SALACROU Armand

Par Claude Pennetier

Né le 9 août 1899 à Rouen (Seine-Inférieure), mort le 23 novembre 1989 au Havre (Seine-Maritime) ; écrivain et dramaturge ; un temps rédacteur à l’Humanité et à L’Internationale ; membre de l’Académie Goncourt.

Fils d’un pharmacien-herboriste, Armand Salacrou fit très tôt preuve d’un esprit indépendant (il refusa de faire sa première communion) et d’un grand intérêt pour les arts. Compagnon d’études de Georges Limbour, Jean Dubuffet et Raymond Queneau au lycée du Havre, il fit parvenir, en 1916, à L’Humanité un conte, L’Éternelle chanson du gueux, inspiré par la vision des émigrants en gare du Havre. La même année, il fonda les Jeunesses socialistes au Havre.

En 1917, Armand Salacrou partit à Paris pour faire des études de médecine, fut reçu au PCN puis entreprit une licence de philosophie qu’il obtint en 1920. Sous la direction de Victor Basch, il fit un diplôme d’études supérieures sur l’esthétique du philosophe italien Benedetto Croce (juillet 1921). Parallèlement sa collaboration à la presse s’était accrue : en octobre 1920, il entrait à l’Humanité et, l’année suivante, devint l’un des rédacteurs du quotidien du soir que lança le Parti communiste, sous la direction de Paul Vaillant-Couturier : L’Internationale. Il y publia des correspondances ouvrières, imaginant « le concours du plus mauvais patron » qui fut attribué à Louis Renault. En novembre 1922, il signa la déclaration de la tendance Dondicol-Renoult à propos du Front unique.

Préparant une licence de droit, Armand Salacrou se lia avec des surréalistes : Jean Reverdy, Michel Leiris, André Masson, Juan Gris et Robert Desnos. En 1923, il écrivit sa première pièce, Le Casseur d’assiettes, qui ne fut pas jouée. Devenu secrétaire de Charles Dullin au théâtre de l’Atelier, sa seconde pièce, Tour à terre, jouée en 1925, fut un échec. Ce n’est que dix ans plus tard qu’il rencontra le succès avec Une Femme libre. Entre temps, Armand Salacrou avait lancé une petite affaire de publicité qui devint l’une des premières de France, inventant le slogan célèbre : « Marie-Rose, la mort parfumée des poux », pour une lotion mise au point par son père.

Mobilisé en 1939, fait prisonnier le 18 juin 1940 à Brest (Finistère), Armand Salacrou s’évada même jour. En 1942, il rejoignit le Front national et, en 1944, s’engagea dans les Forces françaises libres.

En 1960, il donna Boulevard Durand, drame inspiré par l’histoire du syndicaliste révolutionnaire du Havre, Jules Durand, condamné à mort en 1910, pour l’assassinat d’un « jaune », sur la base de faux témoignages.

Président du Centre français du théâtre, de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (1965-1973), membre de l’Académie Goncourt à partir de 1949, Armand Salacrou était resté attaché à la ville du Havre dont le député-maire René Cance était son ami.

En 1974-1976, il publia deux volumes de mémoires, Salle des pas-perdus.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article130268, notice SALACROU Armand par Claude Pennetier, version mise en ligne le 4 janvier 2021, dernière modification le 2 décembre 2020.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Bibliothèque municipale du Havre, Hommage à Armand Salacrou, Isoète, 1990. — Dict. des auteurs, t. 4, Laffont-Bonpiani, 1980. — Dict. Pharos, 1954-1955. — L’Humanité, 6 janvier 1921, 10 août 1989. — L’Internationale, avril 1921-décembre 1922. — Thierry Lefebvre, « La mort parfumée des poux. Petite archéologie de la publicité pharmaceutique radiophonique. Suivi d’un Historique des spécialités de C. et A. Salacrou », publié dans Revue d’Histoire de la Pharmacie n°336, 2002 (pp. 650-651). — Notes de Renaud Poulain-Argiolas.

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