ROUSSET Raymond, Gabriel, Joseph

Par René Lemarquis, Claude Pennetier

Né le 24 mars 1895 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; rédacteur à l’Humanité ; militant communiste du Xxe arr. de Paris ; directeur de l’Agence intourist.

Raymond Rousset, ancien combattant de la Première Guerre mondiale (ses deux frères moururent au front), fut délégué de la Fédération socialiste de la Seine au congrès de Tours (décembre 1920) comme signataire de la motion du Comité de la IIIe Internationale, dite « Cachin*-Frossard* », en faveur de l’adhésion à l’Internationale communiste. En 1923, il était l’un des responsables de la 20e section communiste de la Seine et, l’année suivante, entra à l’Humanité comme rédacteur. Lors de la réorganisation en cellules, il fut affecté au 3e rayon et devint secrétaire du comité de rayon. Fin 1924, il fut désigné pour participer à une campagne d’agitation en Allemagne où il prit la parole à Mannheim, Aix-la-Chapelle et Berlin. Arrêté par la police allemande à Stuttgart à l’issue d’un meeting, il fut condamné à dix marks d’amende pour défaut de visa et reconduit à la frontière.

Rédacteur à la rubrique « Vie internationale » de l’Humanité, Raymond Roussel fut envoyé en 1926 au congrès organisé par la tendance de gauche de l’Internationale syndicale d’Amsterdam. Candidat du Bloc ouvrier et paysan aux élections législatives de 1928 dans la 2e circonscription des Sables-d’Olonne (Vendée), il recueillit au premier tour 268 voix sur 20 178 inscrits, puis 19 au second. L’année suivante, il se présenta en mai aux élections municipales dans le Ier arr. de Paris (quartier Palais-Royal) où il obtint 419 voix puis 314 sur 5 986 inscrits. À nouveau candidat en décembre 1931, il rassembla 187 suffrages dans le quartier de la Monnaie à Paris (VIe arr.). Enfin, candidat aux élections législatives dans la 1re circonscription de Gap (Hautes-Alpes) en mai 1932, il recueillit 67 voix sur 8 447 inscrits contre le député sortant républicain de gauche qui fut réélu au 1er tour.

Il était marié avec Suzanne Guesnier, née selon la police, le 8 juillet 1899 à La Chapelle-sur-Creuse (n’existe pas), péricultrice. En 1938, elle fut embauchée par la municipalité Soupé de Montreuil-sous-Bois comme assistante d’hygiène au Dispensaire municipal.

De toute évidence membre de la direction de l’Intourist en 1934, il en était directeur en titre en 1936.

Un rapport de police du 7 février 1940 le présentait comme un des principaux animateurs communistes du XXe arr. Il était présent à toutes les manifestations, souvent comme organisateur de « foires, expositions, commémorations, anniversaires [...] dirigeait des filiales, des œuvres ». « Aimable et séduisant », ayant de bons rapports avec des notabilités, avec l’église ; il était puissamment aidé » par sa femme. Celle-ci, propagandiste, avait été vers 1933 actrice de théâtre et secrétaire d’un groupement d’artistes communistes qui jouaient des pièces révolutionnaires ! Enfin, selon le rapport de police, la situation du couple serait devenue « florissante » après les élections de 1936 avec la nomination de Rousset à Intourist et l’embauche de sa femme à Montreuil. « On prétend, écrit-il, que le rôle du mari était de tout premier plan et très au-dessus des élus du PC. ». Il n’hésite pas à affirmer : « On m’a déclaré que comme directeur de l’Intourist il était en relations étroites avec Moscou et la Guepeou, dispensateur des deniers de Moscou », mais concédait : « Je ne sais ce qu’il y a de vrai ».

De janvier à avril 1940, le commissaire Magnaval, du quartier du Père Lacahise, suivit avaec attention les activité de Rousset. Le 19 janvier, une visite-perquisition au domicile du 1, villa Stendhal. Rousset, lieutenant d’infanterie dans l’Yonne, était alors en permission. La police saisit des livres, des brochures ainsi que la correspondance privée du couple. Par deux déclarations simultanées, datées du 20 janvier, Raymond et Suzanne Rousset désavouaient le PC « ayant compris la duperie de la politique du parti », R. Rousset estimant que modeste militant il n’avait pas jugé utile de faire plus tôt une telle déclaration. Il rappelait à l’occasion son passé de combattant de la Grande guerre. Le commissaire se déclarait convaincu de la sincérité des époux Rousset, mais il se ravisa et apprenant que le militant était plus important qu’il ne le pensait. Le commissaire enquêta sur un projet d’achat de ferme pour 400 000 F, avec des fonds venant d’une banque de Marseille, et conclut : « leur reniement n’est pas sincère », « sujet plus que suspect », « sera ou est lié à la propagande clandestine ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article130000, notice ROUSSET Raymond, Gabriel, Joseph par René Lemarquis, Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 18 avril 2020.

Par René Lemarquis, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13262, 13264 et 13 265. — Arch. PPo. BA/1715. — L’Humanité, 29 novembre 1920 et 28 avril 1929. — La Vie socialiste, 14 mai 1932. — Dossier R. Rousset, commissaire de police Magnaval, arch. Musée de l’histoire vivante de Montreuil. — Notes de Rachel Mazuy.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable