SALES Jacques, Raphaël, Antoine

Par André Balent

Né le 17 juin 1877 à Prats-de-Mollo (Pyrénées-Orientales), mort le 15 mai 1938 à Prats-de-Mollo ; cordonnier ; militant radical-socialiste, socialiste SFIO puis communiste ; animateur (1929-1938) de l’Union ouvrière et paysanne ; conseiller municipal et maire de Prats-de-Mollo-La Preste.

Jacques Sales fut élu conseiller municipal de Prats-de-Mollo le 30 novembre 1919 sur une liste de tendance radicale-socialiste. Il adhéra vraisemblablement, comme l’ensemble du conseil municipal, à la section socialiste SFIO de Prats-de-Mollo lorsque celle-ci se constitua le 12 août 1922. Le 5 mai 1925, il fut réélu conseiller municipal, la liste socialiste SFIO conduite par Philippe Coromines* emportant la totalité des 21 sièges à pourvoir.

A la fin de l’année 1928 une crise ébranla la SFIO pratéenne. Une partie des conseillers municipaux, parmi lesquels Jacques Sales, adhéra au Parti communiste. Dès le 14 octobre 1928 ce dernier, colistier de Julien Costesèque*, fut candidat communiste au renouvellement des conseils d’arrondissement (14 octobre 1928) dans le canton de Prats. Il recueillit 366 voix et fut battu par les candidats de la SFIO Joseph Nivet* et Jean Cassu*. Cette élection avait provoqué un affrontement public entre Jacques Sales et Jean Cassu, ce qui rendit la municipalité de Prats ingérable. De nouvelles élections municipales eurent lieu les 23 et 30 décembre 1928.

La liste du Bloc ouvrier et paysan, conduite par Jacques Sales, conquit la totalité des sièges. Le 1er janvier 1929, il fut élu maire de Prats-de-Mollo-La Preste. Le 5 mai 1929, le conseil municipal communiste élu en décembre 1928 fut réélu dans sa totalité. Les autorités considéraient Jacques Sales comme « dévoué aux intérêts de la commune », entretenant de « bons rapports avec la sous-préfecture ».

En mai 1929, Prats-de-Mollo était, après la perte de Rivesaltes, la seule commune des Pyrénées-Orientales administrée par le Parti communiste. Toutefois ces transfuges de la SFIO constituaient, aux yeux des dirigeants de la Région du Midi du PC un danger. Firmin Pélissier*, rapporteur au nom de la direction régionale, dénonçait déjà en novembre 1928 le danger d’opportunisme qui guettait une municipalité où l’influence de Jacques Sales, considéré comme un social-démocrate, était grande. Toléré dans les rangs du Parti communiste tant qu’il était un militant de base, Jacques Sales élu maire d’une commune relativement importante, devenait dangereux. Après l’élection de mai 1929, Firmin Pélissier s’en prit à nouveau à Jacques Sales critiquant ses rapports avec l’administration. Peu après, Jacques Sales fut exclu du Parti communiste, entraînant la majorité du conseil municipal de Prats-de-Mollo dans une « dissidence ».

Les communistes « dissidents » pratéens qui prirent le nom d’Union ouvrière et paysanne constituèrent jusqu’en 1940 la principale force politique de Prats-de-Mollo. Il ne semble pas, toutefois, qu’ils aient essayé de prendre contact avec une organisation communiste d’opposition structurée au plan national. A aucun moment ils ne furent tentés de rejoindre la SFIO. En 1935-1936, ils s’associèrent au Front populaire.

En août 1933, les rivaux des « communistes dissidents » pratéens ne rassemblaient qu’un nombre assez réduit d’adhérents : la section socialiste SFIO en comptait une vingtaine, le Parti communiste huit à dix ; parmi eux, deux conseillers municipaux élus en mai 1929 sur la liste conduite par Jacques Sales : André Deniau et Jean Guisset* (voir Jean Guisset dit Deschanel*). Le Parti communiste tenta en vain d’évincer les « dissidents » : il créa un groupe de la Confédération générale des paysans travailleurs (voir Sylvestre Aspart*) qui rassembla « 80 fermiers ou métayers d’opinions politiques diverses [...] ». En riposte et afin de trouver un débouché local aux produits des éleveurs de Prats-de-Mollo, les dissidents créèrent une boucherie coopérative dont Jacques Sales devint le gérant.

En mai 1935, les électeurs pratéens réélirent les conseillers municipaux « communistes dissidents » de l’UOP et Jacques Sales fut à nouveau désigné maire de Prats-de-Mollo, mandat qu’il ne put achever. Ce fut Joseph Noell*, militant de l’Union ouvrière et paysanne qui lui succéda.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article130291, notice SALES Jacques, Raphaël, Antoine par André Balent, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par André Balent

SOURCES : Arch. Nat. F7/13117. — Arch. Dép. Pyrénées-Orientales 2 M 5/247, 249, 268 II, 282, 302, 303, 304, 315 ; versement du cabinet du préfet, liasse 64. — BMP, microfilm n° 360. — Le Travailleur du Languedoc, 1929-1930. — Horace Chauvet, La Politique roussillonnaise de 1870 à nos jours, Perpignan, 1934. — Lettres de P. Noell.

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