Par Justinien Raymond
Né le 31 octobre 1902 à Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie), mort le 8 avril 1957 à Paris (XVe arr.) ; professeur ; militant socialiste de la Savoie ; conseiller général ; député (1936-1940, 1951-1956) ; sous-secrétaire d’État.
Fils de Jules Sibué, facteur rural, et de Mélanie Vernier, ménagère, Louis Sibué entra à l’École normale d’instituteurs d’Albertville en 1918 d’où il devait sortir major trois ans plus tard. Il poursuivit ses études, lettres et histoire, à Lyon. Licencié, il enseigna pendant six ans à l’EPS de Saint-Jean-de-Maurienne où il avait été élève. À compter de la rentrée scolaire d’octobre 1932, il fut professeur à l’École normale d’Albertville.
Très jeune, Louis Sibué adhéra au Parti socialiste SFIO. Il milita toujours à Saint-Jean-de-Maurienne, berceau de son enfance. En 1929, à vingt-sept ans, il y fut élu conseiller municipal pour la durée d’un mandat seulement puisqu’en 1932 il quitta la cité. Mais pendant plus de vingt ans, il représenta le canton de Saint-Jean-de-Maurienne au conseil général de la Savoie et il fut vice-président de l’assemblée départementale. Dans ces assemblées, il s’attacha aux réalisations de logements, d’écoles, de routes, d’adductions d’eau, d’équipements électriques et touristiques. Il fut longtemps président de l’Office départemental des HLM.
En 1932, il fut candidat dans la circonscription de Saint-Jean-de-Maurienne contre le député sortant Henri Falcoz, radical indépendant. Sur 12 695 électeurs inscrits et 10 106 votants, ce dernier l’emporta au premier tour de scrutin avec 5 007 suffrages. Mais Louis Sibué venait en seconde place avec 3 183 voix. En 1936, Henri Falcoz, arrivé en tête au premier tour avec 4 019 voix, en recueillit 4 853 au second et fut battu par Louis Sibué qui, ayant obtenu 3 141 voix au premier tour, bénéficia du désistement du candidat radical-socialiste et l’emporta par 5 440 suffrages. Le 29 décembre 1938, il somma le ministre des Affaires étrangères, Georges Bonnet, de s’expliquer sur l’inquiétant silence dont il avait, le 19 décembre, entouré la note de l’Italie fasciste de l’avant-veille et dénonça les accords de Rome.
Le 10 juillet 1940, Louis Sibué vota à Vichy la délégation des pouvoirs constitutionnels au maréchal Pétain et, comme d’autres, ne tarda pas à le regretter. Mais, pour services rendus au Parti socialiste et à la Résistance dans la lutte clandestine pendant l’occupation allemande, Louis Sibué fut maintenu dans le parti, avec suspension de toute délégation pour la durée d’une législature. En 1951, il fut réélu député à la deuxième législature de l’Assemblée nationale. Après son échec aux élections du 2 janvier 1956, il entra comme chef adjoint au cabinet de M. Hamadoun Dicko, d’abord sous-secrétaire d’État à l’Industrie et au Commerce, puis fut sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil dans le cabinet Guy Mollet*. Il occupait cette fonction quand il mourut d’une crise d’urémie à cinquante-cinq ans. Le 11 avril 1957, Saint-Jean-de-Maurienne lui fit de solennelles obsèques.
Par Justinien Raymond
SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch. Dép. Savoie, dossiers électoraux. — Le Socialiste savoyard, 14 mars 1936. — Le Dauphiné libéré, 9 et 12 avril 1957. — Le Monde, 10 avril 1957. — Rapports pour le XXXVIe congrès national du Parti socialiste SFIO, Nantes, 1939. — État civil.