en Artois en 1916 et interné au Fort IX à Ingolstad où il fit la connaissance de Mikhaïl Toukhatchevsky, futur maréchal de l’Armée rouge et du capitaine Charles de Gaulle.

Devenu rédacteur à LÉclair puis à L’Avenir d’Émile Buré, c’est en octobre 1925 qu’il entra comme rédacteur politique au Temps dans les colonnes duquel il mena une active campagne contre les autonomistes alsaciens. Il collaborait également à L’Information sociale. Sous le pseudonyme de Pierre Fervacque, il publia un ouvrage sur Toukhatchevsky, un livre sur Trotsky et un sur Azeff.

Replié à Lyon pendant l’Occupation, Rémy Roure forma dès 1941 des groupes de résistance. Membre du Comité directeur de Liberté, il fit partie ensuite du mouvement Combat et rédigea le Bulletin de la France combattante où puisaient les journaux clandestins. Dirigeant le réseau d’évasion « Bordeaux-Loupiac » et membre du Comité d’action de la Résistance, il fut appelé à Londres en 1943 mais ne réussit pas à quitter la France. Grièvement blessé par les Allemands lors de son arrestation à Rennes, il fut déporté à Auschwitz puis Buchenwald. Ce n’est qu’à son retour qu’il apprit que toute sa famille avait disparu. Sa femme, Hélène, qui avait poursuivi ses activités de résistance après son arrestation, fut arrêtée le 3 avril 1944 à Lyon. Déportée à Ravensbrück, elle y mourut en avril 1945. Son fils André Roure qui avait rejoint la 1re Armée française, participa au débarquement de Corse, à celui de l’île d’Elbe puis fit la campagne de France et celle d’Allemagne. Il trouva la mort en allant à la recherche de sa mère. La sœur de Rémy Roure mourut également en déportation et son neveu fut fusillé à Lyon.

A son retour, Rémy Roure retrouva sa place de journaliste au Monde, successeur du Temps. Il fut délégué à l’Assemblée consultative provisoire en juillet 1945 au titre de l’Alliance démocratique, dans la catégorie des prisonniers et déportés. Lors du procès engagé par David Rousset contre Les Lettres françaises, Rémy Roure, membre de la Commission internationale contre le régime concentrationnaire, constituée en octobre 1950, déposa le 8 décembre pour attester de la valeur des témoignages présentés par David Rousset devant la cour, déclarant notamment : « Il est impossible, pour un ancien déporté, de ne pas être plus troublé, et encore plus ému lorsqu’il constate une concordance extraordinaire des traitements que ces gens ont subis avec les traitements que les déportés ont subis eux-mêmes dans les camps de concentration nazis. »

Il fut élu membre du conseil national provisoire du Syndicat national des journalistes Force Ouvrière, constitué le 7 février 1948.

Rémy Roure démissionna du Monde le 13 mai 1952 après la publication par son journal du faux rapport Fechteler. Dans une lettre à Hubert Beuve-Méry, il exprima ses doutes sur l’authenticité du document et regretta que la société des rédacteurs, dont il était membre du conseil d’administration, n’ait pu jouer son rôle, n’ayant pas été consultée. Il devint par la suite chroniqueur au Figaro.

Rémy Roure était Compagnon de la Libération.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article129864, notice ROURE Rémy, Éloi, Frédéric dit Pierre FERVACQUE par Jean-Louis Panné, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 29 octobre 2022.

Par Jean-Louis Panné

Rémy Roure
Rémy Roure
Site des Compagnons de la Libération.
Rémy Roure à Buchenwald en avril 1945.

ŒUVRE : Le chef de l’Armée rouge, Mikhaïl Toukhatchevski, Fasquelle, 1928. — La Vie orgueilleuse de Trotsky, Fasquelle, 1929. — Le Secret d’Azeff, Nouvelle revue critique. — L’Alsace ruinée. — « Le Julien Sorel du bolchevisme, le maréchal Toukhatchevsky », Preuves, juillet 1953.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13 053. — La Bataille syndicaliste, n° 1, 27 avril 1911. — Preuves, juillet 1953. — Dict. Pharos, 1952. — Pour la Vérité sur les camps concentrationnaires, Le Pavois, 1951. — Le Monde, 13 mai 1952. — L. Greilsamer, Hubert Beuve-Méry, Fayard, 1990. — Force Ouvrière, hebdomadaire de la CGT-FO, 12 février 1948.

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