ROUZÉ René, Charles

Par Jean Gaumont et Yves Le Maner

Né le 22 décembre 1875 à Douai (Nord), mort le 12 novembre 1956 à Waziers (Nord) ; ouvrier mineur ; socialiste, syndicaliste, coopérateur ; conseiller municipal de Douai.

Né dans une famille ouvrière, orphelin très jeune, René Rouzé fut placé dès l’âge de douze ans dans une verrerie de Dorignies comme porte-bouteilles. C’était un travail si pénible qu’il put considérer le métier de « galibot » au fond de la mine comme une sorte de promotion dans le travail. Vers 1895, il adhéra au syndicat des mineurs où il rencontra Charles Quintin*. Bientôt il fut attiré par l’activité coopérative.

À ce moment existait à Dorignies une petite coopérative « la Fraternelle ». En 1898 René Rouzé lui apporta son concours sans pouvoir d’ailleurs empêcher sa disparition. Obligé de quitter Dorignies pour Pont-de-la-Deule (Nord), il y continua ses activités syndicales et politiques et de 1903 à 1908, siégea au conseil municipal. Ses camarades de la mine le choisirent alors comme délégué à la sécurité, fonction nouvelle. Puis la coopération le reprit définitivement. En 1905, il fut l’un des principaux fondateurs de « l’Humanité » de Pont-de-la-Deulle, une boulangerie. De retour à Dorignies, il prit l’initiative de la création en 1910 de « l’Espoir des Travailleurs » et en eut la présidence. René Rouzé joua un rôle important dans la constitution des organisations ouvrières du Douaisis. Délégué mineur du « Jeune syndicat » de Benoît Broutchoux*, il succéda à Charles Goniaux* au secrétariat de la section des mineurs de Dorignies en 1906, poste qu’il conserva jusqu’en 1925. A ce titre, il déclencha la grève de solidarité envers les mineurs du Pas-de-Calais de juin 1919.

Pendant la guerre de 1914-1918, mobilisé aux mines de Ligny-lès-Aire (Pas-de-Calais) il reçut mission de l’administration du ravitaillement et d’assurer la répartition du pain à la population des localités de la concession minière, toute proche de la zone du feu. L’Union des coopérateurs du Pas-de-Calais créée en 1918 à l’instigation de l’instituteur et militant socialiste César Bernard, ouvrit des succursales dans cette région. René Rouzé fut chargé de la première à Estrée-Blanche (Pas-de-Calais). La guerre finie, revenu dans la région douaisienne à la tête de « l’Espoir des Travailleurs » de Dorignies, René Rouzé et son camarade de syndicat Quintin s’associèrent au mécanicien Paul Foucaut* de « la Prolétarienne » de Sin-le-Noble. Après une entrevue à Paris, Foucaut et Quintin acceptèrent à la FNCC la tâche d’entreprendre la concentration des coopératives du Douaisis. Les trois amis furent, à l’Union des coopérateurs de l’arr. de Douai, les animateurs de la coopération et en firent un mouvement très vigoureux. Leur collaboration dura jusqu’à la mort de Foucaut en 1933. À cette date, René Rouzé, déjà administrateur, devint directeur, puissamment aidé dans sa tâche par le chef comptable et financier Abner Decloquement*. La guerre, la mobilisation, l’occupation freinèrent son avance, mais les dirigeants, Charles Quintin, président, et René Rouzé, directeur, la maintinrent vivante et la firent même progresser.

En 1947, Rouzé remplaça Quintin à la présidence et demeura à ce poste jusqu’en 1949 ; son âge le contraignit alors à se retirer.

Élu conseiller municipal de Douai en 1919, resté fidèle à la SFIO (à laquelle il appartenait depuis 1906) lors de la scission de 1921, René Rouzé cessa toute activité syndicale après sa réélection en 1925 pour se consacrer plus efficacement à la section socialiste de Douai dont il était l’un des secrétaires depuis 1919. Il fonda, avec André Canivez, le Beffroi de Douai dont il devint le gérant. Ce journal avait pour but de soutenir la municipalité dirigée par Léon Escoffier* et de patronner les candidats socialistes dans toutes les élections politiques. Rouzé siégea au conseil municipal jusqu’en 1935. Secrétaire général de la section de Douai (environ 175 adhérents) et de la section de l’arrondissement centré sur la même ville (dix-huit sections locales) de 1933 à 1940, il fut, pendant la même période, membre de la commission administrative de la Fédération socialiste du Nord et également secrétaire adjoint de la Fédération du Nord de la Libre pensée.

Après la Seconde Guerre mondiale, René Rouzé présida la section CGT des mineurs retraités de Dorignies dont il fut le délégué au congrès national de la Fédération des mineurs en 1946.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article130136, notice ROUZÉ René, Charles par Jean Gaumont et Yves Le Maner, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Jean Gaumont et Yves Le Maner

SOURCES : Arch. Dép. Nord, M 154/178B et M 154/279. — Jacques Fontaine, Biographie des militants ouvriers de l’arrondissement de Douai (socialistes, chrétiens et exclus du PC) de 1919 à 1939, Lille III, Mémoire de Maîtrise, 1974. — Le Coopérateur de France, 17 septembre 1949, 24 décembre 1955, 24 novembre 1956.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable