SÉRU Gabriel [SÉRU Léonard dit Gabriel]

Par Michel Patinaud

Né le 18 février 1875 à Eymoutiers (Haute-Vienne), mort le 27 septembre 1949 à Eymoutiers ; charcutier : militant communiste ; adjoint au maire 1919-1939 et 1945-1947, , adjoint du maire Jules Fraisseix.

Fils d’un coiffeur et d’une mère au foyer, célibataire, exerçant la profession de charcutier à Eymoutiers, Gabriel Séru suivit dès 1908 le Dr Fraisseix sous l’étiquette SFIO, mais sans succès. Mobilisé malgré son âge (39 ans) en 1914, il fit toute la guerre dans un régiment de chasseurs à pied. À peine démobilisé, et ouvert au pacifisme intégral, il milita pour de profonds changements politiques. Élu en décembre 1919, il occupa le poste de 2e adjoint. Quand Jules Fraisseix prôna l’adhésion à la IIIè Internationale, la majorité du conseil municipal le suivit (11 sur 21, 9 se retirèrent en 1925). Seul de l’équipe, le premier adjoint de 1919, François Ruby, resta à la SFIO. Deux listes de « frères ennemis » s’affrontèrent en 1925. Les désormais communistes l’emportèrent en totalité, schéma électoral qui allait se répéter jusqu’en 1959.
Eymoutiers connut une modernisation rapide, dans l’entre-deux guerres, sur des bases de progrès social. Gabriel Séru en était très fier, se concentrant plus sur l’action municipale que le militantisme politique stricto sensu. Toujours fidèle au PCF, il subit brutalement les conséquences de l’interdiction du parti en 1939. Dès le 16 octobre 1939, le gouvernement Daladier suspendit de fait Fraisseix et Séru de leurs fonctions (juridiquement le 14 février 1940). Comme une poignée d’élus communistes du canton, ils furent même emprisonnés en décembre de la même année. « Après les coups de Daladier, ce furent ceux de Pétain » (lit-on dans les mémoire de Jules Fraisseix). À sa libération, due peut-être à son âge (4 autres conseillers étant maintenus en camp d’internement), Gabriel Séru reprit son métier, dans une apparente discrétion politique, mais pas Fraisseix, interdit d’exercer. Séru n’est pas connu pour avoir participé très activement à la Résistance. Mais comme l’ancien maire, il était âgé (70 ans en 1945). Ce fut pourtant lui qui exerça les fonctions de président du Comité Local de Libération,(CLL) donc de maire provisoire à partir du 21 août 1944. Deux semaines plus tard, il laissait cette place à Jules Fraisseix, sorti de la clandestinité. Le CLL (comprenant des socialistes et quatre femmes) décidait le 6 septembre 1944 de s’élargir à la totalité des anciens conseillers municipaux élus en 1935.
Gabriel Séru resta le bras droit de Fraisseix jusqu’en 1947, date à laquelle il ne se représenta pas, il décéda deux ans plus tard.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131082, notice SÉRU Gabriel [SÉRU Léonard dit Gabriel] par Michel Patinaud, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 20 mai 2020.

Par Michel Patinaud

SOURCES : Jules Fraisseix, Au long de ma route, 1946. — Archives municipales d’Eymoutiers. — Michel Patinaud, Un canton « rouge » : Eymoutiers, laboratoire du communisme rural (1945-1989), Université de Toulouse-Le Mirail, 1991.

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