Par Jean-Marie Conraud
Née le 27 février 1899 à Bar-le-Duc (Meuse), morte le 21 janvier 1989 à Wassy (Haute-Marne) ; employée de banque ; militante syndicale CFTC ; présidente de l’Union barisienne des syndicats féminins des employées de banque et d’industrie.
Marguerite Roussel naquit dans une famille populaire. Son père était secrétaire d’un syndicat agricole et sa mère était repasseuse. Son père étant décédé jeune elle fut élevée par sa mère chez ses grands-parents maternels. Cette famille très chrétienne faisait partie de la Paroisse Notre-Dame. Toute jeune elle fréquenta le patronage des Sœurs de l’Espérance. Puis elle fit des études au pensionnat de la Croix où elle fut très bonne élève.
En 1914 Marguerite Roussel était en vacances chez une amie de pension au Nouvion en Thiérache (Aisne). A cause de la déclaration de guerre elle dut rester là-bas pendant deux ans, accueillie par la famille Bosquette également très chrétienne. Elle y rencontra le Père Toutblanc supérieur du collège de Fourmies qui l’encouragea à se mettre au service des enfants des verriers de la ville. Avec son amie et après avoir relevé leurs cheveux pour paraître plus âgées, elles firent même l’école, remplaçant des instituteurs appelés au front.
En 1916 Marguerite Roussel rentra à Bar-le-Duc où elle obtint son Brevet..Elle entra alors comme employée au Crédit Lyonnais de Bar-le-Duc. En 1927, elle commença à réunir chez elles quelques employées pour envisager la création d’un syndicat chrétien. En décembre, elle devint présidente de ce premier syndicat féminin des employées de banque et d’industrie de Bar-le-Duc (Meuse) déclaré le 7 décembre 1927, qu’elle anima avec Marie Lombard et Jeanne Messing. Ce syndicat recruta tout d’abord parmi les employées de la banque. D’autres syndicats féminins se créèrent ensuite, notamment dans l’imprimerie et dans le commerce. Et le 27 novembre 1929 fut déclarée la première Union barisienne des syndicats féminins dont on lui confia également la présidence, assistée de Pauline Bertaux, Alice Noël et Jeanne Messing. Dans toutes ses activités syndicales elle était soutenue par Anna Schiff et Régina Schiff initiatrices des syndicats chrétiens féminins à Nancy (Meurthe-et-Moselle), auxquelles elle vouait une grande admiration.
Marguerite Roussel participa ensuite à la création de l’Union barisienne des travailleurs chrétiens qui regroupait les syndicats des cheminots, des préparateurs en pharmacie, des employés de banque et d’industrie et des employés du Livre. Les statuts de cette Union furent déposés le 4 décembre 1929. Albert Dionnet en fut le premier président.
En 1932 Marguerite Roussel prit l’initiative de mettre sur pieds pour les jeunes filles, des cours professionnels agréés par l’enseignement technique : dactylographie, comptabilité, français, solfège, couture, coupe, enseignement ménager. Elle assuma elle-même la présidence de ces cours dont le fonctionnement fut confié à Yvonne Salpointe. Plus de 600 jeunes filles bénéficièrent de cette formation. En même temps elle fut l’animatrice d’un bulletin syndical L’Écho du 46. Musicienne et chanteuse depuis sa jeunesse, elle fut également l’animatrice de nombreuses manifestations syndicales pour lesquelles elle écrivit de nombreux textes de chants ou de saynètes de théâtre. Pendant cette période Marguerite Roussel participa à plusieurs congrès nationaux de la CFTC.
En 1936, Marguerite Roussel était toujours présidente des syndicats féminins lors de l’assemblée générale de l’Union barrisienne des syndicats chrétiens. Elle était assistée de René Mougel, président de l’Union, Jean Dumenil, secrétaire et Adam, trésorier.
Marguerite Roussel était membre de la Commission départementale du Travail. C’est au cours d’un rassemblement national de ces commissions à Châlons-sur-Marne qu’elle fit connaissance d’André Barbaux, militant de la CFTC dans la métallurgie Haut Marnaise. Ils se marièrent le 27 décembre 1937 et eurent deux enfants, Anne-Marie et Jean-Marie.
A la suite de son mariage, Marguerite Roussel quitta Bar-le-Duc pour Saint-Dizier (Haute-Marne). Elle reprit un emploi dans la banque de 1938 à 1960. Elle eut alors à cœur de soutenir son mari, André Barbaux, dirigeant syndical, adjoint au maire de Saint-Dizier et administrateur de la Sécurité sociale. « La doublure tient l’étoffe » déclarait volontiers Marguerite Roussel.
Par Jean-Marie Conraud
SOURCES : Arch. Nat. F7/13003. — J.-M. Conraud, La CFDT dans le mouvement ouvrier meusien. Premiers éléments chronologiques, novembre 1982, 58 p. — Témoignage de l’intéressée et renseignements fournis par sa fille Anne-Marie Berthé.