ROUSSEAU Nelly

Par Michel Dreyfus, Claude Pennetier

Née en 1905 à Paris, fille de René, Eugène, Georges Rousseau*, un artiste décorateur dans les métaux repoussés, puis chauffeur de taxi, militant socialiste depuis 1911, puis communiste jusqu’en 1930. Nelly Rousseau, couturière, milita avec son frère René (né en 1906) au Parti communiste à Arcueil. Celui-ci raconte dans son autobiographie de 1938 leur rupture :

« Je n’ai jamais fait partie d’aucune opposition dans le Parti, et j’ai toujours combattu le trotskisme. En 1928, toutefois, une de mes sœurs, Nelly, s’est trouvée liée, de même que moi-même, avec des camarades du Parti en qui nous avions confiance. Nous avons appris par la suite qu’ils étaient trotskistes. Seule, ma sœur continua ses relations avec eux, et se trouva entraînée jusqu’à devenir la compagne de Treint [Albert Treint]. J’ai rompu toutes relations avec elle depuis six ans, de même que toute ma famille et nous ignorons actuellement jusqu’à son existence. Je condamne toute opposition dans le Parti. Je considère les trotskistes comme ayant eu des positions fausses et néfastes au parti et méprise leur méthode de liaison, avec la terreur et l’espionnage fascistes ». La commission des cadres nota avec satisfaction cette rupture.

Nelly Rousseau était en effet la compagne d’Albert Treint* depuis 1927, Nelly Rousseau le suivit dans son évolution politique tout au long des années trente. Elle l’accompagna à Prinkipo en mai 1929 quand il rendit visite à Trotsky. Après la rupture de Treint avec l’Opposition de gauche internationale, elle milita avec lui dans le petit groupe du Redressement communiste puis de l’Effort communiste qui participa avec diverses organisations socialistes de gauche à une conférence internationale à Paris les 27-28 août 1933. L’Effort communiste y défendit des positions analogues à celles du Leninbund d’Hugo Urbahns en faveur de nouveaux partis communistes et d’une nouvelle Internationale, tout en se différenciant des analyses de l’Opposition de gauche internationale, notamment sur la nature de l’État soviétique.

Avec Albert Treint, E. Le Trouit et T. Leibot, Nelly Rousseau signa le 26 mars 1934 une demande d’adhésion au Parti socialiste SFIO qui fut acceptée. Ce petit groupe y anima alors une « tendance », certainement très réduite, La Lutte finale, qui publia un petit bulletin sous ce titre. Selon certaines sources, Nelly Rousseau aurait été en 1935 membre du Groupe bochevik-léniniste de la SFIO et aurait soutenu en décembre Pierre Frank* et Raymond Molinier* qui créèrent alors le Comité pour la IVe Internationale mais ceci reste sujet à caution.

Quelques mois plus tôt, Albert Treint avait été présent — comme observateur — lors de la réunion constitutive de la Gauche révolutionnaire le 20 septembre 1935. En janvier 1937, la Lutte finale paraissait encore et Nelly Rousseau vivait toujours en compagnie d’Albert Treint.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article129917, notice ROUSSEAU Nelly par Michel Dreyfus, Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Michel Dreyfus, Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, 495 270 2834, autobiographie de René Rousseau, 14 octobre 1938. — Arch. PPo., carton 26. — Demande d’adhésion au Parti socialiste (26 mars 1934) signée par A. Treint, N. Rousseau... in A. Treint, Les mystères du front unique (23 juillet 1934), Arch. Lefeuvre, BDIC, 6 p. — La Lutte finale, 1934-1937. — M. Dreyfus « Bureau de Paris et bureau de Londres : le socialisme de gauche en Europe entre les deux guerres », Le Mouvement social, n° 112, juillet-septembre 1980. — Notes de J.-M. Brabant.

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