SIPPEL Nicolas [ZIPPEL Nikolaus]

Par Pierre Schill

Né le 12 octobre 1893 à Katernberg (Westphalie, Allemagne), mort le 14 mai 1936 à L’Hôpital (Moselle) ; Mineur aux houillères de Sarre et Moselle à Merlebach (Moselle) puis commerçant ; membre du Syndicat des ouvriers mineurs d’Alsace et de Lorraine CGT puis CGTU après la scission ; président de la cellule communiste de L’Hôpital (Moselle) ; conseiller municipal de L’Hôpital.

Nicolas Sippel
Nicolas Sippel
Photographie d’identité sur sa fiche d’embauche aux houillères (vers 1915) : dossier personnel, archives des Houillères du Bassin de Lorraine (cliché Pierre Schill).

Fils de Nicolas, mineur, né le 2 février 1866 à Carling (Moselle) et de Victorine née Tredemy le 25 juin 1868 à Carling, Nicolas Sippel se maria, le 29 mai 1926 à L’Hôpital (Moselle), avec Catherine née Muller le 23 janvier 1897 à L’Hôpital (Lorraine annexée), ils eurent six enfants.

Nicolas Sippel naquit au cœur de la Ruhr (Allemagne) car son père, mineur, quitta la Lorraine pour aller trouver du travail dans les mines de charbon de Westphalie. La famille rentra ensuite en Lorraine où Nicolas Sippel devint aussi mineur. Il fut réintégré dans la nationalité française au lendemain de la Première Guerre mondiale.

Il résidait au n° 13 de la rue des mines à l’Hôpital (Moselle) depuis 1915. Il résidait auparavant à Sarreguemines (Moselle). Sa jambe droite paralysée le dispensa d’effectuer son service militaire.

Il fut embauché le 1er septembre 1915 et travailla au puits VI des houillères de Sarre et Moselle à L’Hôpital comme machiniste.

Nicolas Sippel fut candidat aux élections municipales des 30 novembre et 7 décembre 1919 à L’Hôpital. Il obtint au premier tour, 99 voix sur 388 votants et exprimés sur 482 électeurs inscrits et au second tour 86 voix sur 386 suffrages exprimés pour 387 votants sur 482 électeurs inscrits et ne fut pas élu.

Le 23 novembre 1921, une grève éclata aux Houillères de Petite-Rosselle (Moselle) après le renvoi d’un mineur pour « insuffisance persistante de rendement ». Le lendemain la houillère de la famille de Wendel était presque entièrement paralysée et une grève de solidarité toucha les houillères de Sarre et Moselle et les Mines de La Houve à Creutzwald (Moselle). Nicolas Sippel, qui avait rejoint la CGTU après la scission, joua un rôle très actif dans le lancement du mouvement aux mines de Sarre et Moselle. Son activisme lui valu d’être renvoyé par la houillère. Cela l’obligea à exploiter un petit commerce ambulant de produits alimentaires, mais ne l’empêcha pas de jouer un rôle toujours important dans le mouvement syndical et politique du centre du bassin houiller lorrain.

Il participa activement à la grève de huit semaines qui toucha les houillères mosellanes entre le début du mois de février et le début du mois d’avril 1923. Il anima notamment plusieurs réunions publiques organisées par les syndicats de mineurs. Le 10 mars 1923, à la tête d’un piquet de grève de L’Hôpital, il dirigea une « attaque » contre une quinzaine de mineurs non grévistes. Les assaillants utilisèrent des pierres et l’un d’eux fit usage d’un revolver. Cette action lui valu d’être arrêté le lendemain puis déféré devant le tribunal régional de Sarreguemines (Moselle). Il fut condamné le 6 avril 1923 par le tribunal régional de Sarreguemines, pour entraves à la liberté du travail, à huit mois de prison et deux cents francs d’amende. D’après L’Éclair de l’Est du 19 mars 1923, son domicile fut perquisitionné et les forces de l’ordre y aurait trouvée une épée et une baïonnette. D’après l’Humanité du 6 mai 1923 sa peine fut alourdie par le tribunal de Colmar (Haut-Rhin) et portée à dix-huit mois de prison. Il fut écroué à la prison de Phalsbourg (Moselle) d’où il écrivit une lettre pleine d’espoir à ses camarades exprimant « sa joie d’être libéré, non par une amnistie, mais par la révolution imminente que sentent tous les prisonniers (…) ».

Il fut candidat, en deuxième position, aux élections législatives du 11 mai 1924 en Moselle sur la liste « Bloc Ouvrier Paysan » présentée par le Parti communiste. Nicolas Sippel obtint 26 245 voix et la liste communiste une moyenne de 26 289 voix pour 113 434 suffrages exprimés (23,2 %) sur 114 880 votants et 137 994 électeurs inscrits. La liste de l’Union républicaine lorraine (droite) remporta les élections en obtenant une moyenne de 57 620 voix.

Il fut encore candidat aux élections municipales de L’Hôpital les 3 et 10 mai 1925. Il menait la liste du Bloc Ouvrier et Paysan présentée par le Parti communiste sur laquelle figurait le maire sortant Jean Labach. Nicolas Sippel obtint au premier tour, 322 voix sur 703 votants et suffrages exprimés sur 772 électeurs inscrits. Il obtint au second tour 292 voix sur 523 suffrages exprimés pour 533 votants et 772 électeurs inscrits et fut donc élu.

Nicolas Sippel fut à nouveau candidat aux élections municipales de L’Hôpital les 5 et 12 mai 1929 mais ne fut pas réélu. Il se présentait sur la même liste que le maire sortant Jean Labach qui avait été élu en 1928 député de la circonscription de Boulay face au communiste Joseph Fousse. Jean Labach, qui avait été machiniste aux houillères comme lui, se présentait comme candidat dissident de l’URL (droite). L’alliance électorale passée entre le député-maire et Nicolas Sippel s’expliquait, en partie au moins, par un différend personnel qui opposait Jean Labach et les houillères de Sarre et Moselle. Leur opposition commune à la compagnie minière scellait leur union municipale. Nicolas Sippel obtint au premier tour, 346 voix sur 719 suffrages exprimés pour 725 votants et 842 inscrits. Il obtint au second tour 254 voix sur 712 suffrages exprimés et ne fut pas réélu.

En octobre 1934, il fut l’un des deux candidats du Parti communiste à l’élection au conseil d’arrondissement de Forbach pour représenter le canton de Saint-Avold. Il obtint au premier tour 642 voix sur 3 215 suffrages exprimés pour 3 306 votants et 6 272 électeurs inscrits et fut battu par les candidats de droite qui totalisaient plus de 2 100 voix.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131322, notice SIPPEL Nicolas [ZIPPEL Nikolaus] par Pierre Schill, version mise en ligne le 5 janvier 2013, dernière modification le 5 janvier 2013.

Par Pierre Schill

Nicolas Sippel
Nicolas Sippel
Photographie d’identité sur sa fiche d’embauche aux houillères (vers 1915) : dossier personnel, archives des Houillères du Bassin de Lorraine (cliché Pierre Schill).

SOURCES : Arch. Nat. F7/13903. — Archives des Houillères du Bassin de Lorraine : dossier personnel. — Arch. Dép. Moselle, 23 Z 1, 301 M 82 ; 303 M 54, 75 et 123 ; 23 Z 3 ; 26 Z 15. — Archives municipales de Saint-Avold (Moselle) : 1 K 6. — État-civil de la commune de L’Hôpital (Moselle). — Renseignements fournis par Ewald Sippel, son fils. — em>L’Humanité, 3 mars et 6 mai 1923. — Chip Buchheit et Michel Ruhl, « 1923 en Moselle : ‘‘Rauhe Winde wehen von Osten’’ (‘‘Des vents rudes soufflent de l’Est’’) », 2e partie, Les Cahiers de l’Institut d’Histoire Sociale Minière, n° 20, juin 2000, p. 13 à 23. — Pierre Schill, « Le lien défait : les renvois d’ouvriers dans les mines de charbon de Moselle après la grève du printemps 1923 », Revue internationale des relations de travail, vol. 1, n° 4, décembre 2003 (revue de l’Université du Québec à Trois Rivières : www.uqtr.ca/revue_travail/). — Notice DBMOF par Étienne Kagan.

IMAGE ET SON : Photographie d’identité sur sa fiche d’embauche aux houillères (vers 1915) : dossier personnel, archives des Houillères du Bassin de Lorraine (cliché Pierre Schill).

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