Par Jacques Girault
Né le 19 septembre 1911 aux Arcs (Var), mort le 18 avril 1996 à Draguignan (Var) ; adjoint d’enseignement ; socialiste SFIO, puis socialiste ; conseiller de la République, puis sénateur du Var (1945-1986) ; maire de Draguignan (1959-1984) ; président du conseil général du Var (1956-1985).
Son père, d’origine italienne (province de Florence), employé chez le grossiste en épicerie Paul Simon, aux Arcs, mourut en 1914. Sa mère, originaire du Piémont, bouchonnière, puis ouvrière jardinière, tint alors un petit dépôt d’épicerie, dans son logement, avec l’aide de Simon. Son oncle tenait aussi une petite épicerie tout en travaillant chez Simon. Édouard Soldani, resté seul après le décès de ses trois frères et sœurs, reçut les premiers sacrements catholiques. Par la suite, après son mariage uniquement civil en novembre 1948 aux Arcs, il fit donner les premiers sacrements à sa fille. Le couple divorça en 1959. Non pratiquant, Soldani reconnaissait ne pas être totalement incroyant.
Son enfance fut marquée par un accident, en 1914, qui le rendit infirme (pied bot). Une situation normale ne fut rétablie qu’après une intervention chirurgicale en 1949. Au collège de Draguignan à partir de l’année scolaire 1924-1925, Soldani effectua une scolarité, marquée notamment en 1929 par l’obtention du prix Claude Gay de littérature latine et du baccalauréat “série Philosophie“. Il devint surveillant d’externat à l’école primaire supérieure de Lorgues en 1932-1933. Puis, il travailla comme surveillant au collège de Draguignan (1933-1937, à l’école primaire supérieure d’Aix-en-Provence (1939-1940), puis comme répétiteur à Digne et à Draguignan jusqu’à la fin de la guerre. Il obtint les certificats de littératures latine et française de la licence de lettres. Il fut le secrétaire académique du syndicat des surveillants d’internat en 1939.
Membre des Faucons rouges et de la section socialiste SFIO des Arcs depuis 1926, membre du groupe des Jeunesses socialistes SFIO, Édouard Soldani adhéra au groupe des étudiants socialistes SFIO de la Faculté d’Aix. Il représenta la section socialiste au bureau lors des élections municipales aux Arcs, le 5 mai 1935, et fut délégué, le 22 mai 1938, par les sections socialistes SFIO des Arcs et de Draguignan au congrès de la fédération socialiste SFIO à La Seyne. Il y vota la motion présentée par Gaudien Bartoli, favorable aux thèses de Marceau Pivert. Toutefois, il refusa de suivre ses amis au Parti socialiste ouvrier et paysan. Il collaborait, à la fin des années 1930, avec les organismes dirigeants de la Fédération.
Le conseiller sortant socialiste SFIO ne désirant pas entamer un nouveau mandat, Soldani fut désigné, contre Raoul Textoris, comme candidat au Conseil d’arrondissement dans le canton de Lorgues. Le 10 octobre 1937, il obtint 377 voix sur 1 887 inscrits ; devenu candidat unique de la gauche, il ne réunit pas la totalité des voix communistes, malgré le désistement, et fut battu, avec 572 voix, par le radical, soutenu par la droite et par le maire de Lorgues, le conseiller général Évesque.
Au début de la guerre, Édouard Soldani, en poste à Aix, participa à la création de "Combat" et devint l’adjoint de Textoris. Sous le pseudonyme de “Valmy“, il remplaça ce dernier après son arrestation. Responsable ROP, il manifesta aux Arcs, le 14 juillet 1942. Par la suite, chef-adjoint des Mouvements unis de Résistance pour l’arrondissement de Draguignan en tandem avec Garrus* et après Julien Cazelles, il hébergea quelques résistants, dont le chef régional de l’AS, Maurice Fourrier, organisa la sortie de Résistance, en mars 1943, organe des MUR, puis journal ouvert à toutes les organisations clandestines de l’arrondissement. A la Libération, ce journal se transforma en hebdomadaire du Mouvement de Libération nationale. Succédant à Georges Cisson, Soldani en était devenu le rédacteur en chef et le principal éditorialiste.
Organisateur de l’AS des MUR, inspecteur des maquis que ce mouvement installa dans le Haut-Var (Mons, Aups, Canjuers), chargé de missions à Paris auprès notamment des chefs nationaux des corps francs et des maquis, il devint un des responsables du Parti socialiste SFIO clandestin. Il rencontra de nombreux dirigeants nationaux et régionaux et fut membre du comité fédéral socialiste SFIO dès sa constitution. Surveillé par la gendarmerie française (perquisition en septembre 1943), recherché par la Gestapo quelques mois après, il fut hébergé par André Bouis à La Motte et chez Tric, maire de Moissac, près du maquis de Canjuers.
Secrétaire départemental du Mouvement de Libération nationale, chargé de l’action de masse, Édouard Soldani en était le secrétaire général quand il se transforma en Union démocratique et socialiste de la Résistance en septembre 1945. Soldani, partisan de la fusion entre MLN et Parti socialiste SFIO, était alors un des chefs de file de la majorité hostile à la fusion du MLN et du Front national. Il en avait été, dans un premier temps partisan, avec Franck Arnal quand cette question fut soulevée au congrès de janvier 1945. Il passait alors pour favorable au rapprochement avec le Parti communiste français, position qu’il préconisa lors du premier congrès de la fédération socialiste SFIO, en décembre 1944 où il présenta un rapport sur les "relations avec les autres partis ou organisations de la résistance". Il devint alors le secrétaire-adjoint de la fédération socialiste. Délégué du MLN au Comité départemental de Libération, il représenta ce dernier, à partir de janvier 1946, au comité de confiscation des profits illicites dans le département.
Édouard Soldani apparaissait alors comme la figure la plus représentative de la génération de la Résistance dans le département assurant la relève politique. Il s’agissait, pour eux, dans le Haut-Var, de remplacer la génération des anciens dirigeants socialistes qui n’avaient point démérité mais qui ne pouvaient, selon eux, en raison de leur timidité pendant la Résistance, retrouver à nouveau leurs anciennes responsabilités. Ils se considéraient les mieux placés pour endiguer la menace communiste tout en adoptant, pour l’instant, une attitude proche des communistes au nom de l’unité de la Résistance, rapprochement que refusaient les anciens, autour d’Henry Sénès, notamment. Il était pour quelques temps inspecteur au journal Le Provençal.
Édouard Soldani, membre du Comité local de Libération des Arcs, fut proposé, en octobre 1944, par les sections socialistes des Arcs et de Lorgues pour siéger au Conseil général provisoire qui ne se réunit pas. Il fut élu conseiller général du canton de Lorgues, au deuxième tour, le 30 septembre 1945, avec 1 456 voix, devançant de 160 voix le candidat communiste, qui s’était maintenu malgré l’annonce de retrait dans la presse communiste. Il fut sans cesse reconduit dans ce mandat, dès le premier tour :
20 mars 1949, 1 559 voix sur 3 756 inscrits,
17 avril 1955, 1 799 voix sur 4 112 inscrits,
4 juin 1961, 2 336 voix sur 4 186 inscrits,
24 septembre 1967, avec l’étiquette FGDS, 2 548 voix sur 4 783 inscrits.
Mais pour la première fois en 1985, il dut attendre le deuxième tour pour retrouver son siège ; le 10 mars, il obtint 3 470 voix sur 7 781 suffrages exprimés au premier tour et fut élu le dimanche suivant, avec 3 781 voix sur 6 590 suffrages exprimés.
Dans l’assemblée départementale, avant son accession à la présidence en 1956, Édouard Soldani exerça diverses responsabilités : vice-président (1945, puis en 1955), commissions des travaux publics (1945-1948, 1957), des finances (1952-1956), de l’agriculture, de l’instruction publique et des vœux (1945), de l’hydraulique (1945-1956), des bourses scolaires (1945-1956), des cantines scolaires (1945), d’électrification des campagnes (1945), de l’éducation physique et sportive (1945), d’appel des lois d’assistance (1952), du tourisme (1952-1956), commission des transports (président en 1945, membre en 1948), commission des œuvres de sécurité sociale, des habitations à bon marché et des sinistrés (secrétaire en 1945), conseil d’administration de l’Office public des habitations à bon marché (1945), Conseil départemental de l’Instruction publique (1945), commission interdépartementale de l’hydraulique (1952-1956). Il devait en outre présider la Société d’économie mixte du Canal de Provence et d’aménagement de la région provençale dès sa création, le 11 juillet 1957, tout en étant membre de la CODER.
Après le décès du président Louis Cauvin, Édouard Soldani, qui avait assuré l’intérim de la présidence pendant sa maladie, fut désigné pour lui succéder à la Présidence du Conseil général, le 12 novembre 1956. Régulièrement réélu avec des majorités importantes, par exemple 28 voix sur 30, le 30 avril 1958, mais seulement 19 voix sur 30, le 4 décembre 1958 (après le succès général de la droite aux élections législatives), 29 voix et 2 blancs, le 4 octobre 1967, 30 voix contre 11 au candidat de droite le 3 octobre 1973, quand la droite devint majoritaire en 1985 au sein du Conseil général, il ne se représenta pas, le 22 mars. Membre du Conseil régional Provence-Côte d’Azur pendant quinze ans, il en fut le vice-président par la volonté de Gaston Defferre.
Rien qu’à elles seules, ces responsabilités auraient pu faire la puissance politique de Soldani dans le Var. Elles complétaient sa présence au Sénat pendant 41 ans.
Les congrès de la fédération socialiste SFIO qui désignèrent, en 1945 et 1946, les candidats aux élections législatives, ne placèrent pas Soldani en position d’éligible. On lui préféra, pour représenter le Var intérieur, Jean Charlot, déjà désigné dans la circonscription de Draguignan en 1936, mais qui s’était désisté, soutenu maintenant par Henry Sénès notamment. Aussi, pour les élections à l’Assemblée nationale constituante, le 21 octobre 1945, Soldani ne figura-t-il qu’en quatrième position sur la liste du Parti socialiste SFIO qui obtint 69 644 voix (deux élus) sur 216 738 inscrits. Il occupa, le 2 juin 1946, la cinquième position, sur la "Liste d’union socialiste et républicaine de la Résistance", qui réunit 51 093 voix (deux élus) sur 218 263 inscrits. Enfin, il se trouva en troisième position sur la "Liste d’union socialiste et républicaine de la Résistance", qui obtint 43 210 voix (deux élus), sur 216 683 inscrits, pour l’Assemblée nationale, le 10 novembre 1946.
Restait éventuellement un siège au Conseil de la République. Les socialistes ne pouvaient compter que sur un des deux sièges varois. Joseph Risterucci, alors président du Conseil général, semblait en bonne position. Le 16 novembre 1946, le congrès pour la désignation des candidats du Parti plaça en première position Soldani, depuis quelques mois secrétaire général de la fédération des élus socialistes. Instant de dramatisation, Risterucci démissionna de la présidence du Conseil général. Ce choix résulta du poids des sections socialistes récentes, le plus souvent issues de la Résistance, et d’une réaction du Var intérieur contre le dirigeant toulonnais qui aurait pu délaisser la défense des intérêts régionaux. Édouard Soldani devint ainsi, le 8 décembre 1946, conseiller de la République. Il fut réélu le 7 novembre 1948, avec 419 voix sur 702 inscrits (il y avait 318 délégués socialistes ; il avait négocié, avec les socialistes indépendants, le report de leurs voix), et cette fois un autre socialiste Albert Lamarque, était élu. Il fut aussi réélu, le 8 mai 1952, avec 443 voix sur 706 inscrits. Jusqu’en 1986, la représentation du département au Conseil de la République, puis au Sénat (trois sièges), fut exclusivement socialiste SFIO, puis socialiste. Chaque fois, Soldani arriva nettement en tête recevant les voix d’un plus large électorat que celui des grands électeurs socialistes. Il fut réélu au premier tour, en juin 1958, avec 536 voix sur 699 votants, le 26 avril 1959, avec 504 voix sur 807 inscrits, le 22 septembre 1968, avec 662 voix sur 956 inscrits. A la Haute assemblée, il siégea dans diverses commissions dont la continuité s’avère difficile à saisir : commissions du travail (1948), de l’Intérieur (1948-1957), du ravitaillement (1948), des affaires économiques (1949), de la presse, de la radio, du cinéma (1951), des moyens de communications et des transports (1957), des travaux publics, des transports et du tourisme (1956), des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation (1958), des ports maritimes et du tourisme (1958), enfin des affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1968-1981) puis des affaires culturelles (1977-1986). En sus, il fut, vers 1956, un des représentants du Conseil de la République au Conseil national des services publics. En octobre 1956, il devint vice-président du groupe socialiste, chargé de la trésorerie et l’était toujours en 1968.
Enfin, pour achever la description de sa puissance, Édouard Soldani devint maire de Draguignan en 1959. Pour qu’il accepte cette charge, Guy Mollet intervint longuement auprès de lui. Sa liste fut constamment réélue en 1965, en 1971, en 1977, en 1983. Cette année-là, la liste, qu’il conduisait au deuxième tour, élue, le 13 mars, avec 7 414 voix sur 14 954 suffrages exprimés, pour la première fois, comprenait des communistes. Toutefois, l’annulation du tribunal administratif de Nice, le 15 juin 1983, fut confirmée par le Conseil d’Etat, le 13 janvier 1984. Dans le contexte tendu de la campagne électorale, un attentat contre lui, non élucidé, le 21 février 1984, se déroula. La liste identique qu’il conduisait ("de rassemblement et d’union de tous les démocrates pour Draguignan"), après avoir obtenu, le 19 février 1984, 7 070 voix, fut battue, le dimanche suivant, avec 7 508 voix sur 15 332 suffrages exprimés. Conseiller municipal d’opposition, il démissionna aussitôt. Il ne se représenta pas en 1989. De 1960 à 1984, il présida l’Association des maires du Var.
Toutefois, une première atteinte au double prestige de Soldani fut portée par la décision gouvernementale, en 1974, de transférer le siège de la Préfecture de Draguignan à Toulon. Cette décision correspondait à d’anciens projets et apparaissait comme une mesure de nature politique pour affaiblir les positions de la gauche dans le département. En outre, Édouard Soldani, qui s’identifiait pour tout le monde, avec le Conseil général, était personnellement visé. Une longue bataille politico-administrative devait suivre. Le Président du Conseil général, soutenu par la presse, par l’association des présidents des conseils généraux et des maires de France, la mena, avec des moyens variés, pour résister à cette décision. Il perdit mais son prestige ne fut pas ébranlé. Aussi, en juin 1981, le Ministre de l’Intérieur Gaston Defferre rétablit-il Draguignan comme siège du Conseil général, situation définitivement annulée à partir de 1986. En 1991, Soldani jugeait cette bataille politique comme le plus grand moment de sa vie avec la Résistance.
Cette présence active sur les terrains électoraux ne devait pas faire oublier ses responsabilités plus strictement politiques. Après s’être montré, au sortir de la Résistance, partisan d’une alliance avec les communistes, Édouard Soldani, à partir de 1948, n’accepta pas l’évolution de ces derniers. Une "rupture morale" s’en suivit qui caractérisa toute sa vie politique. Il quitta, à la fin des années 1940, les responsabilités de secrétaire-adjoint de la fédération socialiste SFIO tout en restant membre du comité fédéral. Lors du débat sur la Communauté européenne de défense, tout en se prononçant comme les deux députés socialistes SFIO du Var, Franck Arnal et Jean Charlot, contre la ratification, il nuança ses positions lors du congrès fédéral, le 23 mai 1954, en affirmant "la nécessité d’organiser la coopération franco-allemande sur le plan économique, social, culturel et politique. L’intégration militaire ne doit être envisagée qu’après." Dans le débat qui divisa la fédération du Var à propos de l’accord entre communistes et socialistes SFIO pour la gestion municipale de Toulon, autour du maire socialiste Édouard Le Bellegou, accord condamné par le Comité directeur du Parti, à la différence du secrétaire fédéral Jean Charlot, Soldani mena un vigoureux combat contre une telle politique, "pas conforme aux règles du Parti et aux décisions de ses congrès nationaux" (motion déposée au comité fédéral du 20 février 1955). Lors du nouveau débat qui traversa le Parti et la fédération lors du référendum de 1958, il entraîna la majorité des adhérents à se prononcer pour une réponse positive, signant notamment un article dans République, le 28 septembre, sous le titre "Le combat socialiste pour le oui". Avec le départ de Jean Charlot et de la plupart des dirigeants de la Fédération, une sorte de vide politique fut créé. Soldani, en dépit de ses nombreuses tâches électives, accepta de diriger la Fédération, à partir du 21 septembre 1958. Il conserva la responsabilité de secrétaire fédéral jusqu’en 1974 dans les premières années du Parti socialiste. Enfin, dans le rapprochement des forces de gauche, dans les années 1970, il adopta une position proche de celle de Defferre, refusant personnellement tout accord électoral avec le PCF.
Pendant ces années de direction politique, Édouard Soldani devait son pouvoir au double soutien de Guy Mollet et de Gaston Defferre. Prenant le parti en main, véritable patron politique du département, il contribua à renforcer les positions socialistes (une des plus fortes fédérations socialistes au début de la Cinquième République), tout en ne parvenant pas à créer les conditions d’une relève alors qu’il dirigeait un département de gauche dans une France dominée par la droite. Aussi, lui imputa-t-on très tôt des responsabilités de tout ordre, parfois fondées, parfois héritages de rancœurs pouvant aller jusqu’au dénigrement politique et personnel. Dans les années 1970, il sembla même que l’objectif de certains dirigeants nationaux pouvait devenir celui de "désoldaniser" le socialisme varois. Limitant ses ambitions au terrain départemental, Soldani n’occupa jamais de fonctions importantes dans le Parti socialiste. A deux reprises, (50e et 51e congrès, septembre 1958 et juillet 1959), sans avoir été candidat, il arriva en deuxième position parmi les battus pour le Comité directeur du Parti socialiste SFIO.
Le 18 janvier 1992, dans la presse locale, Édouard Soldani annonça qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat de conseiller général. Dans une longue lettre au secrétaire de la fédération varoise du Parti socialiste, il condamnait les pratiques en cours dans le socialisme varois "meurtri, déchiré, à la recherche d’un peu de solidarité, de loyauté et surtout de vérité". Il concluait en ces termes : "Pour ma part quand je me penche sur mon passé, j’ai le sentiment d’avoir fait tout mon devoir et d’avoir avec honnêteté, loyauté et fidélité, réalisé mon contrat : je peux dire avec fierté : mission accomplie ; mais je ne serai pas candidat à l’élection cantonale, dans ce contexte de haine, de rivalités, d’abandons et de reniements. Alors vas-y, mais sans moi … et bon appétit."
Toute la vie du socialisme varois, essentiellement dans sa domination électorale après la Deuxième Guerre mondiale, et tout particulièrement dans les années 1960-1970, passe par Édouard Soldani, homme fort qui portait la responsabilité de ses réussites, prolongeant ainsi un héritage. Toutefois, les socialistes varois et leur principal responsable ne parvinrent pas à conserver ces positions dominantes. Dès lors, il pouvait devenir facile d’attribuer à Soldani et au système de domination politique qu’il avait cautionné la principale responsabilité de cet échec. Ce serait oublier le poids des évolutions socio-politiques qui affectèrent l’ensemble du Midi méditerranéen depuis les années 1970 et le rôle particulier des autres dirigeants socialistes, parfois mis en place avec l’accord de Soldani, surnommé "le vieux lion", véritable patron. Il assura les promotions, exerça son emprise sur le département, en se constituant, tout au long de son ascension politique, un réseau de fidélités. Il suscita aussi de farouches oppositions qui ne venaient pas toutes de ses opposants politiques.
Soldani domina un Var socialiste en pleine force. Il s’identifia avec lui, jusque dans la défaite.
Après son décès, un hommage lui fut rendu par le Conseil général, où la droite était majoritaire, dans la salle de délibération de l’ancienne préfecture de Draguignan, devenue “salle Édouard Soldani“. Avec sa fille Mireille qui joua un grand rôle à ses côtés, il avait organisé la séance où, en plus des élus, étaient des invités sélectionnés. En outre, il avait refusé que sur sa tombe aux Arcs puisse figurer la mention “Ancien maire de Draguignan“. Dans plusieurs communes du département, son nom fut donné à des artères ou à des bâtiments municipaux. En 2006, une exposition fut organisée sur son action à la mairie des Arcs.
Par Jacques Girault
Iconographie : Plusieurs sites Internet publièrent des séquences avec É. Soldani :
fresques.ina.fr/reperes-méditerranéens/bataille-pour-une-prefecture.html, (extrait de Journal télévisé, 15 octobre 1974) ;
lorgues.free.fr/soldani4.html,
www.memoire-orale.var.fr/campagnes.
SOURCES : Arch. Dép. Var, 2 M 3 52, 6 24, 7 35 1, 4 M 50, 18 M 5, 12, 13, 43, 86. — Arch. OURS, fédération du Var. — Arch. J. Charlot, Centre d’histoire sociale du XXeme siècle. Université de Paris I. — Arch. privées : Ch. Sandro. — Presse locale. — Sources orales. — Renseignements fournis par l’intéressé. — Notes de Jean-Marie Guillon. — Lumière d’un Centenaire, 1971, ouvrage sur le Conseil général rédigé à la demande de Soldani. — Maurice Arreckx et Charles Galfré, Un combat pour le Var. Histoire du Conseil général, 1790-1990, Aix, Edisud, 1990.— Jean-Pierre Bonicco, Contrats sur la démocratie, Paris, Bertillat, 2004.