SPRIET Jules

Par Georges Raffaëlli

Né en 1875 ; métallurgiste à Saint-Étienne (Loire) ; militant syndicaliste et animateur de l’action syndicale départementale.

Ouvrier métallurgiste, Jules Spriet, affecté spécial à l’usine Leflaive de Saint-Étienne (Loire), participa en janvier-février 1917 à la création du Comité intercorporatif des organisations ouvrières des industries de guerre de la Loire, créé pour lutter contre l’exploitation spécifique dont faisait l’objet la main-d’œuvre mobilisée. Il en devint cosecrétaire en novembre 1917 en remplacement de Blanc.

Avec ses camarades (Henri Lorduron*, Clovis Andrieu*, etc.), Jules Spriet contribua à la réorganisation des syndicats pour obtenir une négociation de salaires. Le comité devint le centre de l’action ouvrière, notamment lors de l’affaire Andrieu (novembre 1917), entraînant à sa suite l’Union départementale de la Loire.

Mais bien vite, le comité s’intéressa à la question de la paix, comme l’expliqua Jules Spriet : « D’accord avec l’Union départementale, ses délégués [du Comité] ont sillonné une grande partie de la France ; ils sont allés... porter la parole pacifiste et humanitaire [...] ; depuis 44 mois que la guerre déchaîne sur l’Europe entière ses horreurs, il serait fou de ne pas comprendre que tous les moyens doivent être mis en œuvre pour arriver à mettre un terme à la boucherie qui ensanglante le monde. »

Certains militants ou syndicats (mineurs) reprochaient au comité interprofessionnel sa trop grande autonomie vis-à-vis de l’UD. En février 1918, face à l’arrivée de troupes dans le département de la Loire, Jules Spriet lança aux organisations un appel au calme et une mise en garde contre d’éventuelles provocations. Ces provocations se précisèrent d’ailleurs avec « l’affaire d’espionnage de Saint-Étienne » à propos de laquelle, le 23 février, Spriet écrivait à Alphonse Merrheim* : « Il est inutile de te dire, je crois, que jamais une des personnes visées ou arrêtées n’ont eu la moindre attache ni directe, ni indirecte avec les organisations ouvrières de la Loire. »

Après la manifestation des femmes pour empêcher le départ de la classe 18, et les refus de départ des soldats, incidents dont Jules Spriet, dans une lettre à Clemenceau (9 avril 1918) imputa la responsabilité à « une maladresse des agents de police », il intervint auprès de celui-ci pour obtenir le report et la suppression des sanctions prises contre les recrues « qualifiées publiquement d’embusqués et autres aménités du même genre » tandis que « les gradés sont cassés de leur grade et les autres punis de 60 jours de prison ».

Jules Spriet participa également à l’organisation du mouvement pacifiste de mai 1920. Dès janvier 1918, il prit contact à Paris avec les dirigeants du Comité de défense syndicaliste et y engagea le comité intercorporatif. Il fit partie du comité départemental de grève en mai 1918 et fut poursuivi en conseil de guerre.

Libéré, Jules Spriet reprit sa place au sein du conseil des Métaux de Saint-Étienne (avril 1919).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131626, notice SPRIET Jules par Georges Raffaëlli, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Georges Raffaëlli

SOURCES : Arch. Nat. F7/12994, 13272, 13273, 14607. — Arch. Dép. Loire, 92 M 247, 92 M 252, 93 M 8, 93 M 9.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable