SKROBEK Aron dit KUTNER David

Par Claude Pennetier

Né le 14 janvier 1899 à Zychlin (Pologne), exécuté le 21 juillet 1943 au camp de Natzweiler-Struthof (Vosges) ; ouvrier du papier, puis du textile ; militant socialiste (Bund) puis communiste en Pologne ; militant du mouvement progressiste juif en France en 1936 ; membre de la direction clandestine de l’organisation « Solidarité » fin 1940 et de la presse clandestine juive.

Traduction des observations en langue polonaise : Membre de la section syndicale auprès du Comité central du Parti communiste polonais, secrétaire du Syndicat des ouvriers de l’industrie textile division II, rue Pawia 48, Varsovie, conduisait la grève dans l’usine de tricotage à partir du 31 décembre 1933 noté comme membre du Comité central du parti communiste polonais.

Né dans une famille nombreuse et pauvre, Aron Skrobek interrompit sa scolarité dans une école religieuse pour travailler à l’âge de douze ans dans un atelier de cartonnage de Varsovie (Pologne). Membre du syndicat (illégal) des ouvriers du Papier à dès l’âge de quatorze ans, il participa à son premier congrès syndical deux ans plus tard. En 1919, il devint délégué des ouvriers du Papier au conseil des ouvriers et soldats de Varsovie. Trois ans plus tard, il fut élu secrétaire du syndicat du Textile de Varsovie. Autodidacte et bon orateur, il donna des conférences pour les militants syndicaux et créa autour de son organisation des institutions culturelles : une chorale, un orchestre, un cercle dramatique, des cours. Lui-même donna des conférences et écrivit dans diverses publications. Il était alors membre du Parti socialiste juif, le Bund, qu’il quitta pour rejoindre le Parti communiste alors clandestin. Au sein du PCP, il œuvra pour l’existence d’un groupe de langue yiddish et devint l’un des membres du bureau juif attaché au comité central du PCP auprès duquel il était également membre de la section syndicale.

Arrêté dans la semaine qui suivit la création (18 juin 1934) du camp de concentration de Kartus-Bereza, Aron Skrobek y fut envoyé parmi les premiers prisonniers (n° 16) et y passa dix-sept mois. Libéré sous caution grâce à une collecte syndicale, il dut se cacher pour échapper à une nouvelle arrestation. Au bout de six mois, il émigra à Paris où il s’intégra au mouvement progressiste juif, devenant rédacteur au quotidien Naïe Presse (Presse nouvelle). Responsable de la page sociale et secrétaire de l’organisation « Les amis de la Presse nouvelle », il rédigea une brochure (en yiddish) sur le camp de Bereza qui fut publiée en 1936. Marié, il était père d’un fils.

En 1939, Aron Skrobek condamna le Pacte germano-soviétique mais n’exprima pas son désaccord publiquement. Il s’engagea dans l’armée française. Dès novembre 1940, il participa à la fondation et à la direction clandestine de l’organisation (illégale) « Solidarité » destinée, à l’origine, à aider les famille des prisonniers de guerre. L’action s’étendit bientôt à l’ensemble de la population juive. En septembre 1940, rue de Custine, à l’initiative de Louis Grojnowski, responsable nationale de la MOI depuis 1938, fut établi l’activité des groupes juifs dans la France occupée, et furent nommés les premiers responsables : Alfred Grant, Jacques Ravine, Idel Kormann, Aron Skrobek. Responsable et rédacteur de la presse clandestine juive, il organisa en 1941 des manifestations devant le camp de Beaune-la-Rolande (Loiret), à la Maison du prisonnier, devant le siège de la Croix-Rouge et dans plusieurs arrondissements de Paris. Puis ce furent en 1942 une manifestation contre le port de l’étoile jaune, une manifestation de femmes à Drancy (Seine), une autre au siège de l’Union générale des Israélites de France. Ces actions aboutirent à l’autorisation d’envoyer des colis aux enfants de ce camp. Arrêté sur dénonciation, le 16 décembre 1942, Aron Skrobek fut emprisonné à la prison du Cherche-Midi où il subit des interrogatoires très durs. Le 16 mars 1943, il fut transféré au fort de Romainville, sous contrôle allemand. Le 15 juillet 1943, il fut déporté au camp de Natzweiler-Struthof dans les Vosges où, dès son arrivée, il fut torturé puis assassiné par les soldats allemands le 21 juillet 1943, abattu de trois coups de revolver, officiellement pour tentative d’évasion, mais c’est plus vraisemblablement une mise en scène.
Son épouse, née Sarah Elgarten, participa à l’organisation du sauvetage des enfants juifs.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131359, notice SKROBEK Aron dit KUTNER David par Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 25 février 2022.

Par Claude Pennetier

Cliché CERD/ Centre Européen du résistant déporté
Traduction des observations en langue polonaise : Membre de la section syndicale auprès du Comité central du Parti communiste polonais, secrétaire du Syndicat des ouvriers de l’industrie textile division II, rue Pawia 48, Varsovie, conduisait la grève dans l’usine de tricotage à partir du 31 décembre 1933 noté comme membre du Comité central du parti communiste polonais.
Plaque commémorative à Saint-Maurice.

ŒUVRE : Kartus-Bereza, Le camp de concentration polonais (en yiddish), Paris, 1936 [Traduction en français par N. Skrobek, 1990).

SOURCES : D. Diamant, Héros juifs de la Résistance française, éditions Renouveau, 1962 ; Combattants, héros et martyrs de la Résistance, id., s.d. ; Les Juifs dans la Résistance française 1940-1944, Le Pavillon-Roger Maria éditeur, s.d. — J. Ravine, La Résistance organisée des juifs en France (1940-1944), Julliard, s.d. — Abracha, Je n’oublie pas Natantchik, Le Sycomore. — Notes de M. Grojnowski. — Rens. du fils du militant, Naftali Skrobek.

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