ROUSSEAU Isaure, Mathilde, Aurélie. Pseudonyme : PRIMAIRE Mathilde

Par Jacques Blanchard

Née le 10 juillet 1878 à Caunay (Deux-Sèvres), morte le 1er juin 1938 à Niort (Deux-Sèvres) ; institutrice, directrice d’école ; militante syndicaliste du SNI, secrétaire départementale ; militante mutualiste, pacifiste, féministe.

Isaure Rousseau était la fille de Clémentine Lavenat et d’André Rousseau, propriétaire, ancien instituteur de la Vienne qui avait quitté l’enseignement pour retourner à la terre, mort six mois avant sa naissance, à 54 ans. Elle prépara chez sa sœur aînée, Héloïse, Constance, institutrice, le brevet élémentaire puis le concours d’entrée à École normale de filles de Niort. Reçue, elle y passa quatre années. Elle exerça comme institutrice dans différentes communes des Deux-Sèvres, d’abord à Irleau, commune du Vanneau dans le Marais poitevin, en 1901, auprès de sa sœur et de son mari Séraphin Perroteau, puis à Champdeniers, Ardin, Faye-sur-Ardin, Cherveux et enfin comme directrice d’école à La Mothe-Saint-Héray où elle prit sa retraite en janvier 1934.

Isaure Rousseau participa à la « Coopération pédagogique », groupement d’enseignants qui cherchaient à s’instruire, à se perfectionner et à comparer leurs méthodes, en dehors des directives de l’administration. Ils échangeaient leurs journaux, leurs revues. Dans un bulletin, ils proposaient l’étude d’une question à discuter entre eux. Ce fut ainsi qu’elle y développa un jour le rôle social de la femme. Elle était en effet féministe et avait commencé à militer auprès de Marguerite Martin.

Elle lisait de nombreux journaux : L’École rénovée qui reprenait les idées de Francisco Ferrer, Les Temps nouveaux de Jean Grave, Les Hommes du jour de Victor Méric, L’Assiette au beurre. Elle lut aussi le Capital de Karl Marx, les écrits de Pierre-Joseph Proudhon et Charles Fourier. Elle collabora au Socialiste de l’Ouest que venait de fonder Henri de La Porte, député socialiste de 1910 à 1919, signant ses articles « Mathilde Primaire ».

Elle adhéra et milita à la Ligue des droits de l’Homme et à l’Association de la Paix par le Droit (APF) (voir Jeanne Mélin). Elle participa en 1908 au Ve Congrès de la Paix à la Rochelle, parmi les quatre représentants du comité du Poitou.

Elle vécut les débuts du syndicalisme universitaire. Des instituteurs adjoints, parisiens avides de liberté professionnelle, formèrent un groupe appelé « L’Émancipation ». Une section se créa dans les Deux-Sèvres qui eut pour trésorier Louis Caillon, instituteur à Cherveux. Isaure Rousseau participa à l’activité de cette section. Ces instituteurs voulaient leur place dans les Bourses du Travail. Se sentant peu à l’aise dans les Amicales jugées trop dociles, ils créèrent la Fédération des syndicats des institutrices et des instituteurs de France et en novembre 1905 le Syndicat des institutrices et instituteurs des Deux-Sèvres qui s’installa à la Bourse du Travail et publia un bulletin. En 1910, Isaure Rousseau entra au conseil syndical.

Avant la Première Guerre mondiale, elle mena une campagne ardente en faveur de la paix. Pendant la guerre, elle plaça dans des familles des centaines d’enfants envoyés par « L’Accueil français » et mit aussi sur pied « L’œuvre du prisonnier de guerre ».

Au lendemain de la guerre, à l’occasion des élections au conseil départemental, la majorité des instituteurs se prononça nettement, et au scrutin secret, pour la transformation de l’Amicale en section du Syndicat national des institutrices et instituteurs, adhérent de la CGT, décision prise en assemblée générale et dont Isaure Rousseau avait été la principale artisane. Elle fut secrétaire départementale du SNI jusqu’en 1931, Maurice Olivier lui succédant.

Membre de la commission permanente nationale jusqu’en 1931, elle assista aux congrès nationaux et y prit souvent la parole. Elle rapporta aux congrès de 1930 et 1931 sur la Caisse de solidarité, créée au congrès de Paris en 1929, financée par l’Etat et par une cotisation de 0,5%, afin de venir en aide à tous les malades ne jouissant pas de leur traitement. Des difficultés avec les malades de Sainte-Feyre et l’ACLD (Association des malades en congé de longue durée) intervinrent en 1930-1931, mais son activité fut approuvée à la quasi-unanimité par le congrès. Elle fit partie néanmoins du comité directeur du sanatorium des instituteurs de Sainte-Feyre.
Isaure Rousseau se dépensa sans compter pour la Société de secours mutuel des instituteurs et institutrices du département des Deux-Sèvres dont elle fut présidente jusqu’à sa mort.

Malgré la maladie qui l’emporta, elle s’occupa de créer la Caisse chirurgicale mutuelle des Deux-Sèvres qui commença à fonctionner en juillet 1938, deux mois après sa mort.

Syndicaliste convaincue, Isaure Rousseau avait subi les attaques violentes du journal niortais Le Mémorial des Deux-Sèvres qui demanda sa révocation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article129905, notice ROUSSEAU Isaure, Mathilde, Aurélie. Pseudonyme : PRIMAIRE Mathilde par Jacques Blanchard, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 28 juillet 2022.

Par Jacques Blanchard

SOURCES : Arch. Dép. Deux-Sèvres, état civil de Caunay, recensement 1901 d’Irleau, 1906 de Faye-sur-Ardin. — JO, lois et décrets, 26 juillet 1934. — L’Ecole libératrice 1929-1935. — Bulletin de Association amicale des membres de l’enseignement primaire public laïc des Deux-Sèvres, mars 1912. — Bulletin de la Société de secours mutuel des instituteurs et institutrices des Deux-Sèvres, 1938. — Marlène Belly (s.d.), 14-18 Les femmes en Poitou et en Charentes. La Geste, 2017. — Albéric Verdon, Marguerite Martin, née Brunet (1877-1956), première militante féministe des Deux-Sèvres et de Vendée, 2018. — Enquêtes auprès d’instituteurs. — Notes d’Alain Dalançon.

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