SÉMAT Raymond, Fernand, Emmanuel

Par Claude Pennetier

Né le 12 mars 1896 à Mazamet (Tarn), mort le 8 octobre 1962 à Paris (Xe arr.) ; ouvrier métallurgiste ; militant communiste ; syndicaliste, secrétaire de la 24e puis de la 15e Union régionale CGTU puis secrétaire de la Fédération des Métaux CGT.

Fils d’Emmanuel Sémat (né en 1871), roulier et paysan, et de Julie Marie Paul (née en 1874 à Navès), ménagère. Il était l’aîné de deux enfants, son frère Albert était né en 1898 à Mazamet. « Mon père, pendant de longues années secrétaire ou trésorier du syndicat des charretiers, actuellement syndiqué agricole » CGTU, autobiographie pour la commission des cadres, [1933]. Raymond Sémat commença à travailler comme employé à la brasserie générale du Midi en 1907 à Béziers (Hérault). Engagé volontaire en 1914, il fit toute la guerre. Son autobiographie précise : « De 1915 à 1918, je fus dans l’artillerie de tranchée. Brigadier pendant un mois puis cassé après un conseil de discipline de division, après les événements de Soissons — 1 an détenu — motif refus d’obéissance face à l’ennemi, menace et voie de faits envers un supérieur, motif vu sa fragilité et ses conséquences, changé par le Commandant Marchand de la 60e division alpine ». Il se maria le 2 mai 1918 à Béziers (Hérault) avec Marguerite Joséphine Rouquette, née en 1896 à Béziers. En 1920, il était charretier à Béziers, au recensement de 1921 il était dit entonneur et son épouse cultivatrice. Il avait adhéré au Parti socialiste SFIO en 1919, été membre du Comité de la IIIe Internationale, et du Parti communiste après le congrès de Tours.

En 1921, alors qu’il travaillait comme ouvrier métallurgiste à l’usine Fouga, Raymond Sémat était membre du bureau de la Fédération communiste de l’Hérault et secrétaire du groupe CSR de l’Hérault. Il était un des leaders de la tendance révolutionnaire de la CGT. En 1922, il devint secrétaire de l’Union locale unitaire et anima la grève des ouvriers agricoles de Béziers ; il quitta ensuite Béziers pour Albi (Tarn). Ce fut à partir de cette date qu’il fut permanent et eut des responsabilités multiples, allant de région en région. Ainsi en 1924 et 1925, il dirigea trois grèves aux voitures Bellanger à Levallois mais malgré le succès du mouvement, il fut licencié. Son autobiographie donne des précisions : « J’ai adhéré au PS SFIO, section de Béziers, pour chasser les soc-dém. et faire voter pour la IIIe Internationale en compagnie de nombreux « ouvriéristes » Lagardellistes (Hubert Lagardelle). J’ai quitté le PC après avoir travaillé à sa création au congrès de Marseille, écœuré de la salade Pioch-Frossard. Resté « ouvriériste » jusqu’en 1925, dans une position confusionniste, j’ai repris ma carte au PC lors de la grève politique contre la guerre du Maroc, reconnaissant que ma place était au PC que je n’aurais jamais dû quitter. » Raymond Sémat détaillait ses fonctions syndicales en 1933 : « J’ai milité dans les CSR 1920, secrétaire du syndicat du tonneau et ensuite des Métaux de Béziers (Hérault) 1923. Membre du Comité intersyndical de Levallois 1924, secrétaire de section syndicale des taxis Bellanger 1925, secrétaire section syndicale de la Syndicale taxi, à Paris, rue Ordener, 1924. Membre de la CE du congrès des usines RP 1926, secrétaire 24e UR, 1930 secrétaire Fédération des Métaux 1933, secrétaire 15e UR. »

À Albi, Raymond Sémat , qui fut délégué au congrès national du Parti communiste de Lille en 1926, anima jusqu’en 1927 le secrétariat de la 24e Union régionale CGTU (Tarn, Aveyron, Lozère). En 1928, il devint secrétaire à la propagande des 11e et 24e URU et fut arrêté le 8 mai 1928 au siège de la 24e UR puis condamné à trois mois de prison pour provocation de militaires à la désobéissance. Il s’était rendu, cette année-là, en URSS.

En 1930, domicilié à Villeparisis (Seine-et-Marne), Raymond Sémat fut chargé de la propagande à la Fédération unitaire des Métaux (voir Ambroise Croizat). Il fut également chargé de la liaison avec les organisations auxiliaires pour la Région Paris-Est créée le 15 décembre 1932. Aux élections législatives de 1932, Sémat fut candidat du Parti communiste dans la seconde circonscription de Briey (Meurthe-et-Moselle). Il obtint 257 voix sur 10 495 inscrits.

Il écrivait à cette époque : « Je n’ai suivi aucune école politique et me suis instruit par moi-même. J’ai lu presque toutes les œuvres de Lénine et beaucoup d’autres livres que je possède dans ma bibliothèque, j’avoue que mes tentatives de lire Marx (Capital etc) sont restées sans trop de résultats parce que trop ardu et n’ayant pas d’aide pour régler ma lecture et permettre ainsi son adaptation. » (autobiographie par la commission des cadres).

À partir de 1932 et jusqu’en 1935, le Parti communiste le chargea de réorganiser la Région Atlantique. Raymond Sémat dirigea la 15e URU à Nantes, succédant à Joseph Roque. Il fut aussi secrétaire du syndicat unitaire des Métaux et secrétaire de l’UL-CGTU de Nantes, à la tête de laquelle il fut remplacé par Gaston Jacquet quelques mois avant l’unification. Il appartenait aussi au bureau fédéral de Loire-Inférieure du Parti communiste. À partir de 1935, il se consacra à son poste de secrétaire de la Fédération des Métaux et prit part aux pourparlers nationaux qui devaient conduire à la réunification syndicale.

Après le comité interfédéral de mars 1936, Raymond Sémat devint secrétaire de la Fédération des Métaux avec Léon Chevalme, Marcel Roy et Ambroise Croizat. Il fut réélu secrétaire de la Fédération des Métaux aux congrès de novembre 1936 et de décembre 1938. Il faisait partie de 1936 à 1938 du Conseil national économique. Il entra à la commission administrative de la CGT en 1939.

Arrêté en octobre 1940 à Paris, Raymond Sémat fut interné à Aincourt, Fontevrault, Clairvaux et Châteaubriant. Ayant obtenu quatre jours de permission pour le décès de son père, il ne revint pas au camp le 16 juin 1941 et devint alors responsable clandestin du secteur syndical du PC. Envoyé par Benoît Frachon, il rencontra Léon Jouhaux à Cahors le 22 septembre 1942 pour lui transmettre la proposition de reconstituer les organisations dirigeantes sur la base de la situation de 1939. Il créa ainsi les base de ce qui sera "l’Accord du Perreux" singé par Robert Bothereau, Louis Saillant, Henri Raynaud et André Tollet, en avril 1943. Arrêté à nouveau en décembre 1942, il fut interné à Voves d’où il s’évada. A la Libération, il était responsable FTP pour Paris-Nord-Saint-Denis.

Secrétaire de la commission d’épuration syndicale créée le 28 octobre 1944, Raymond Sémat fut ensuite secrétaire général par intérim de la Fédération de Métaux. Il figurait sur la liste des jurés de la Haute Cour de justice de 1945.

Le fils de Raymond et Marguerite, Roger Sémat, fut arrêté en octobre 1940, il s’évada du camp de Voves, s’engagea dans les FTPF et participa à la Première armée qui occupa l’Allemagne. La Vie ouvrière des 10-16 février 1949 signala son décès.

La Vie ouvrière du 17 octobre 1962, consacra un article à la mort de Raymond Sémat, à l’âge de 67 ans : secrétaire de la Fédération des Métaux (1931), un des signataires, avec Benoît Frachon, des accords de Matignon (1936).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article130951, notice SÉMAT Raymond, Fernand, Emmanuel par Claude Pennetier, version mise en ligne le 11 juillet 2017, dernière modification le 20 juin 2022.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/12991, 13090, 13771. — Arch. Dép. Meurthe-et-Moselle, 3 M 94. — Arch. Com. Béziers, série K. — Le Communiste du Midi, 1921. — Le Fouet, 1922. — La Voix des travailleurs, 1926-1928. — Stéphane Courtois, La politique du PCF et ses aspects syndicaux 1939-1944, Thèse, 3e cycle, Nanterre, 1978. — Jacques Girault, Benoît Frachon communiste et syndicaliste, Presses de la FNSP, 1989. — A. Audit, Les Fédérations confédérée et unitaire des Métaux, lieux d’émission d’analyses socio-économiques (1922-1935), MM, Paris I, 1986. — Notes de Jean Sagnes et de Claude Geslin. — RGASPI, Moscou, 495 270, 949 : autobiographie, [1933]. — La Vie ouvrière, n° 946, 17 octobre 1962, p. 12. — État civil en ligne cote 4E163070_07, vue 14. — Les Cahiers d’histoire sociale, n° 144, décembre 2017 ; « Nouveau regards sur "l’accord du Perreux" (avril 1943) ». — Site Filae.

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