SILVESTRE Yves, Marie

Par Alain Dalançon

Né le 13 septembre 1880 à Lanfains (Côtes-du-Nord), mort le 21 décembre 1953 à Saint-Servan-sur-Mer (Ille-et-Vilaine) ; professeur ; militant socialiste ; maire d’Argentan (Orne), 1925-1944.

Fils d’Alphonse Silvestre, laboureur, et d’Hélène Perrin, Yves Silvestre suivit les cours de Victor Basch à Rennes, et devint professeur de lettres et philosophie au collège de Condé-sur-Escaut (Nord), où il épousa le 6 juin 1911 Berthe Chomy. En 1919, il y fut candidat du Parti socialiste SFIO aux élections municipales.

Muté au collège Mézeray d’Argentan, il se remaria dans cette ville avec Madeleine Semore, le 25 septembre 1920.

Il fut élu maire d’Argentan en 1925, et occupa cette fonction jusqu’en septembre 1944. Il avait dû son élection à l’entente entre radicaux et socialistes, et demeura fermement partisan de cette alliance. À partir de 1925, il présida l’Association des maires républicains de l’arrondissement d’Argentan et fut un des principaux orateurs à l’issue de la grande manifestation du 18 avril 1927 de 3000 Républicains, en réponse à celle de la Ligue nationale patriotique (Castelnau). La même année, il devint membre de la commission exécutive de la Fédération socialiste et il fut candidat en 1931 aux élections sénatoriales.

Élu président de la Ligue des droits de l’Homme et du citoyen de l’Orne en 1924, Yves Silvestre le demeura jusqu’à la guerre. Philosophe, il multiplia les articles de théorie politique dans Le Pays normand et les conférences dans tout le département. Convaincu de la nécessité de l’union des républicains, Yves Silvestre organisa le 16 juin 1935, la première manifestation antifasciste à Argentan et mit sur pied le Comité local de vigilance des intellectuels antifascistes. Début novembre 1936, il inaugura les nouveaux salons de l’hôtel de ville en présence de Léo Lagrange et rappela dans son discours la nécessité de l’union en avertissant : « Si l’un quelconque des partis composant le Rassemblement populaire venait à se retirer du Pacte, il s’ensevelirait lui-même sous les ruines qu’il aurait causées. »

Le conseil municipal d’Argentan envoya une motion de soutien au maréchal Pétain en avril 1941. À la Libération, Yves Silvestre fut accusé de collaboration. Il démissionna de son fauteuil de maire en septembre 1944, une délégation spéciale fut mise en place en octobre, présidée par Wladimir Martel, un instituteur retraité, résistant, son ancien camarade socialiste qui avait été son adjoint, dont il avait recommandé chaudement la lecture de son ouvrage sur Blanqui en juin 1939, et qui fut élu maire en 1945. En 1945, il fut traduit devant la cour de justice du département, accusé d’avoir été membre du RNP. Il s’en défendit en expliquant que sa signature lui avait été extorquée. En raison de de sa conduite durant l’Occupation, il fut acquitté et réhabilité. Par la suite, il quitta la ville et se retira dans sa Bretagne natale. Une rue d’Argentan porte son nom depuis 1967.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131206, notice SILVESTRE Yves, Marie par Alain Dalançon, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 25 mars 2021.

Par Alain Dalançon

SOURCES : Arch. Dép. Côtes d’Armor, état civil. — Le Pays normand, 1925-1931 ; La Voix du peuple de l’Orne, 1935-1938 ; Le Radical, 24 avril 1927 ; Le Populaire, 15 novembre 1936, 8 juin 1939. — Site de la mairie d’Argentan, mis à jour en juillet 2020. — Notice DBMOF non signée.

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