SENÈZE Jean-Auguste

Par Jacques Girault

Né le 23 novembre 1885 à La Chapelle-sur-Usson (Puy-de-Dôme), mort le 14 septembre 1967 à Saint-Julien-en-Genevois (Haute-Savoie) ; instituteur dans le Puy-de-Dôme ; militant syndicaliste du SNI, secrétaire généraI ; militant laïque ; responsable national de mouvements laïques et d’éducation populaire.

Fils de cultivateurs, Jean-Auguste Senèze, élève de l’École normale d’instituteurs de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), devint instituteur rural dans le département. En poste à Puy-Guillaume, il se maria en août 1907 à Aix-La-Fayette (Puy-de-Dôme) avec une institutrice, fille d’un cultivateur. Par la suite, il enseigna à Valcivières, au cours complémentaire d’Arlanc et obtint des certificats d’enseignement supérieur.

Mobilisé en août 1914, Senèze, quatre fois blessé, termina la guerre au grade de capitaine. En 1919, il reprit son poste de directeur d’école et du cours complémentaire d’Arlanc. En 1929, nommé directeur de l’école annexe de Jaude à Clermont-Ferrand, il conserva ce poste jusqu’à sa révocation en 1941.

À partir de 1919, il fut membre du conseil d’administration de la Société amicale laïque des membres de l’enseignement public qui se transforma en syndicat. Membre du Syndicat national des instituteurs, membre du conseil syndical de la section départementale et de sa commission pédagogique, il en devint le secrétaire général sous le Front populaire et fut élu au Conseil départemental de l’enseignement primaire en 1938. Sous le Front populaire, il était secrétaire du Cartel confédéré des Services publics du Puy-de-Dôme et en 1938 présidait le comité départemental du Front populaire. Il mit en application en 1938 les classes promenades préconisées par les instructions officielles.

Senèze, militant socialiste SFIO, était membre du comité fédéral dans les années 1930.

Fondateur dans l’arrondissement d’Ambert d’un cours postscolaire pour adultes, d’une amicale laïque et d’une société de gymnastique, Senèze participa, en 1926, à la création de la Fédération des œuvres scolaires et postscolaires laïques du Puy-de-Dôme. En 1929, secrétaire général de la Fédération départementale, il présenta au congrès national un rapport sur le projet de “l’école unique nationalisée". Il joua un grand rôle dans l’organisation du congrès de la Ligue de l’Enseignement à Clermont-Ferrand en juin 1930. Il intervint sur "le rôle de l’école dans la vie rurale et le personnel enseignant dans les activités éducatives postscolaires". Il fut secrétaire général dans le département de la Fédération des œuvres scolaires et postscolaires laïques de 1929 à la guerre.

Franc-maçon dans la loge du Grand Orient de France « Les enfants de Gergovie », il animait la Ligue des droits de l’Homme.

Pendant la guerre, Senèze participa à des réunions clandestines de francs-maçons. Selon le service des sociétés secrètes, lors d’une de ces réunions en novembre 1941, il aurait déclaré “Prenez patience, le jour devient de plus en plus proche où nous aurons notre revanche, mais taisez-vous, obéissez”. Militant socialiste, il participa à la recréation du syndicat des instituteurs dans la clandestinité. A l’automne 1943, il succéda à René Bonissel et à Georges Lapierre comme secrétaire sous le pseudonyme de “François“. En juin 1944, avec d’autres anciens membres du bureau national, il visita des anciennes sections départementales pour reconstituer le SNI. Aussi fut-il le premier secrétaire général du SNI à la Libération. Il anima la mise en place des nouvelles structures enseignantes sorties de la clandestinité.

Réintégré dans l’enseignement à la Libération, Senèze ne reprit pas son poste. Il représenta l’enseignement primaire dans la commission d’étude sur le statut et le financement de l’enseignement privé (André Philip) de la fin de 1944 au début de 1945. Il participa à la rédaction du rapport final avec Léo Hamon, Claude Bellanger et l’abbé Chéruel. Il rédigea un court texte intitulé “Les instituteurs et la réforme de l’enseignement“ en 1945 qui devait servir dans les réunions de la commission Langevin-Wallon aux travaux de laquelle il apporta son expérience. Il rédigea notamment l’avant-projet sur l’école rurale dont certains aspects insistant sur la nécessité de former des paysans furent contestés. Un nouveau projet rédigé par lui et Pierre George, englobant l’enseignement préprofessionnel agricole, fut adopté. Il se prononça aussi pour le maintien de l’examen d’entrée en sixième. Il appuya la proposition de création d’une licence pour les instituteurs. En parallèle, il commentait ces travaux dans la revue du SNI L’École libératrice pour que les syndiqués appuient cette réforme. Il consacra de nombreux articles à l’enseignement agricole. Lors du congrès de la Ligue internationale d’éducation nouvelle, à la Sorbonne du 29 juillet au 12 août 1946, il présenta un rapport sur l’école rurale.

Senèze exerça la responsabilité de secrétaire national du SNI, permanent, tout en étant futur retraité. Lors de la première réunion du bureau national, élu à la fin de décembre 1945, il refusa de rester secrétaire général et déclara : “ je m’étais chargé d’une mission dans la clandestinité, la reconstitution du SN dans l’union de tous et sa remise en marche […] j’ai estimé que je devais me retirer et laisser cette charge à quelqu’un qui fût en service actif ". Il accepta de rester membre du BN pour remplacer Paul Delanoue à la tête de la commission d’action et de défense laïque avec la direction de la coordination des travaux pédagogiques.

Lors de la préparation du congrès de Grenoble du SNI, le BN, le 14 avril 1946, le désigna comme rapporteur sur les questions pédagogiques, ce qui lui valut d’être l’auteur de plusieurs articles sur la pédagogie dans la presse syndicale. Quand le BN, les 15 et 16 octobre 1946, procéda à des réorganisations des responsabilités, il fut désigné pour participer aux commissions des affaires corporatives, administratives, législatives, internationales, des œuvres post et péri-scolaires, tout en conservant la direction de la commission pédagogique. Il décida, en décembre 1947, étant retraité, de ne pas être candidat au renouvellement du BN.

Senèze fit partie du bureau provisoire de la Fédération générale de l’Enseignement (CGT) à la Libération. Lors de la réunion du conseil national de la FGE, en juillet 1945, il était secrétaire de la commission “Défense de l’école publique et de la laïcité“. Quand la FGE devint Fédération de l’Éducation nationale au congrès de 1946, il fut désigné comme membre titulaire de la commission administrative fédérale au titre des instituteurs, et membre des commissions "pédagogique" dont il fut le secrétaire, "Défense laïque et de l’école publique", "Apprentissage et éducation ouvrière".

Jean-Auguste Senèze retrouva des responsabilités nationales dans les mouvements laïques et d’éducation populaire. Membre du conseil national de la Ligue de l’Enseignement depuis 1945, au congrès de Lyon en 1949, il fut rapporteur général de la question "la laïcité et le véritable esprit laïque". De 1951 à 1959, secrétaire général de la Ligue sous la présidence d’Albert Bayet, il devint vice-président par la suite. Il fut désigné, en 1955, en raison de cette responsabilité, membre du Conseil supérieur de l’Éducation nationale. De plus, ayant contribué à la fondation de la Fédération française des Francs et Franches Camarade affiliée à la Ligue de l’Enseignement avec le statut d’association à base nationale, il en fut le délégué général de 1945 à 1959. En novembre 1957, il signa un appel pour sauver les colonies de vacances au nom de la Ligue de l’enseignement et de l’UFOVAL.

Il fut le directeur de publication de diverses autres revues ou publications dont celles Ligue française de l’enseignement et de l’éducation permanente. Commission nationale d’action féminine, publié dans le cadre de la Ligue de l’enseignement et de la Confédération des œuvres laïques de 1954 à 1958, Belles vacances, revue trimestrielle des colonies de vacances, créée en 1956, ou membre du comité de rédaction de Jeunes années, revue des Francs et des franches camarades à partir de 1958. Il déposa le titre de La Semaine télévisée, le 23 novembre 1953, devenu l’hebdomadaire de l’UFOLEIS Télé-Revue qui fut suspendu en 1964.

Jean-Auguste Senèze collaborait régulièrement à la Revue d’Auvergne par des articles de “géographie déductive“. Il publia en 1932, avec son ami Lucien Gachon une Géographie du Puy de Dôme. Ils furent des auteurs de manuels scolaires aux éditions Sudel dont il était membre du conseil consultatif. Parurent Premiers regards sur le monde, manuel de géographie pour cours élémentaire en 1936, réédité en 1949, La France et la France d’outre-mer, destiné au cours moyen et à la classe de certificat d’études développant les programmes de 1938. Cet ouvrage connut plusieurs rééditions ou adaptations après la guerre. S’ajoutèrent d’autres manuels, Notre commune. Petite étude de géographie locale (1949), Notre ville. Petite étude de géographie locale (1950), Le Monde et l’Union française, classe de fin d’études (1951).

Crématiste, Jean-Auguste Senèze fut incinéré au colombarium du Père-Lachaise à Paris. Après son décès, la municipalité de Clermont-Ferrand donna son nom à une rue à proximité du crématorium.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article130988, notice SENÈZE Jean-Auguste par Jacques Girault, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 25 mars 2021.

Par Jacques Girault

ŒUVRE : Le fichier de la BNF comprend 16 références dont - Union sportive de l’enseignement du second degré. Commission scolaire de l’UFOLEP. Section sportive de la Ligue française de l’Enseignement. Aux institutrices et instituteurs, par Senèze (1950).

SOURCES : Arch. Nat. : 19800419/29/7468, 19940500, 19940500/210, 20010216/90, F1a 3207, 3252, F7/13027, F17 17795, Z/6/1904/101. — Arch. Dép. Puy de Dôme, 31 J 1.11, (cahier de Maurice Candoret utilisé par St. Langlet). — Presse syndicale. — Stéphanie Langlet, La Fédération des œuvres scolaires et postscolaires laïques du Puy-de-Dôme : étude des instances départementales de 1926 à 1956, Mémoire de maîtrise, Université de Clermont-Ferrand, 1998. — SOREL (Etya), Une ambition pour l’école. Le plan Langevin-Wallon, Paris, Editions sociales, 1997. — Notes de Gilles Morin et de Guy Putfin.

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