ROUVET Pierre

Fils d’un « mineur à plâtre », Pierre Rouvet, fut un militant syndicaliste dans le Tarn au début du 20e siècle. Figurant parmi les fondateurs de la verrerie ouvrière d’Albi, il en fut le secrétaire du syndicat. Membre du Comité national de la fédération nationale des travailleurs du verre, en 1908 il fut envoyé au Lardin-Saint-Lazare (Dordogne), apporter un soutien pratique et politique aux grévistes de la verrerie de Brardville, pendant toute la durée de la grève qui se termina en septembre. Lors du congrès fédéral tenu à Chimay (Belgique) en 1912, il présenta un ordre du jour constatant que le congrès devait initialement se tenir à Fourmies (Nord), mais que, après avoir vainement tenté d’obtenir du ministère de la justice un sauf conduit pour Delzant [condamné à un an de prison et 100 francs d’amende, au titre des « lois scélérates » de 1893-1894], l’absence de réponse du renégat Briand nous a mis dans l’obligation de venir tenir nos séances de congrès national en Belgique ». Il présida la séance du congrès sur l’apprentissage. En octobre il signa avec une dizaine de verriers, un manifeste des ouvriers de la Verrerie, d’une « commission de réorganisation du travail à tendance communiste ».

Rouvet représenta le syndicat des verriers d’Albi au congrès de la CGT et à la conférence des Bourses du Travail tenus à Toulouse (3-10 octobre 1910). Il assista également au congrès du Havre en septembre 1912. Secrétaire de l’Union départementale des syndicats du Tarn, Pierre Rouvet présida le 19 octobre 1913 le second congrès de l’Union départementale et fut élu à la commission exécutive, et sans doute au secrétariat.

Vers mars 1914, il fut élu secrétaire de la Bourse du Travail en remplacement de Bernard Gayssot, démissionnaire. Après un temps de sommeil, l’UD se reforma en septembre 1916. L’année suivante, en décembre, Pierre Rouvet fut délégué avec Léon Batigne* à la conférence syndicale de Clermont-Ferrand. Toujours secrétaire de la Bourse du Travail d’Albi, Pierre Rouvet fut élu secrétaire de l’UD en 1919. Au congrès du 29 août 1920, à Graulhet, Pierre Rouvet fut confirmé dans ses fonctions de secrétaire. L’année suivante, au congrès du 10 juillet, Pierre Rouvet fit voter un ordre du jour favorable à la majorité confédérale et hostile au Comité syndicaliste révolutionnaire par 26 voix contre 5 et 2 abstentions.

En 1921, du 7 mars au 21 juin, un long conflit opposa certains syndiqués et l’administration de la Verrerie ouvrière, conflit qui se poursuivra jusqu’en 1924 en dépit de l’acceptation d’un arbitrage et qui rebondira à propos notamment de la création d’une caisse d’assurances et de retraite pour le personnel. Selon le rapport moral présenté par L. Monnier* au XVIIIe congrès CGT du Verre (Paris, 5-7 avril 1923), « le nœud du conflit est l’article 23 des statuts, en vertu duquel 40 % des bénéfices doivent être attribués à la caisse des retraites et pensions du personnel », ce à quoi se refuse le conseil d’administration.

Réélu secrétaire général de l’UD en 1923, Pierre Rouvet le fut à nouveau après la réunification de 1936. Il disparut dans les mois qui suivirent. Le 29 août 1937, à l’ouverture du congrès extraordinaire de l’UD, un hommage lui fut rendu et une minute de silence observée à sa mémoire.