SOUBIELLE Joseph, Jean

Par André Balent

Né et mort à Estagel (Pyrénées-Orientales) : 29 janvier 1875-1er juillet 1947. Paysan ; militant socialiste puis communiste ; conseiller général, maire d’Estagel (1904-1935).

Joseph Soubielle était le fils de Jean Soubielle (vingt-six ans en 1875) et de Jeanne Habet, cultivateurs. Il se maria le 14 décembre 1907 à Estagel avec Jeanne, Marie Grau.

D’abord ouvrier agricole à Estagel, Joseph Soubielle devint exploitant agricole. J. Soubielle fut candidat socialiste, le 18 janvier 1904, aux élections cantonales à Latour-de-France. Il fut battu. Il milita au sein du groupe socialiste d’Estagel et fut élu maire de la commune à l’issue des élections du 1er mai 1904. La campagne pour ces élections avait eu pour toile de fond la grande grève des ouvriers agricoles du Midi. Aussi la victoire de la liste présentée par le groupe du Parti socialiste de France et composée en majorité d’ouvriers agricoles fut-elle perçue comme une victoire des grévistes. Aux élections cantonales du 31 juillet 1904, il remporta un nouveau succès, en battant Horace Chauvet, républicain de droite et rédacteur à l’Indépendant des Pyrénées-Orientales. Il devint le premier conseiller général socialiste du département. Il fut réélu maire en 1908 puis conseiller général de Latour-de-France le 24 juillet 1910, le 14 décembre 1919 et le 14 mai 1922.

Lors de la crise socialiste d’octobre 1909, Soubielle et le groupe socialiste d’Estagel participèrent à la création d’une Fédération socialiste révolutionnaire groupée autour de la Bataille sociale et animée par Jean Manalt et Jules Soulet. Soubielle avait réintégré la Fédération socialiste officielle en 1910. Élu délégué suppléant au conseil national le 28 mars 1909, il avait vu ce mandat annulé par le congrès fédéral extraordinaire de Rivesaltes (24 octobre 1909) que Lucien Deslinières avait fait convoquer pour évincer les partisans de Jean Manalt.

Après sa réintégration, il fut à nouveau élu, le 27 mars 1910, délégué au congrès national et réélu les 7 avril 1912 et 11 janvier 1914. Il avait été reconduit dans ses fonctions de maire en 1912.

Candidat malheureux aux élections sénatoriales du 11 janvier 1920, il fut favorable à l’adhésion du Parti socialiste à la IIIe Internationale. Il milita dans les rangs du Parti communiste de janvier 1921 à janvier 1923. En avril 1921, il siégeait à la commission administrative de la Fédération communiste participant à la campagne pour la libération d’André Marty* et des mutins de la mer Noire. Le second congrès de la Fédération communiste des Pyrénées-Orientales ayant lieu à Estagel le 26 février 1922, Joseph Soubielle qui avait été réélu maire de la commune à l’issue des élections du 30 novembre 1919, y participa activement.

Candidat aux élections cantonales à Latour-de-France (scrutin du 14 mai 1922), Soubielle fut réélu dès le premier tour avec 841 voix contre 698 au candidat radical-socialiste. Selon un rapport de police d’août 1922, l’élection d’André Marty* dans le canton de Prats-de-Mollo et celle de Joseph Soubielle dans celui de Latour-de-France étaient présentées comme révélatrices de « l’expansion du communisme dans le département » ; son rédacteur notait que « les progrès du communisme étaient importants surtout dans la région viticole qui compte un grand nombre de travailleurs manuels ». Joseph Soubielle avait été réélu conseiller général de Latour-de-France lors des élections cantonales du 14 décembre 1919 ; il avait alors obtenu 1 249 voix sur 1 328 votants.

En janvier 1923, il rompit avec le Parti communiste. Lors d’une réunion publique à la mairie d’Estagel (25 janvier 1923), il fut critiqué par Francis Bergau* , secrétaire fédéral du Parti communiste qui lui reprocha de ne plus se trouver à ses côtés pour réclamer l’amnistie d’André Marty* et de tous les autres condamnés politiques. Joseph Soubielle qui se trouvait dans l’assistance rétorqua qu’il avait « toujours fait son devoir » et qu’il avait « fait voter un vœu, en faveur de l’amnistie, à la dernière séance du conseil général ». Bergau l’invita à monter à la tribune afin qu’il s’expliquât. Mais il s’y refusa.

Peu après sa rupture avec le Parti communiste, Joseph Soubielle adhéra au Parti socialiste SFIO et devint membre de sa commission administrative à partir du 24 mai 1924. Il conserva son fauteuil de maire à l’issue du scrutin du 3 mai 1925 mais ne se présenta pas aux élections cantonales du 14 octobre 1928. Réélu après les élections municipales du 6 mai 1929, il ne se représenta pas en mai 1935. Une municipalité à dominante communiste succéda alors à la municipalité socialiste SFIO. Voir Antonin Barida*.

Joseph Soubielle milita à la SFIO jusqu’en 1939. Il siégea pendant plusieurs années à sa commission administrative fédérale. Peu avant sa mort, en 1947, il aurait demandé sa réintégration au PCF, selon Marcel Barrère.

Il existe une rue "Joseph-Soubielle" à Estagel.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131483, notice SOUBIELLE Joseph, Jean par André Balent, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 7 février 2015.

Par André Balent

SOURCES : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, liasse 111. — Le Socialiste des Pyrénées-Orientales, 1904-1914 ; 2 E 1187, état civil d’Estagel. — La Bataille sociale, 1909-1910. — Le Cri catalan, 20 avril 1919, 10 janvier 1920, 6 mai 1922, 31 mai 1924, 9 mai 1925, 8 mai 1926. — H. Chauvet, La Politique roussillonnaise (de 1870 à nos jours), Perpignan, 1934 — Témoignage de M. Barrère. — L’Ordre nouveau, 29 avril 1921.

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