SERMET Élie [SERMET Jean, Marius dit Élie]

Né le 6 janvier 1901 à Espéraza (Aude), mort le 26 octobre 1944 à Dora (Allemagne) ; ouvrier chapelier ; secrétaire de l’Union départementale CGT des syndicats de l’Aude ; résistant.

Fils du président du syndicat des ouvriers chapeliers lors des grèves de 1909-1910, Élie Sermet fut profondément marqué par ces événements. Il obtint son Certificat d’études primaires et entra à l’usine comme « gali » (apprenti chapelier). Vers 1930, la crise de l’industrie chapelière amenant le chômage, Élie Sermet quitta Espéraza et s’embaucha comme ouvrier agricole dans un village de la région de Carcassonne. Revenu dans sa ville natale, il fut élu secrétaire du syndicat des ouvriers chapeliers (1933-1934). Pendant les journées de février 1934, il organisa d’importantes manifestations de protestation républicaine. Élu par la suite membre de l’Union départementale des syndicats de l’Aude (CGT), il ne tarda pas à devenir le secrétaire de cette Union (en résidence à Narbonne). C’est à ce titre qu’il participa au congrès de Toulouse (1936).

Militant actif et orateur écouté, il organisa avec l’aide du secrétaire adjoint de l’UD, l’ouvrier agricole Irénée Denat*, le syndicalisme agricole et arriva à obtenir de substantiels avantages pour les hommes de la terre. Élie Sermet avait pris notamment une part décisive dans l’animation des grèves qu’avaient entreprises en septembre 1935 les ouvriers agricoles et les vendangeurs, français et espagnols de Narbonne et de ses environs, en particulier de Bize-Minervois, Coursan et Fabrezan. Le mouvement mit en avant les revendications suivantes : la semaine de quarante heures ; pour la période des vendanges, un salaire quotidien de trente francs et une allocation de trois litres de vin pour les hommes, vingt francs et deux litres de vin pour les femmes ; pour le temps ordinaire, vingt francs et deux litres de vin pour les hommes, quatorze francs et un litre pour les femmes. Confédérés et unitaires s’étaient finalement associés dans la conduite de cette action bien qu’une grande partie des premiers eussent d’abord montré quelque inquiétude devant l’ascendant pris sur les grévistes par certains dirigeants communistes de la région tels Achille Roussel* et Auguste Tailhades*, ou par certains militants venus de la région parisienne. Les mêmes craignaient d’ailleurs qu’une partie des petits exploitants viticoles ne se détournassent ainsi du Front populaire. La lutte fut marquée par de nombreux incidents, notamment à Coursan. Elle s’acheva dans la plupart des villages à la mi-septembre par de notables concessions des propriétaires, qui se prêtèrent à la signature de contrats de travail accordant en général une satisfaction assez large aux demandes des salariés : le prix de la journée moyenne en Narbonnais fut fixée à vingt-six francs pour les hommes pendant les vendanges, à dix-huit francs en temps normal.

Dès le début de 1934, Élie Sermet s’était affirmé partisan d’une action commune avec les organisations politiques de gauche. Tout en manifestant sa sympathie pour le plan présenté par la CGT en février, il avait été seul, au cours du congrès régional tenu à Toulouse le mois suivant, à réclamer « la création de comités d’action unique » et, à partir de juillet, l’Union audoise s’était régulièrement associée aux manifestations organisées par les partis. Il consacra beaucoup de son temps, à la fin de 1935 et au début de 1936, à la mise sur pied d’un comité départemental de Front populaire, organisme qui parvint à rapprocher partiellement socialistes et communistes. En 1936-1937, Élie Sermet fut également délégué au Rassemblement universel pour la paix et à la suite d’un important meeting tenu à Narbonne en février 1937, quelques comités parvinrent à se constituer dans le courant de l’année. Pendant la guerre d’Espagne, Sermet aida efficacement les républicains espagnols ; il organisa en particulier l’hébergement des enfants réfugiés en France.

Après la défaite de 1940, Élie Sermet resta à son poste à l’Union départementale avec l’assentiment de ses camarades résistants. Arrêté une première fois à Narbonne avec son camarade Denat, il fut interné au camp de Saint-Paul d’Éyjeaux (Haute-Vienne), puis libéré sur l’intervention de P. Benet, syndic régional de la Corporation paysanne. Il reprit aussitôt ses activités clandestines et travailla avec le réseau « Combat ». Son action fut facilitée par ses occupations professionnelles qui lui permettaient de se déplacer sans attirer l’attention.

Le 8 août 1943, au retour d’un voyage dans le Sud-ouest, Élie Sermet fut arrêté par la Gestapo à son domicile de Narbonne ; ses camarades de résistance, le docteur Achille Lacroix*, maire socialiste de Narbonne, Fabry, secrétaire de la caisse primaire d’Assurances sociales, furent arrêtés quelques jours après ; Denat étant absent de Narbonne ne fut pas pris, mais son fils déporté à sa place. Interné à Montpellier, Sermet fut soumis à la torture puis transféré à Compiègne et enfin déporté à Dora où il mourut.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131033, notice SERMET Élie [SERMET Jean, Marius dit Élie] , version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

SOURCES : Arch. Dép. Aude, 5 M 96, 15 M 142. — M. Caron, Le Front populaire dans le Bas Languedoc et le Roussillon, Th., Montpellier, 1972. — Enquêtes de R. Debant de U. Gibert (archives de la famille Sermet-Sipra).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable