ROUX Louis, Baptistin

Par Antoine Olivesi

Né le 17 juin 1873 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 23 octobre 1951 à Marseille ; berger, employé, puis avocat, puis administrateur d’hospices ; militant socialiste puis communiste ; conseiller municipal de Marseille de 1908 à 1912 ; écrivain provençal.

Louis Roux, fils d’un paysan pauvre, fut mis en nourrice et élevé dans la famille de sa mère, à L’Étoile-le-Château, hameau du canton d’Orpierre, dans les Hautes-Alpes. Il y fut berger dès sa prime jeunesse et conserva de ce contact avec la nature une sensibilité poétique qui inspira, par la suite, une grande partie de son œuvre. Après ses études primaires, il revint à Marseille à l’âge de dix-sept ou dix-huit ans, et tout en travaillant pour gagner sa vie, notamment comme employé de librairie chez Aubertin, il passa son baccalauréat à trente ans, puis trois ans plus tard, sa licence en droit et devint avocat, inscrit au barreau de Marseille.

Par l’intermédiaire de la poétesse Lazarine Nègre, il entra en contact avec les félibres marseillais de L’Escolo de la Mar et du journal La Sartan. Ses premiers poèmes, écrits dans le « provençal rhodanien le plus pur » furent appréciés par Paul Arène qui le présenta, lors de la Sainte-Estelle de 1892 aux Baux, à Frédéric Mistral. Ce dernier écrivit dans L’Aïoli du 17 juin 1892, que Louis Roux était une révélation et qu’il se confirmerait peut-être comme un maître de la génération des écrivains provençaux à venir. En 1898, Louis Roux écrivit, en prose, cette fois, une Istori de Prouvenço qui lui valut des éloges de Félix Gras, capoulier du Félibrige et de Léon de Berluc-Perussis. Publiée dans la revue Estello par les soins de Valère Bernard, elle ne fut jamais éditée en volume. Roux écrivit également divers poèmes et essais, en français et surtout en provençal, dont beaucoup allèrent demeurer inédits.

De bonne heure, Louis Roux fut attiré par la politique au sein de la minorité des écrivains provençaux « rouges » du Midi anarchiste, puis guesdiste ; il appartint au cercle de l’Unité, selon le témoignage de Félix Gouin*, et milita en sa faveur au début du XXe siècle à Marseille et dans la région. Après la formation du Parti socialiste unifié, il fut candidat aux élections législatives à Apt en 1906 puis en juillet 1907, candidat SFIO au conseil général dans le canton de Salon.

En 1908, il fut élu au second tour conseiller municipal socialiste de Marseille, dans la 6e section sur la liste du docteur Morrucci, et en 1910, fut candidat aux élections législatives dans la 4e circonscription de Marseille. Louis Roux était, en 1908-1909, membre de la commission exécutive de la Fédération SFIO des Bouches-du-Rhône. Devenu administrateur des hospices, car il ne semble pas avoir fait longtemps le métier d’avocat, Louis Roux devint, en 1910, le douzième adjoint au maire Bernard Cadenat*. Mais il ne le demeura guère longtemps, car le 27 juillet 1911, il adressa à ce dernier une lettre de démission en raison d’une inculpation de trafic de mandat. Traduit en Cour d’assises, il fut acquitté et s’expliqua lui-même dans une séance du conseil municipal, le 17 novembre 1911, en réponse aux attaques des élus de la droite. Il évoqua également son passé intègre et le témoignage de Mistral qui écrivit une lettre en sa faveur lors de son procès. Louis Roux ne fut pas candidat au renouvellement de 1912.

Après la guerre, il passa au Parti communiste et fut candidat au conseil général le 14 mai 1922, dans le 9e canton de Marseille. Dans une réunion publique, l’avant-veille, il avait déclaré que pour lui le PC était l’ancien Parti socialiste. Louis Roux obtint 696 voix sur 4 657 votants et 7 734 inscrits au 1er tour. Il participa aussi à la campagne en faveur de la liste communiste, pour les élections législatives de 1924 à Aubagne, notamment le 30 avril lors d’une réunion contradictoire, ainsi qu’à la commémoration solennelle du dixième anniversaire de la Révolution russe, le 29 octobre 1927, à Marseille où il prit la parole à la place de Jacques Sadoul* qui n’avait pu assister à la cérémonie. En septembre 1934, il prit la parole à Marseille dans les meetings organisés par la Ligue internationale des jeunes contre la guerre.

Nous ignorons à quelle époque Louis Roux quitta le PC, mais nous savons qu’il se présenta sous l’étiquette de républicain socialiste au conseil général dans le canton de Roquevaire en octobre 1931. Il défendit notamment le régionalisme provençal dont Lascours était alors, dans ce canton, l’un des foyers d’animation mais il n’obtint qu’un résultat médiocre.

En revanche, il poursuivit son œuvre littéraire, sous forme de publications, de conférences, notamment à l’École constantinienne où il évoqua le fédéralisme de Mistral, au Calen prouvençau, où il parla de Clovis Hugues et de son œuvre et sur lequel il composa une ode connue dans les cercles provençaux. Selon l’Armana Marsihès de 1932, et le témoignage de Jorgi Reboul, il fut, à cette époque, président d’un comité Clovis Hugues destiné à ériger un monument à la mémoire de ce dernier, mais sans résultat. En 1934-1935, chaque semaine, il fit sur les ondes de Radio-Marseille, un cours de littérature provençale, illustré par des commentaires de Mireille et de Calendal.

A la mort de Louis Roux, Isoard salua en lui « un brillant poète félibre marseillais — trop méconnu, semble-t-il — au surplus éloquent avocat et maître conférencier, affranchi de toute tutelle, toujours fidèle à l’esprit ». Il fut inhumé, comme il l’avait souhaité, à L’Étoile-le-Château.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article130094, notice ROUX Louis, Baptistin par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Antoine Olivesi

ŒUVRE : Dins lis ort de la Coumtesso (Dans les jardins de la Comtesse), dactylographié (inédit). — Préface à Valère Bernard, La feruno, Marseille, 1938. — Quelques poèmes dans P. Roubaud : En mémori et laurenso dou pastrihoun-felibre Louis Roux, Aix, 1958. — En langue française : Les Siècles d’Or, Éditions de la Jeune Académie, 1930. — L’Esprit méditerranéen, La Pierre d’Angle, La Gloire de Mistral, dans diverses revues. — Poèmes : Lueurs et Clartés, Les Chants de l’Homme, Le triomphe de Prométhée (pièce en trois actes).

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, II M 3/46, 47, 55 ; III M/48, 51 et 56 ; V M 2/218, 225, 231 et 282 ; M 6/10806. — Le Sémaphore, 10 avril 1910. — Le Petit Marseillais, 28 septembre 1908, 18 novembre 1911, 15 mai 1922. — J. Isoard, « Chroniques provençales, Le Souvenir de Louis Roux, Avocat, Félibre marseillais », in Lou Liame, n° 49, 1973. — Ibid, Les Écrivains marseillais de langue provençale, Toulon, 1971. — Marie-Édith Parisse, Les élections législatives à Marseille en 1910, MM, Aix, 1971. — Rens. de F. Gouin, R. Jouveau, J. Reboul et Claude Mauron.

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