SAUVEPLANE Henri

Par Frédéric Robert

Né le 5 novembre 1892 à Paris, mort le 30 octobre 1942 [n.c.e.c.] à Castel-Viel (Corrèze) ; compositeur ; critique musical à l’Humanité.

Le principal mérite de ce compositeur communiste est d’avoir le premier dirigé les Éditions musicales « Le Chant du Monde », distributeurs exclusifs du fonds musical des Éditions sociales internationales qu’il dirigeait également. Henri Sauveplane tint la plume de critique musical dans l’Humanité et signa pour le numéro spécial des Cahiers du bolchevisme consacré au 150e anniversaire de la Révolution française (juillet 1939) une étude traitant De l’influence de la Révolution française sur la musique du XIXe siècle. Il transcrivit, de façon d’ailleurs très contestable, les premières musiques civiques à avoir été enregistrées sur disques 78 tours et fut l’adjoint musicologique de Joseph Kosma pour le film La Marseillaise de Jean Renoir* (1938).

Dans une perspective militante se situent parmi les compositions musicales d’Henri Sauveplane beaucoup plus dignes d’intérêt, Le sac mal fait et La corvée de bois, deux des Chants du campeur inspirés à Paul Vaillant-Couturier* par les premiers bénéficiaires des congés payés — d’autres poésies de ce même ensemble ayant été mises en musique par Georges Auric, Yvonne Desportes et André Jolivet. De 1936 date le Prélude pour harmonie dédié à Maurice Thorez*. Ses chœurs, généralement conçus pour voix de femmes et piano, comme ses mélodies, témoignent d’un goût certain quant au choix de leurs supports littéraires. Ses partitions de chambre comme la Sonate pour piano et violon et le Quatuor à cordes relèvent, elles, d’un folklorisme proche de celui du Breton Paul Ladmirault.
En mai 1938, Henri Sauveplane se plaignait dans L’Art musical populaire de la « mentalité déformée » des harmonies populaires et de leurs préjugés contre les musiciens modernes. Suzanne Cointe, secrétaire de la Fédération musicale populaire FMP et de la Chorale populaire de Paris lui répondit énergiquement dans le numéro suivant. Ils se connaissaient bien puisqu’il était membre du bureau de la Fédération musicale populaire FMP avec Suzanne Cointe, Georges Auric, Roger Desornière, Henri Radiguère.

Henri Sauveplane était, assurément, loin d’avoir donné toute sa mesure lorsqu’il mourut à peine quinquagénaire chez Renaud de Jouvenel. Autre fondateur des Éditions Le Chant du Monde, Léon Moussinac*, qui consacra à cette disparition prématurée une belle poésie (Adieux à Henri Sauveplane), datée du 1er novembre 1942 et insérée dans ses Poèmes impurs, rapporte dans son Journal d’un prisonnier politique 1940-1941 intitulé Le Radeau de la Méduse que « les privations et la colère avaient ruiné sa santé » (p. 70), allusion explicite à la défaite et à l’Occupation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article130621, notice SAUVEPLANE Henri par Frédéric Robert, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 16 novembre 2020.

Par Frédéric Robert

DISCOGRAPHIE : Prélude pour harmonie (Musique des Gardiens de la paix de Paris, dir. Désiré Dondeyne) et Le sac mal fait (Chorale populaire de Paris, dir. Gilbert Martin-Bouyer avec Jean-Christophe Benoît, baryton et Monique Paubon, piano) dans Chansons et Musiques du Front Populaire, disque SERP, 30 cm/33 t., 1976. — Prélude pour harmonie (Musique des Gardiens de la paix de Paris, dir. Claude Pichaureau) avec Marche Funèbre de Charles Koechlin, A Glorious Day d’Albert Roussel et les Interludes pour Le 14 Juillet de Romain Rolland* (Ibert, Auric, Milhaud, Roussel, Koechlin, Honegger, Lazarus) sur disque compact Corélia, CCD 88615, 1988.

SOURCES : René Dumesnil, La musique contemporaine en France, Éd. Armand Colin, 2e éd. 1949. — L. Moussinac, Poèmes impurs, Éd. du Sagittaire, 1945 et Le Radeau de la Méduse, Journal d’un prisonnier politique 1940-1941, Éd. Hier et Aujourd’hui, 1945.

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