Par Justinien Raymond
Né le 6 septembre 1864 à Saint-Brice-sous-Forêt (Seine-et-Oise) ; mort le 11 mars 1936 à Rennes (Ille-et-Vilaine) ; historien, professeur à la faculté de Rennes ; socialiste d’Ille-et-Vilaine.
Henri Sée, fils d’un officier d’artillerie israélite, fut élevé à Paris, fit ses études au lycée Henri-IV, puis à la Sorbonne où il eut comme maîtres Fustel de Coulanges, Achille Luchaire, Gabriel Monod, Ernest Lavisse, Charles Seignobos. Agrégé d’histoire en 1887, il enseigna tour à tour aux lycées de Poitiers, Nevers et Chartres. En 1892, il soutint une thèse de doctorat qui lui valut en 1893 le poste de maître de conférences d’histoire moderne et contemporaine à la Faculté des Lettres de Rennes, puis la chaire de professeur à la même faculté. Henri Sée enseigna pendant vingt-sept ans : en 1920, son état de santé l’obligea à prendre une retraite prématurée. Mais il continua ses travaux historiques, publiant articles et ouvrages consacrés à l’histoire économique et sociale.
Dès le début de sa carrière, il avait manifesté des tendances socialistes sans se mêler activement à la vie politique. C’est l’affaire Dreyfus qui l’engagea dans l’action. À Rennes comme dans toute la France, l’Affaire remua les universitaires et les intellectuels en général et les mit en contact avec les milieux ouvriers. Francis Delaisi, étudiant, élève d’Henri Sée, membre d’un groupe socialiste de Rennes, servit d’intermédiaire entre les intellectuels dreyfusards et les travailleurs organisés. Henri Sée alla plus loin : avec Victor Basch, universitaire et israélite comme lui, il adhéra au socialisme en s’inscrivant au Groupe d’études sociales de Rennes en 1899. Au congrès socialiste de Paris, salle Wagram (septembre 1900) il représenta le syndicat des Cuirs et Peaux de Rennes, affilié au POSR (Parti ouvrier socialiste révolutionnaire). Il entra à la SFIO en 1905, et en demeura membre jusqu’à sa mort. En 1901, il fut un des fondateurs de l’Université populaire installée à la Bourse du Travail. Après la bataille pour Dreyfus, H. Sée consacra l’essentiel de son activité à la Ligue des droits de l’Homme ; en 1906, il succéda à Jacques Cavalier, à la présidence de la section de Rennes.
Au Parti socialiste H. Sée apporta localement le prestige de son nom. Son œuvre d’historien obéit aux préoccupations qui l’ont guidé comme citoyen.
Par Justinien Raymond
SOURCES : Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit., p. 203. — Armand Rébillon, « Henri Sée. Sa vie et ses travaux ». Annales de Bretagne, 1936.