ROUX-ZOLA Frédéric [ROUX Frédéric-Zola dit]

Par Antoine Olivesi

Né le 14 septembre 1903 à Ganges (Hérault), mort le 5 septembre 1977 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; agent technique à la Compagnie d’électricité de Marseille ; secrétaire du syndicat CGT de l’Électricité et trésorier de la Fédération communiste des Bouches-du-Rhône avant 1939 ; rédacteur en chef du Midi syndicaliste (1936-1939).

Frédéric Roux est plus connu dans les Bouches-du-Rhône sous le nom de Roux-Zola. En fait, son prénom fut intentionnellement choisi par son père, Frédéric Roux*, dreyfusard et admirateur d’Émile Zola.

Roux-Zola fit des études primaires et primaires supérieures, d’abord à Ganges puis à Troyes, pendant la Première Guerre mondiale, et obtint son brevet élémentaire. En 1920, il entra comme agent technique à la compagnie privée d’Électricité de Marseille (CPE). Il était vérificateur électricien en 1937. Il continua sa carrière, ensuite, à l’EDF, après 1945 jusqu’en 1958, année où il prit sa retraite à Marseille.

En 1919, Roux-Zola était membre des Jeunesses socialistes à Ganges puis du Parti socialiste à Troyes. Il adhéra ensuite aux Jeunesses communistes. Arrivé à Marseille, il milita avec Gabriel Péri* et Aimé Carlier*. Il devint secrétaire de la 22e Entente des JC après le départ de Gabriel Péri. En août 1925, il appartenait à la cellule n° 1 du IIIe rayon de Marseille et participa à la campagne pour la préparation du congrès contre la guerre du Maroc qui se tint le 23 août dans cette ville. En août 1926, il était trésorier de la 22e Entente des Jeunesses communistes qui comptait alors 150 adhérents. Il devint plus tard trésorier de la Fédération départementale du PC. Membre du bureau du syndicat CGT de l’Électricité de Marseille en 1921, il militait également à l’Union locale unitaire en 1922-1924.

Peu après, Roux-Zola s’installa à Roquefort-La-Bédoule où il fonda avec son beau-père Lazare Piovano* la cellule du PC. Il avait épousé en 1924 Marguerite Piovano*, également membre des JC et fille d’une militante communiste, Mireille Piovano*. Ils eurent trois enfants. Dès 1928, il fut rédacteur à Provence ouvrière et paysanne puis à Rouge-Midi. De retour à Marseille vers 1930, il fut le candidat communiste aux élections cantonales de 1931 et de 1934, dans le 8e canton. Il obtint 384 suffrages en octobre 1934. Il fut également délégué au congrès d’Amsterdam-Pleyel en 1932, par le syndicat de l’Électricité de Marseille. Roux-Zola habitait le quartier ouvrier de la Belle-de-Mai où il résida jusqu’à sa mort. En 1934, il était membre du conseil d’administration de la région méditerranéenne du PC. Il participa aux congrès régionaux de son parti.

Roux-Zola participa à plusieurs grèves des électriciens dont l’une dura dix-sept jours. Au moment de la réunification syndicale, il joua un rôle de premier plan dans les négociations entre confédérés et unitaires. Il était alors secrétaire du syndicat de l’Électricité. Il fit partie, après la fusion en janvier 1936, de la commission de contrôle à la commission administrative de l’Union départementale, comme membre suppléant. Pendant les grandes grèves de 1936, il dirigea le syndicat du Gaz et de l’Électricité. L’année suivante, en juin, à Lyon, au XVe congrès de la Fédération CGT de l’Éclairage et des Forces motrices, il défendit l’idée d’un statut unique applicable à tous les électriciens et gaziers des différentes sociétés. En juillet 1936, au congrès d’Aix, il avait été élu membre du bureau de l’UD et secrétaire chargé du journal Le Midi syndicaliste. Il fut réélu, l’année suivante, le 12 juillet 1937, à la commission administrative de l’UD, derrière Charles Nédelec*, et devint rédacteur en chef du Midi syndicaliste où il écrivit plusieurs articles, notamment sur son voyage en URSS (trente jours en Union soviétique) où il représenta l’Union départementale au XXe anniversaire de la révolution bolchevique. Il s’occupa également de la Maison de la culture à Marseille et fut mêlé aux actions politiques et sociales du Front populaire dans cette ville. Il fut par ailleurs délégué au congrès national du PC à Villeurbanne, en 1936. Après le reflux syndical consécutif au semi-échec de la grève du 30 novembre 1938, Roux-Zola devint momentanément gérant du Midi syndicaliste en février 1939.

Réformé pour myopie à la déclaration de guerre, Roux-Zola fut inscrit sur le carnet B. Dès la fin septembre, il fut l’objet à la fois de l’hostilité des ex-confédérés qui l’invitèrent à démissionner de ses fonctions syndicales et de la surveillance policière. Le 2 octobre, il fit partie des militants communistes dont la correspondance fut saisie par ordre préfectoral. En décembre, il fut accusé de tenir des réunions clandestines communistes à La Bédoule. Le 1er mars 1940, il fut arrêté puis interné au camp de Chabanet (Ardèche). Il fut ensuite transféré au camp de Saint-Angeau dans le Cantal, puis au camp de Chibron (Signes, Var) à son ouverture, le 20 juin 1940. À la dissolution du camp, il fut transféré dans celui de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) le 16 février 1941. Plusieurs avis défavorables à sa libération furent donnés en 1941, tant par le commissaire en charge de la police spéciale que par le responsable du camp de Saint-Sulpice. Interrogé par le commissaire du camp le 11 juin 1941, il se présenta comme simple militant communiste à partir de 1922, n’ayant pas fait preuve d’une importante activité sur le plan syndical comme sur le plan politique, sinon en se présentant aux élections cantonales en 1928 et 1929. Il signerait volontiers l’acte de loyalisme au gouvernement du maréchal Pétain et dit n’avoir pas participé à la manifestation du 2 avril car il était resté dans sa baraque. S’il ne s’est pas désolidarisé, c’est parce qu’il était contre l’envoi des « meneurs » en déportation en Afrique du Nord. Il fut libéré cependant le 27 avril 1942, mais, ayant été révoqué, il ne put retrouver son emploi, ce dont il se plaignit le 7 juillet suivant. Il renoua avec le parti communiste clandestin et fut l’objet d’une perquisition, le 16 août 1943 dans le cadre d’une opération qui visait plusieurs militants de Marseille et de la région. La police trouva chez lui des tracts et des brochures et essaya de l’appréhender, mais il plongea le jour-même dans la clandestinité. Sous le pseudonyme de Gabriel, il devint responsable de l’UD-CGT clandestine Drôme-Ardèche.
À la Libération, il reprit ses fonctions syndicales et réclama la réquisition de l’Électricité de Marseille dont les dirigeants avaient collaboré avec les Allemands. En un mois, avec l’appui du personnel, il parvint à remettre en état le réseau de distribution de Marseille. Au niveau national, il fit partie de l’équipe qui aida le ministre Marcel Paul* à nationaliser l’EDF-GDF. Il s’occupa plus particulièrement du statut du personnel. Dans les Bouches-du-Rhône, Frédéric Roux-Zola fut secrétaire administratif de l’UD-CGT, membre du comité fédéral du PCF pendant plusieurs années, et candidat sur la liste communiste aux élections pour l’Assemblée constituante en octobre 1945. Il poursuivit son activité sous la IVe et la Ve République et participa à plusieurs congrès nationaux de son parti. Il fut, jusqu’à sa mort, directeur des publications du quotidien la Marseillaise. En 1975, la CGT lui demanda de parrainer le Midi syndicaliste dont le titre fut repris sous la forme de bulletin intérieur de l’UD, puis transformé en journal, de nouveau, en 1978.

Malgré un mauvais état de santé, Roux-Zola assuma jusqu’au bout ses fonctions à La Marseillaise dans le domaine, notamment, de la défense juridique en matière de procès de presse.

Mort à Marseille, il fut incinéré.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article130121, notice ROUX-ZOLA Frédéric [ROUX Frédéric-Zola dit] par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 19 septembre 2021.

Par Antoine Olivesi

SOURCES : Arch. Nat. F7/13050.— Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, V M 2/282 ; M 6/10802, 10805-10806, 10823, 10933, 11249, 11379 et 5 W 212 (dossier d’internement). — Arch. Dép. Var, 4 M 291. — Le Midi syndicaliste, 1936-1938, 8 juin 1945. — Rouge-Midi, 5 septembre, 14 et 15 octobre 1945. — La Marseillaise, passim et 6 au 10 septembre 1977.— M.-A. Stagliano, Le Midi syndicaliste, de 1923 à 1939, Mémoire de Maîtrise d’histoire, Aix, 1974. — A. Mouton, Notes d’un vétéran sur les soixante ans du Parti communiste français, 1920-1980, Arles, 1981. — Entretiens avec le militant.— notes Jean-Marie Guillon.

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