SERVAES Eugène, Marius

Par Daniel Grason

Né le 12 février 1896 à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis), mort le 16 avril 1958 à Paris (XIVe arr.) ; serrurier ; conseiller municipal d’Épinay-sur-Seine (Seine) de 1935-1940 et en 1945 ; volontaire en Espagne républicaine ; interné ; résistant.

Fils d’Eugène Gaston, vingt-trois ans, serrurier et de Laurentine Angèle Quénot, dix-huit ans, mécanicienne demeurant au n° 7 rue du Chevet de l’Eglise à Saint-Denis (Seine, Seine Saint-Denis), Eugène Servaes alla à l’école primaire, effectua cinquante-quatre mois de service militaire, participa à la guerre 1914-1918, brigadier, il fut décoré de la Croix de Guerre.
Il épousa en 1920, Céline Adèle Lahai en mairie de Saint-Denis, une fille naquit en 1921. Le couple 4, rue des Provençaux (quartier cité d’Orgemont), à Argenteuil (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), le quartier était limitrophe d’Épinay-sur-Seine.
Eugène Servaes adhéra au parti communiste en 1934, fut membre du bureau de la cellule 198 à Épinay, membre du bureau, puis secrétaire de la cellule 198. Il fut élu le 12 mai 1935, conseiller municipal communiste d’Épinay-sur-Seine (Seine, Seine-Saint-Denis) sur une liste conduite par Joanny Berlioz.
Il arriva en Espagne le 21 novembre 1936, incorporé à la XIVe Brigade internationale, puis versé à la XIe Brigade, à la batterie d’artillerie antitanks, lieutenant, commissaire politique de la batterie. Son rapatriement eut lieu en janvier 1938. La commission des cadres d’Albacete considérait qu’Eugène Servaes avait « rempli son travail de commissaire avec compréhension », mais qu’il n’était pas « tout à fait à la hauteur de sa tâche. Élément faible, à aider ».
Lors de la déclaration de guerre, n’ayant pas désavoué le parti communiste, il fut déchu de son mandat le 29 janvier 1940 par le conseil de préfecture. Il a été affecté spécial à l’usine Lorraine Dietrich à Argenteuil où il travaillait. Convoqué par la gendarmerie de cette ville, il fut informé qu’il devait se rendre au camp d’internement de Saint-Benoit (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Après deux mois passés dans ce camp, il a été envoyé à Roybon dans l’Isère, puis interné à Fort-Barraux (Isère). Il s’en évada en septembre 1940, regagna Argenteuil et se fit démobilisé par la gendarmerie, en faisant le silence sur son évasion.
Il habita au 38, rue Pétion, à Paris (XIe arr.). Eugène Servaes travailla dès février 1943 comme monteur en chauffage central à l’agence Todt au camp de Margival près de Soissons dans l’Aisne. Il entra en contact avec le Parti communiste clandestin, Il travailla à l’usine Lorraine Dietrich à Argenteuil, en fut renvoyé sans motif explicite, sans nul doute du fait de son appartenance passée au parti communiste. Il fut chargé de l’organisation des chômeurs sur la région Paris-Nord. Une tâche au- dessus de ses forces, il en a été de même de sa tentative de former des groupes de trois.
Le 1er mars 1943, Pierre Brossard dit Philibert, responsable national aux cadres du parti communiste était arrêté, son domicile perquisitionné. Les inspecteurs des Brigades spéciales saisissaient deux cent cinquante à trois cents notices biographiques. Eugène Servaes fut arrêté la deuxième quinzaine de mars à son domicile clandestin. Au cours de ce même mois, dans le cadre de l’affaire Brossard, les policiers procédèrent à deux cents vingt-huit arrestations dont huit responsables nationaux aux cadres, techniques et aux matériels, sept responsables inter-régionaux, trente-et-un militants illégaux, trente-trois permanents appointés. Des dizaines de milliers de tracts et de brochures, cent vingt-neuf fausses pièces d’identités, des armes et cartouches, ainsi que six cents mille francs furent saisis.
Deux inspecteurs de la BS1 l’interpellèrent le 23 mars 1943 à 9 heures du matin au 38 rue Pétion à Paris (XIe arr.). Lors de son interrogatoire, il affirma qu’il vivait 4 rue des Provençaux à Argenteuil, or le lieu, un pavillon avait été partiellement détruit par un bombardement. Il biaisa dans ses réponses, mais dans les saisies effectuées chez Pierre Brossard figuraient deux lettres codées. Le déchiffrage avait permis d’identifier Eugène Servaes, les deux écrits de novembre 1942 et du 26 janvier 1943 étaient signés d’un vibrant « Salut rouge ».
Eugène Servaes reconnut qu’il s’agissait bien de lui, il déclara : « Cette biographie me concerne bien, de même les lettres ont été écrites de ma main et données par moi aux militants qui étaient venus m’attendre à la sortie de mon travail au studio Photo-Sonore. » Un inspecteur lui fit remarquer que les rapports paraissaient « indiquer que vous étiez désireux de reprendre le contact avec ce mouvement. » Il ajouta « Si vous aviez voulu rompre définitivement, vous n’auriez pas fourni ces dits rapports. »
Servaes maintint qu’il était « parti à Soissons pour échapper à la pression qui était exercée sur moi. C’est dans ce même esprit que j’avais fourni ces rapports avec l’intention de me libérer entièrement du Parti Communiste. » Il fut probablement emprisonné jusqu’à la Libération.
Vice-président à la Libération du conseil municipal provisoire d’Épinay (arrêté du 26 septembre 1944), Eugène Servaes continua à siéger à l’issue du scrutin du 29 avril 1945.
Il mourut le 16 avril 1958, l’année de sa mort, il avait versé sa cotisation à l’AVER.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131084, notice SERVAES Eugène, Marius par Daniel Grason, version mise en ligne le 6 janvier 2020, dernière modification le 3 septembre 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3 ; vers. 10451/76/1 et 10441/64/2. – Arch. PPo. PCF carton 8, PCF carton 14, 77 W 3101. – Arch. AVER. – Arch. BDIC RGASPI 545.6.1040, BDIC mfm 880/1 ; RGASPI 545.6.1043, BDIC mfm 880/2 bis ; RGASPI 545.6.1403, BDIC mfm 880/33 ; RGASPI 545.2.114, BDIC mfm 880/47. – Bureau Résistance GR 16 P 546292 (non homologué). – État civil acte de naissance numérisé AD 93 Saint-Denis acte n° 169. – (Notes de Claude Pennetier).

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