SIMON Auguste, Roland. Pseudonymes : ROLLAND Simon, ROLLAND ou MARIUS

Par René Lemarquis, Jean-Louis Panné

Né le 15 septembre 1902 à Bordeaux (Gironde), mort le 17 juin 1987 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ; tourneur mécanicien ; membre du comité central des Jeunesses communistes (1929) ; accusé d’être lié au groupe « Barbé-Celor » ; membre du PPF ; secrétaire de la Confédération française du travail unique.

Le père d’Auguste Simon, Étienne Simon, était ouvrier cordonnier en usine à Bordeaux, sa mère Marie Parry était morte alors qu’il avait deux ans. Il fut élevé par une famille adoptive dont le « père » était ouvrier forgeron aux usines des chemins de fer du Midi. Il quitta l’école primaire en octobre 1915 avec le CEP et suivit quelques cours de dessin à l’école professionnelle du soir. Il entra en apprentissage, à sa sortie de l’école primaire, de tourneur sur métaux chez Dormoy et devint tourneur mécanicien. Sa femme, Suzanne Arrachard, vendeuse dans une succursale Potin à Saint-Denis, était la fille d’un militant des organisations ouvrières de l’Oise et la sœur de René Arrachard.

Jusque 1924, Auguste Simon milita à Bordeaux. Il adhéra en 1918 au syndicat des métaux de cette ville et rejoignit en 1919, lors des grèves de la métallurgie, le Parti socialiste, parrainé par deux minoritaires de la tendance Fernand Loriot. A la fin de l’année il organisait les Jeunesses socialistes de la Gironde et se battait pour leur adhésion à la IIIe Internationale qui eut lieu en 1920. Secrétaire de la 19e Entente, il fut délégué au congrès de Troyes de la JC. Militant du CSR, il diffusait en 1920-1921 La Vie Ouvrière. Il fut délégué en 1921 de la Fédération des Jeunesses communistes au 2e congrès de l’ICJ avec Jacques Doriot*, Wagner et Maurice Laporte* et participa au 3e congrès de l’IC ainsi qu’au 2e de l’ISR.

Auguste Simon fut incorporé le 19 novembre 1922, affecté au 120e puis au 17e régiment d’artillerie et s’efforça de continuer son action communiste en liaison avec les organisations des différentes villes où il fut affecté : à Baccarat (en liaison avec le PC de Nancy), Brienne-le-Château (avec les communistes de Troyes), à Douai, dans la Ruhr occupée près de Dortmund. Il fut libéré le 10 mai 1924 avec le grade de brigadier. Membre de la CA de la fédération de la Gironde et du comité régional du PC, il se prononça pour le front unique au congrès des Jeunesses de Montluçon. Il fut alors appelé dans la région parisienne.

De fin 1924 au début 1927 Auguste Simon fut dans la région parisienne membre du 9e rayon du PC et de la 4e entente des JC chargé du travail antimilitariste : à Paris jusque septembre 1926 et dans la Ruhr et en Rhénanie de septembre 1926 à février 1927, lors de leur occupation. Il était employé comme manutentionnaire à l’Humanité. Secrétaire permanent de la 4e entente en 1927-1928, il collabora à l’Avant Garde sous le pseudonyme de Rolland et fut être remplacé au secrétariat en novembre 1928 par Lepreux. Le 21 mai 1925 il avait été arrête alors qu’il transportait des tracts antimilitaristes mais il fut relâché. Délégué au 5e congrès du PC (Lille, juin 1926), il s’installa à Saint-Denis le 4 mai 1927 et devint membre du comité régional et du bureau du PC pour la région parisienne. Désigné en août 1928, il se sépara de Doriot et se prononça pour la stratégie classe contre classe. Auguste Simon devint secrétaire à l’agit-prop de la région parisienne. Il participa à la Conférence de Clichy au 15 au 17 mars et au 6e congrès du PC (Saint-Denis, 31 mars-7 avril 1929), et entra au CC des JC. Alors qu’il assistait à la réunion clandestine de Villeneuve-Saint-Georges le 21 juillet pour préparer la journée du 1er août 1929 contre la guerre, il fut arrêté, inculpé d’attentat à la sûreté de l’État et écroué le 24 juillet à la Santé jusqu’au 8 mai 1930. Nommé en février membre du Comité de la région parisienne, il devint en mai responsable de l’agit-prop centrale et de la section d’organisation sur proposition d’Henri Barbé*.

Lorsque l’affaire dite du groupe éclata, Auguste Simon tenta de s’expliquer. « Après ma libération, dit-il dans son autobiographie de décembre 1932, je me suis lié avec Pierre Celor* au bureau de la région parisienne et avec Barbé à l’agit-prop centrale... J’avais une très grande confiance en Celor et encore plus en Barbé ». Il aurait subi l’influence du groupe et contribué à sa politique sectaire et gauchiste mais... il ne connaissait pas l’existence du groupe... tout en étant un sympathisant actif ! Cette même année 1932 il écrivit deux autobiographies l’une le 9 janvier, l’autre le 26 décembre dans lesquelles il faisait son autocritique, regrettant s’être trompé, d’avoir pratiqué une politique fausse et justifiant les sanctions nécessaires et l’avertissement public du Comité du 9e rayon. Auguste Simon resta, pas pour longtemps, collaborateur des Cahiers du bolchevisme. Jusqu’en juillet 1932, il milita encore dans le mouvement des chômeurs et il était en décembre secrétaire de la commission sanitaire du fonds de chômage de Saint-Denis. Il était aussi secrétaire de la section locale unitaire des métaux et à la CE du syndicat régional mais en décembre André Marty* portait un jugement très dur sur Simon : « Suspect (groupe Barbé), esprit très confus, incapacité notoire dans tous les domaines. Responsable du rayon de Saint-Denis où la décomposition est profonde... Il a été dans son travail "anti" en relations intimes avec l’ex-compagne de François Chasseigne*... ».

Auguste Simon s’était sans doute rapproché du maire de Saint-Denis et il se solidarisa avec Jacques Doriot en février-mars 1934 et fut dénoncé en avril par Maurice Thorez* qui le qualifia de « débris du groupe opportuniste-sectaire Barbé » dans les Cahiers. En septembre, une résolution du CC fut prise contre lui. A ;la même époque, son beau-frère, René Arrachard, rompit avec lui. Selon l’Émancipation, Simon était en 1935 membre du rayon (majoritaire) de Saint-Denis. Par la suite il devint secrétaire du Parti populaire français et organisa son Comité de défense du syndicalisme. Il présida le congrès de diverses confédérations (Confédération générale autonome, Fédération des syndicats professionnels indépendants, Confédération française du travail) qui s’unifièrent en une Confédération française du travail unique dont il était le secrétaire en 1938.

Secrétaire de la section de Saint-Denis du PPF durant l’Occupation, délégué de la Métallurgie à la Fédération nationale des groupements corporatifs français et responsable du comité de diffusion du Cri du peuple pour Saint-Denis, Simon se livra à des exactions antisémites. Arrêté le 15 mars 1946 pour « suspicion d’intelligence avec l’ennemi », il fut jugé par la Cour de justice de la Seine. Selon les archives allemandes, Simon aurait été agent de l’Abwehr.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131236, notice SIMON Auguste, Roland. Pseudonymes : ROLLAND Simon, ROLLAND ou MARIUS par René Lemarquis, Jean-Louis Panné, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 10 janvier 2013.

Par René Lemarquis, Jean-Louis Panné

SOURCES : Arch. PPo. 301. — Arch. Jean Maitron (fiche Batal). — RGASPI, Moscou : une biographie s’arrêtant à 1924 ; autobiographie du 9 janvier 1932 ; autobiographie du 26 décembre 1932 (accompagnée d’un jugement d’A. Marty) (consulté par Claude Pennetier). — Les Cahiers du bolchevisme, 15 septembre 1932, 1er avril 1934, 15 septembre 1934. — J. Varin, Jeunes comme JC., Paris, Éd. Sociales, 1975. — J.-P. Brunet, Doriot, Paris, Balland, 1986. — Serge Wolikow, Le Parti communiste français et l’Internationale communiste (1925-1933), thèse d’État, Paris VIII, 1990.

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