SAXER Francine, Lucienne, Germaine

Par Daniel Grason

Née le 23 juillet 1926 à Souday arrondissement de Vendôme (Loir-et-Cher), morte le 6 octobre 2013 à Bobigny (Seine-Saint-Denis) ; dactylographe ; militante des jeunesses communistes.

Francine Saxer fille de Lucien et de Lucienne, née Leclair, journaliers, elle demeurait chez ses parents 74, rue de l’Arbre-Sec (Paul-Vaillant-Couturier), à Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine). Du fait du décret-loi du 26 septembre 1939 portant dissolution du parti communiste et de ses organisations, les jeunesses communistes s’adaptèrent pour poursuivre leur activité dès 1940. Francine Saxer était la trésorière et Maurice Simondin dix-neuf ans, le secrétaire d’un groupe de trente-huit adhérents. Le souffle du Front populaire animait le groupe des jeunesses communistes qui organisait des sorties à bicyclette, animait un comité d’entraide d’une vingtaine de membres, la pratique d’un sport permettait des contacts avec les jeunes de la localité, football pour les garçons, basket et volley-ball pour les filles, ces trois activités concernaient cent-soixante jeunes, Francine Saxer était membre du groupe sportif.
Le 26 juillet 1940, sortant de la clandestinité, Jean Grandel*, maire destitué se présenta à la mairie pour se mettre au service de ses administrés. Il se fit éconduire et alla imprudemment à son domicile de la rue Claude-Bernard, dans la cité jardins où le commissaire d’Asnières et un inspecteur principal adjoint de la police judiciaire l’arrêtèrent pour « provocation à l’attroupement » et avoir aidé deux militants communiste de la ville à « propager les mots d’ordre de la IIIe Internationale ». Jean Grandel paiera cette illusion légaliste de sa vie le 22 octobre 1941 à Châteaubriant (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) où il sera fusillé par les allemands comme otage avec vingt-six autres internés.
Les militants communistes jeunes et adultes de la ville réagirent à son arrestation en collant des papillons : « Thorez au pouvoir. Tel est le cri de la jeunesse de France – Vive la paix ! ». « Rendez à leurs foyers nos frères, nos fiancés, donnez-leur du travail. La Jeunesse Communiste de France ». « Libérez Grandel et tous nos camarades ». Pour le XXIIIe anniversaire de la révolution d’octobre, les jeunes communistes inscrivirent sur les murs des inscriptions à la craie sur les murs, à la peinture sur la chaussée : « Vive Staline ! », « Vive l’URSS ! »
Le 27 décembre 1940 en soirée, un jeune communiste de dix-sept ans, muni d’un pot de peinture, d’un pinceau et d’un lot de caractère d’imprimerie attendait ses coéquipiers pour tracer des mots d’ordre de la jeunesse communiste sur la chaussée, dans la cité jardins. Il fut surpris par trois agents et prit la fuite, mais ceux-ci le rattrapèrent. À la suite de cette interpellation, le lendemain, Raymond Lefèvre, dix-sept ans, manœuvre et Robert Tily*, dix-sept ans furent arrêtés ainsi que Charles Lacave, quarante-sept ans, manœuvre au Carbone Lorraine. Ils détenaient tous les trois du matériel de propagande du Parti communiste, ils furent inculpés d’infraction au décret du 26 septembre 1939. Le 29 décembre, la police arrêtaient quinze autres jeunes dont Maurice Simondin et Fernand Bée. Une liste de vingt et un membres de l’organisation fut saisie, huit jeunes filles furent appréhendées parmi lesquelles Francine Saxer, arrêtée par deux inspecteurs. Conduite au commissariat d’Asnières, puis au dépôt, ses parents furent convoqués par un juge d’instruction.
Dans un rapport en date du 8 avril 1941, adressé au Directeur des renseignements généraux, le commissaire de police de la circonscription d’Asnières indiquait que depuis novembre 1940, il a procédé à cinquante-trois arrestations. Il précisait « À Gennevilliers le groupement des Jeunesses communistes a été annihilé complètement, à la suite de l’arrestation en décembre de seize de ses membres dont le bureau responsable ».
Le 10 mai 1941, Francine Saxer fut condamnée par la XVe chambre correctionnelle à six mois de prison qu’elle effectua à Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Remise en liberté le 1er juillet 1941, elle signa au moment de sa sortie un texte type où elle déclarait : « désapprouver l’action communiste clandestine sous toutes ses formes ». Elle prenait l’engagement de ne plus se livrer « à aucune activité communiste ».
La préfecture de police déclencha le 24 septembre 1942, une opération de vaste envergure sur le département de la Seine. Les gendarmes et les policiers des différents services appréhendèrent au petit matin plus de mille six cents communistes en application du décret-loi du 18 novembre 1939 prévoyant l’extension des mesures d’internement prises à l’encontre des « individus dangereux pour la défense nationale et pour la sécurité publique » sur décision du préfet. Francine Saxer fut internée au camp de La Lande à Monts (Indre-et-Loire). Vingt-huit autres militants furent appréhendés dont deux jeunes filles arrêtées en décembre 1940 Jeanne et Lucette De Pryck* également internées dans le même camp.
Francine Saxer travaillait comme dactylo à la General Motors à Gennevilliers, la direction intervint auprès des autorités allemandes pour demander sa libération. La direction du camp de La Lande y était opposée la considérant « comme une militante communiste dangereuse ». Le préfet d’Indre-et-Loire prit un arrêté ordonnant sa libération le 24 juin 1943, elle fut libérée le 2 juillet, conduite à son arrivée à Paris à la préfecture de police, puis au siège de la Gestapo rue des Saussaies, VIIIe arr. La direction du camp de La Lande interceptait le 20 juillet 1943, une lettre destinée à Lucette De Pryck, Francine Saxer expliquait que sa libération était due à « l’insistance des patrons », elle lui demandait « de croire en sa parole ».
Après la Libération, elle témoigna devant la commission d’épuration de la police sur les circonstances de son arrestation : « J’ai été insultée mais pas frappée ». Elle confirmait que sa libération s’était faite : « sur intervention de la maison qui m’emploie encore actuellement ».
Elle épousa le 26 décembre 1942 Maurice Frydman en mairie de Gennevilliers. Elle se remaria en 1945 avec Gérard Rivaud.
Elle mourut le 6 octobre 2013 à Bobigny (Seine-Saint-Denis).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article130662, notice SAXER Francine, Lucienne, Germaine par Daniel Grason, version mise en ligne le 18 septembre 2011, dernière modification le 28 mars 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 1836, BA 1931, BA 1932, BA 2374, KB 43, KB 100, PCF carton 7, PCF carton 10, 77W 23. – Bureau Résistance (pas de dossier). – État civil, Souday. – État civil numérisé Match ID.

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