SOUTHON André, Félix, Henri

Par Fabien Conord, Gilles Morin

Né le 30 juillet 1906 à Aubusson (Creuse), mort le 10 octobre 1959 à Montluçon (Allier) ; professeur, militant de la LAURS et de la Ligue des droits de l’homme et du citoyen, socialiste SFIO, maire de Montluçon (1950-1959), conseiller général de Montluçon-Est (1951-1959), vice-président du conseil général, conseiller de la République puis sénateur de l’Allier (1946-1959).

Fils de Léon Southon, instituteur, future inspecteur primaire en Seine-et-Marne, et de Marie, Louise Simon, professeur à l’École normale de Guéret (Creuse) puis à l’école primaire supérieure de Melun, André Southon fit ses études primaires et secondaires dans sa ville natale puis poursuivit ses études à la faculté de Lettres de Poitiers (1924-1927) enfin à celle de Lyon (1927-1929). Titulaire d’une licence d’histoire et de Géographie en 1926, d’un diplôme d’études supérieures d’histoire et géographie en 1927 (“Un département français sous le gouvernement provisoire et la Seconde République. L’action politique et sociale de la Préfecture de la Vienne, 24 février 1848-26 mai 1849”). Il obtint une bourse d’agrégation pour la faculté de Lyon (1927-1929). Sous-admissible aux concours de 1928 et de 1929, il fit son service militaire à Saint-Maixent (Deux-Sèvres) et à Auxerre (Yonne) dans l’infanterie et le termina avec le grade de sous-lieutenant.

Il commença sa carrière comme professeur délégué d’histoire au lycée d’Épinal (Vosges) en octobre 1930. Il fut nommé professeur au lycée de Montluçon en 1933-1934 et fut intégré dans le corps des professeurs de collège en 1936 tout en étant maintenu comme professeur au lycée et y enseigna jusqu’à son détachement pour mandat parlementaire en 1947.

De tradition et d’éducation républicaines, il s’engagea dès sa jeunesse dans les organisations de gauche. À partir de 1925, il fut un des animateurs de la Ligue d’action universitaire, républicaine et socialiste (LAURS), créant et animant son groupe à Poitiers qui comptait une trentaine de membres, en faisant un des groupes les plus importants de province dans une ville où l’Action française était très agissante. L’année suivante, il fut élu secrétaire adjoint de l’organisation nationale, dirigée par Pierre Mendès France puis par René Deschéries. Il poursuivit son action à Lyon où il anima aussi la LAURS.
Adhérent à la SFIO en 1930, André Southon militait plus particulièrement à la Ligue des droits de l’homme et du citoyen, dont il présidait la fédération de l’Allier à la veille de la guerre, et aux Officiers de réserve républicains (présidant la section de Montluçon). Militant socialiste actif, il fut secrétaire de section de Montluçon à de nombreuses reprises, des années trente à sa mort où il était encore en fonction, portant souvent la parole socialiste dans l’Allier avant la guerre, il écrivait par ailleurs dans la presse locale (comme le Centre républicain de Montluçon et dans Liberté de Clermont-Ferrand après 1945). Il fut désigné comme candidat SFIO à l’élection législative complémentaire du 23 avril 1939, pour succéder dans la circonscription de Montluçon-Ouest à Max Dormoy qui avait été élu sénateur. Il obtient 4 995 voix, contre 6 443 voix au candidat du parti communiste, Eugène Jardon, et 4 681 au candidat radical socialiste (sur 20 416 inscrits). La fédération de l’Allier désista Southon en faveur du communiste Jardon qui fut élu au 2e tour. Selon une note des RG datant de la guerre, il était membre des “Amis de l’URSS”.

Lieutenant de réserve, il fut mobilisé en août 1939 au 98e RI, se retrouva durant toute la “drôle de guerre” au front et fut fait prisonnier de guerre le 20 juin 1940. Il le demeura durant 5 ans dans divers Oflags ( IIIc, VI D, VI A, où il aurait créé une section socialiste clandestine) et fut libéré le 17 avril 1945.

Libéré le 6 avril 1945 par les troupes américaines, de retour en France, Southon se présenta aux élections municipales de mai 1945 et devint, de 1945-1950, quatrième puis troisième adjoint au maire de Montluçon. Il fut élu maire de Montluçon, à l’élection municipale partielle du 4 juin 1950, et resta en fonction jusqu’à son décès.

Candidat malheureux aux élections législatives de novembre 1946, il fut élu Conseiller de la République le 8 décembre 1946, au plan départemental par 335 voix, contre 333 à son adversaire communiste, Marcel Guyot. Il fut réélu, le 7 novembre 1948, avec 524 voix, devançant largement les communistes (287 voix), les radicaux et le RPF qui en obtenaient une centaine. Il se fit réélire de nouveau le 19 juin 1955 au Sénat. Membre de la Commission exécutive du groupe socialiste de la Haute Assemblée en janvier 1949, il appartint aux commissions de l’Éducation nationale et de la défense nationale (1946-1948) et du Suffrage universel et des Affaires étrangères (1948-1955), de la Santé publique et de la Population. Il intervint à plusieurs reprises sur le budget de l’éducation nationale. En 1949, alors qu’il présidait toujours la Fédération de la Ligue des droits de l’Homme et le groupement montluçonnais de la Fédération des Officiers de Réserve républicains et qu’il était sénateur depuis trois ans, les Renseignements généraux estimaient que son influence était cantonnée à l’arrondissement de Montluçon.

Conseiller général de Montluçon-Est, canton composé essentiellement d’une moitié de Montluçon et de communes ouvrières de sa banlieue, il remplaça Marcel Migraine (SFIO) en 1951-1959. Il fut immédiatement désigné comme vice-président du conseil général de l’Allier et réélu à ce poste en 1958. Son influence s’étendait alors à tout le département.
Sur le plan politique, il fut vivement attaqué par les communistes et leur journal Le Patriote à de nombreuses reprises, ceux-ci lui reprochant notamment d’avoir reçu le cardinal Gerlier, archevêque de Lyon en 1954 ou d’être responsables de dégâts commis par des Hongrois réfugiés dans sa ville en novembre 1956. Il se montrait un ferme partisan de la construction européenne, soutenant par exemple le plan Schuman comme “un gage de paix… la première ébauche d’une Europe pacifiste” (Le Centre Républicain du 29 janvier 1952), même s’il proposait de l’amender pour que les mines du Centre et du Sud ne soient pas défavorisées.

Membre de la Comité directeur fédéral de la SFIO de 1949 à sa mort, il soutint sans ambiguïté la politique du gouvernement Guy Mollet en Algérie. Alors que le conseil général, sous l’impulsion de Georges Rougeron, demandait avant le renouvellement des cantons en avril 1958, “la paix par la négociation en Algérie”, Southon proclamait dans sa profession de foi : “Je me proclame solidaire de l’action politique menée par le gouvernement Guy Mollet. La Loi-cadre … est conforme aux principes que nous avons toujours défendus” et saluait “l’action courageuse et hardie dirigée par Robert Lacoste”. Le candidat communiste se désista néanmoins pour lui au 2e tour mais il recueillit à cette occasion moins de voix qu’au premier tour (5 892 contre 5 894).

Southon était par ailleurs Président de l’Union hospitalière du Centre et de l’Union hospitalière de France, membre du Comité exécutif de la Fédération internationale des hôpitaux.

André Southon fut battu lors du renouvellement sénatorial de 1959. Réintégré comme professeur au collège d’Egletons (Corrèze), en congé de longue durée, il mourut peu après, le 10 octobre 1959 à Montluçon ; une rue de la ville porte son nom.

Il se maria le 23 juillet 1938 à Montluçon avec Gabrielle Micounet, professeur-adjoint de mathématiques au collège de filles de Montluçon. Le couple eut trois fils, dont deux, Roger Southon et Daniel furent élus socialistes à leur tour.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131584, notice SOUTHON André, Félix, Henri par Fabien Conord, Gilles Morin, version mise en ligne le 15 avril 2015, dernière modification le 12 novembre 2015.

Par Fabien Conord, Gilles Morin

SOURCES : AN-CARAN, F715498 (n° 4048). F/1b1/998. F/1cII/142. F/1cII/255, F17/27536. — Arch. mun. Montluçon, 1 K 10.— La Vie du parti, juin 1939 supplément du Populaire, n° 85, juin 1939. — Bulletin Intérieur de la SFIO, n° 40, 109. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-67. — Conseil de la République, Notices et portraits, septembre 1952. — Notices biographiques, arch. de l’OURS. — — DBMOF, Notice par G. Rougeron. — Naquet (Emmanuel), Un mouvement typique de la France de l’entre-deux-guerres, la LAURS, mm Maîtrise, Nanterre, 1987. — Entretien avec Roger Southon. — Notes de Jacques Girault. — État civil en ligne cote 4E8/81*, vue 19.

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