SOULIÉ Dieudonné, Noël, Marius

Par Jean Sagnes

Né le 16 mai 1901 à Montpellier (Hérault) ; coopérateur, gérant de sociétés coopératives à Montpellier ; militant des Jeunesses socialistes puis communistes , syndicaliste révolutionnaire.

Dieudonné Soulié dont le père mourut lorsqu’il avait neuf ans, entra à l’orphelinat de l’Enclos Saint-François de Montpellier dirigé par l’abbé Prévost qui y donnait un enseignement secondaire. Après la classe de 4e, il dut travailler et pratiqua divers métiers (serrurier, carrossier, etc.) de 1915 à 1921.

En pleine guerre, Dieudonné Soulié trouva dans la rue un exemplaire de Ce qu’il faut dire de Sébastien Faure*. Les propos pacifistes de ce dernier furent une découverte et l’amenèrent, en 1916, à prendre contact avec le Parti socialiste SFIO. Par l’intermédiaire des socialistes locaux, il entra en relation avec François Mayoux* et Marie Mayoux* instituteurs charentais condamnés à deux ans de prison fin décembre 1917, emprisonnés respectivement 17 et 10 mois, en mai 1918 à Montpellier à cause de leur opposition à la guerre. La section socialiste de Montpellier reçut à ce moment-là une lettre de la direction du parti lui demandant d’héberger Jehan Mayoux, fils de François et Marie Mayoux, âgé d’une douzaine d’années afin que celui-ci puisse leur rendre visite régulièrement. Seul Soulié, qui avait obtenu l’accord de sa mère, se proposa pour héberger Jehan Mayoux.

Grâce aux Mayoux, Dieudonné Soulié fut en relation avec le Comité pour la reprise des relations internationales. En 1919, il était trésorier du Groupe d’études sociales, des Amis de La Vague et responsable des Jeunesses socialistes de Montpellier qui comptaient une vingtaine de membres et diffusaient environ 200 numéros de La Vague. Partisan de l’adhésion à la IIIe Internationale, il devint naturellement membre du Parti communiste et responsable de la Jeunesse communiste au lendemain du congrès de Tours. En février-mars 1921, il fut condamné à deux mois de prison et 300 F d’amende pour collage d’affiches antimilitaristes avec Cazalet. Requis pour le service militaire en avril 1921, il partit sans avoir accompli sa peine ni payé l’amende et apprit plus tard qu’Édouard Barthe* , député socialiste, était intervenu en sa faveur.

Après plusieurs mois passés à Montauban, Dieudonné Soulié fut volontaire pour aller servir dans l’armée française d’occupation à Constantinople. Là, désireux de contacter les représentants soviétiques, il se présenta à l’ambassade de Russie. Selon ses dires, c’est avec l’aide matérielle des responsables de cette ambassade qu’il fit éditer un journal le Cinq centième (du nom de son régiment). Ce journal qui tirait à 400 exemplaires environ, eut deux numéros en 1922. Il y était exclusivement question des conditions de vie du troupier français. Mais les officiers eurent tôt fait de découvrir Dieudonné Soulié. Celui-ci plaida l’irresponsabilité et ne fut condamné qu’à quinze jours de prison. L’affaire n’eut pas d’autres suites.

De retour à Montpellier en 1923, il fut embauché à la Compagnie d’électricité et devint responsable de la Jeunesse communiste pour l’Hérault, secrétaire de la section communiste de Montpellier qui comptait une vingtaine de membres et correspondant de l’Humanité du Midi. C’est à cette époque qu’il suivit les cours de l’École léniniste de Bobigny.

Le 27 avril 1923, l’Union locale unitaire le présenta au poste de secrétaire permanent de la Bourse du Travail. Dieudonné Soulié obtint 11 voix et fut battu par le confédéré Raoul Cros* qui en eut 38. Il entra alors à « La Ghilde du Bâtiment », coopérative ouvrière créée par Alfred Grandel*. Cela dura huit mois puis Soulié dut liquider la coopérative. Le 21 février 1925, avec d’autres camarades, il constitua la Société ouvrière du Bâtiment dont il devint le patron et qui fonctionna pendant cinquante-trois ans, jusqu’en 1978. En 1939, cette affaire prospère comptait plus de cent ouvriers et, au moment où Soulié prit sa retraite, encore une quarantaine.

Sa situation sociale, difficilement acceptée dans un parti se voulant très ouvrier, son travail professionnel et aussi ses sympathies pour Trotsky expliquent son éloignement du Parti communiste. En février 1927, il créa Montpellier ouvrier, « organe prolétarien indépendant », où il écrivit en compagnie d’anarchistes et de syndicalistes révolutionnaires. Le journal qui tirait à 500 exemplaires environ disparut le 20 août 1927. Cependant malgré ses désaccords, Dieudonné Soulié rendit, à plusieurs reprises, des services à la section communiste. Après 1927, il n’eut plus d’activité publique à l’exception de sa participation aux activités de la Société d’enseignement populaire de Montpellier dont il devint président en 1970 mais qui cessa de fonctionner en 1978.

Durant la Résistance, sans appartenir à aucun réseau, Dieudonné Soulié fut amené à mettre ses camions au service des maquis et à aider le NAP (Noyautage de l’administration publique). En mai 1944, il fut arrêté et interné à la caserne de Lauwe à Montpellier jusqu’à la libération de la ville.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131529, notice SOULIÉ Dieudonné, Noël, Marius par Jean Sagnes, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 17 mai 2020.

Par Jean Sagnes

SOURCES : Arch. Nat. F7/13603, 13972 et 13973. — Arch. Dép. Hérault, 194 M 40. — Le Devoir socialiste, 1919-1920. — l’Humanité du Midi, 1925. — Montpellier ouvrier, 1927. — Interview de Dieudonné Soulié (1980).

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