Par Yves Le Maner
Né le 19 avril 1895 à Hornoy (Somme), mort le 15 mars 1976 à Amiens ; menuisier ; directeur de coopérative ouvrière ; militant syndicaliste et socialiste ; délégué régional de la Fédération CGT du Bâtiment ; président du conseil des prud’hommes d’Amiens ; secrétaire général de l’Union départementale CGT-FO de la Somme.
Fils d’un menuisier, Louis Sellier apprit le métier paternel et l’exerça jusqu’à ce qu’il soit appelé sous les drapeaux, en décembre 1914. Mobilisé au 51e RI, il combattit à Verdun et notamment aux Éparges ; sa brillante conduite au feu lui valut la Croix de guerre avec deux citations. Après sa démobilisation, il regagna Amiens et reprit son métier d’ouvrier menuisier. Il adhéra à la CGT en 1923, devint secrétaire de section, puis secrétaire adjoint du syndicat du Bâtiment et de l’Union locale confédérée d’Amiens. Lors de la réunification de 1935, Louis Sellier fut élu secrétaire du syndicat du Bâtiment d’Amiens et peu après délégué régional de la Fédération CGT du Bâtiment pour les industries du Bois ; il siégea à ce titre à la commission exécutive de la CGT jusqu’en 1939.
En 1930, Louis Sellier avait fondé avec quelques camarades la « Menuiserie Picarde » (aujourd’hui « Menuiserie et ameublement picards »), coopérative ouvrière de production dont il fut le premier directeur et qu’il représenta au conseil national de la coopération. En juillet de la même année, il fut nommé administrateur de la caisse d’Assurances sociales d’Amiens dont il allait devenir président du conseil d’administration en 1938. Élu conseiller prud’homal en 1929, il fut par la suite président du conseil des prud’hommes d’Amiens.
Membre de la commission administrative de la Fédération socialiste SFIO de la Somme dès la fin des années vingt, il fut candidat, sans succès, aux élections municipales de 1935 à Amiens.
Dans les semaines qui suivirent l’invasion allemande de 1940, Louis Sellier relança la « Menuiserie picarde » dont les ateliers avaient été incendiés, ainsi que la caisse d’Assurances sociales « Le Travail », mais dut interrompre son mandat prud’homal après son refus de prêter serment au maréchal Pétain. Dès octobre 1940, il entra en contact avec Louis Saillant*, ex-secrétaire général de la CGT et qui devint en mai 1943, le premier président du Conseil national de la Résistance. Membre du Centre d’études économiques et syndicales (futur Comité national clandestin de la CGT), Sellier participa à de multiples réunions à Paris et dans la Somme pour assurer la mise en marche des syndicats clandestins. Il fut en outre, avec Léon Gontier* et Léon Tellier* l’un des fondateurs du mouvement de résistance Libération-Nord dans la Somme et en devint le responsable départemental avec Gontier. Le 2 août 1943, Louis Sellier fut arrêté, en compagnie de son fils André Sellier, à la sortie d’une réunion clandestine au centre d’Amiens. Détenu pendant quelques jours au camp de Compiègne, il fut ensuite ramené à la prison d’Amiens où il fut témoin de la fameuse « opération Jéricho » : lors du bombardement de la centrale par l’aviation anglaise, il préféra dégager ses camarades ensevelis sous les décombres plutôt que de s’évader. Transféré à nouveau à Compiègne, il en partit le 27 avril 1944 pour Auschwitz dans le « convoi des tatoués » qui l’amena ensuite à Buchenwald, où sa solide constitution lui permit de survivre jusqu’à la libération du camp le 19 avril 1945.
Dès son retour à Amiens, Louis Sellier reprit l’ensemble de ses activités d’avant-guerre : il termina sa carrière à la « Menuiserie picarde » comme président-directeur général en 1961, et fut pendant plusieurs années, au lendemain de la scission de 1947, secrétaire général de l’Union départementale CGT-FO dont il avait été l’un des fondateurs dans la Somme. Il retrouva son siège au conseil des prud’hommes et fut nommé administrateur, puis vice-président de la caisse de Sécurité sociale de la Somme. Il fut en outre conseiller municipal socialiste d’Amiens de 1950 à 1965.
En mars 1950 puis en octobre 1953, il fut signalé comme étant le secrétaire général de l’Union locale FO d’Amiens. Il succéda à ce poste à Norbert Moritz*.
Il retrouva son siège au conseil des prud’hommes et fut nommé administrateur, puis vice-président de la caisse de Sécurité sociale de la Somme. Il fut en outre conseiller municipal socialiste d’Amiens de 1950 à 1965.
Louis Sellier mourut le 15 mars 1976 des suites d’un accident de la circulation.
Il était titulaire de nombreuses décorations : officier de la Légion d’honneur, officier de l’Ordre national du mérite, Croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945, médaille de la Résistance, de déporté résistant, etc.
Par décision municipale de la ville d’Amiens en date du 22 avril 1985, une place porte son nom dans le quartier Saint-Jacques.
Par Yves Le Maner
SOURCES : Le Courrier Picard, 17 mars 1976. — Rens. fournis par Léon Tellier, ancien secrétaire de la Fédération socialiste de la Somme. — Force Ouvrière, hebdomadaire de la CGT-FO, 30 mars 1950, 29 octobre 1953.— Jacques Lejosne, Jackie et Françoise Fusillier, Amiens 1940-1945, À la rencontre des plaques de rues en hommage aux résistants,2016:Notes Annie Pennetier.