STAUB Théodore, Fritz

Par Claude Geslin, Gilles Morin

Né le 25 octobre 1909 à Levallois-Perret (Seine), mort le 20 novembre 1996 à Saint-Raphaël (Var) ; professeur d’espagnol ; militant syndicaliste du SNEPS ; secrétaire de la fédération socialiste SFIO de Loire-Inférieure.

Réception à Nantes d’officiers anglais franc-maçons, décembre 1939, au premier rang à droite, Auguste Pageot, maire de Nantes ; 4e au dernier rang, avec une barbe. L’officier supérieur, main dans la main avec Auguste Pageot, porte un cordon maçonnique.
Clichés fournis par Marianne-France Staub.

Théodore Staub, dit Théo (parfois écrit Straub), était issu d’une famille modeste. Son grand père paternel était cheminot, son grand-père maternel, peintre en bâtiment, décéda des suites d’un accident du travail, leurs épouses étaient toutes deux ménagères. Son père, Alfred Staub fut comptable, puis représentant de commerce, et sa mère, Marie-Louise Caly, couturière. Ils étaient domiciliés à Paris, rue Saint-Maur (Xème arr.). Leur fils suivit les cours de l’école Turgot de la Ville de Paris.

Titulaire du brevet supérieur, instituteur suppléant dans la Seine, enseignant au lycée français de Madrid en 1929, il devint professeur de lettres-espagnol à l’école primaire supérieure de garçons de Nantes en 1931.

Il s’engagea dans le mouvement socialiste en adhérant au groupe des étudiants socialistes SFIO de Paris en novembre 1927 et appartint à la Xe section de la Seine à partir du 1er janvier 1928. Arrivé à Nantes en 1931, il fonda et fut le secrétaire du groupe des ES de la ville, puis devint responsable des ES pour tout l’Ouest en 1933. La même année, il devint secrétaire-adjoint de la section socialiste SFIO de Nantes et en prit la direction deux ans plus tard. Il adhéra, ainsi que son beau-frère Pierre Crouzet, au courant socialiste « Révolution constructive » dont G. Lefranc fut un des animateurs et qui développa les thèses planistes adoptées par le syndicalisme belge (De Man). En 1937, il fut désigné comme secrétaire fédéral adjoint pour la région nantaise et le demeura jusqu’au conflit. Il participa à de nombreuses actions de propagande dans l’ensemble du département à partir de 1931 et fit des réunions pour la Ligue internationale des combattants de la Paix ou pour la Ligue des Droits de l’Homme et du citoyen et donna des cours à la Bourse du Travail.

De 1935 à 1939, il militait activement dans d’autres organisations : secrétaire départemental du Syndicat national des EPS, il fit des réunions pour la LICP ou la Ligue des Droits de l’Homme et du citoyen et donna des cours à la Bourse du Travail.

Il fut candidat socialiste aux élections municipales de 1935 à Nantes et fut délégué au conseil national de la SFIO en 1937.

Il se maria le 24 décembre 1929 à Albi (Tarn) avec Andrée, Émilie Azam, institutrice dans le Tarn, « en résidence à Madrid » comme son époux, fille d’un mineur. Le couple divorça en février 1951.

En 1939, mobilisé dans les chars, il se porta volontaire pour une unité combattante. Démobilisé, Théo Staub s’engagea dans la Résistance, après son retour à Nantes ; comme la majorité des responsables socialistes de Loire-Inférieure qui y laissèrent pour la plupart leur vie. Entré à Libé-Vengeance en 1941, il fut arrêté par la police allemande, sans doute à la suite d’une dénonciation, le 20 janvier 1942 et fut enfermé à Fresnes (Seine) jusqu’en mai. Ayant été révoqué par Vichy, il passa alors en zone Sud, avec une mission de liaison pour le parti socialiste clandestin en voie de constitution. Il travailla en 1942-1943 avec les socialistes du Tarn, fit un passage à Paris puis, de nouveau recherché, il entra dans un maquis de la Vienne. Chef de groupe, il participa à des combats à Lussac-les-Châteaux et à divers coups de main. Engagé volontaire pour le reste de la guerre, il fut démobilisé à Poitiers le 18 juin 1945 et n’était donc pas présent en Loire-Atlantique à la Libération du département. Sa conduite lui valut la médaille de la Résistance.

Réintégré par arrêté du 25 octobre 1944 professeur de lettres-espagnol au collège moderne de Bayonne, il fut en fait renommé au collège moderne de Nantes (arrêté du 4 décembre 1944).

De nouveau secrétaire fédéral adjoint en octobre 1944, désigné sans doute en son absence, il fut désigné comme secrétaire de la fédération SFIO de la Loire-Inférieure dès son retour dans le département en août 1945. Il resta à ce poste jusqu’en février 1955.

Théodore Staub fut candidat socialiste à de nombreuses élections : aux élections cantonales d’octobre 1945 dans le deuxième canton de Nantes (4 698 voix sur 29 324 inscrits), aux élections législatives de novembre 1945 (3e de liste qui eut deux élus Jean Guitton et Clovis Constant) et de novembre 1946 (2e de liste qui n’eut qu’un élu Guitton), aux élections au Conseil de la République en décembre 1946 et en 1948 (8.5 % au 1er tour), et à l’élection cantonale partielle de mai 1947 dans le 2e canton de Nantes. Il obtint à cette dernière 3 192 voix au 1er tour (sur 31 379 inscrits) et 6 631 au 2° tour (sur 16 289 votants). Il fut encore candidat SFIO à Saint-Mars-la-Jailleux aux élections cantonales d’octobre 1951.

Théodore Staub fut très actif dans les congrès et conseils nationaux de la SFIO où il défendait souvent des positions intransigeantes en matière de laïcité. Délégué au congrès national de la SFIO d’août 1945, il intervint sur la politique extérieure de la France, sur la Constitution, sur le sort de l’Allemagne et sur la question laïque. Il fit ajouter un amendement à la motion de la commission des résolutions, invitant à la “lutte contre le cléricalisme qui ne peut être confondu de bonne foi, avec l’idée religieuse sincère”. Il se prononça aussi à ce congrès d’août 1945 contre la réintégration de François Blancho. Il représenta sa fédération aux conférences des secrétaires fédéraux des 27-28 octobre 1945 et celle des 23-24 février 1946, où il critiqua sévèrement la direction du parti, et au conseil national du 9 juin 1946 où il renouvela ses critiques contre Daniel Mayer et son équipe. Il se montra hostile à la participation socialiste dès novembre 1946. Il était des militants qui voulaient réarmer politiquement le parti socialiste et participa activement à la semaine de formation à Meung-sur-Loire en 1947 et à la semaine d’études internationale de Saint-Brieuc où il fut membre de la commission sociale et culturelle (25 juillet-1er août 1948). Il s’exprimait souvent encore lors des conseils nationaux du parti, comme celui des 21-22 mars 1953. Il appartint à la commission de vérification des mandats au congrès de 1954. Lors de la crise de la Communauté européenne de défense, il s’éloigna de la direction molletiste. Il admettait le principe des sanctions pour les parlementaires indisciplinés mais refusait les exclusions. Sa position s’en trouva fragilisée. Sa motion obtint une majorité relative au congrès fédéral de janvier 1955, avec 163 voix, contre 142 qui approuvaient le comité directeur et 36 qui refusaient toute sanction. Il fut battu au renouvellement du secrétariat fédéral, André Routier-Preuvost obtenant 16 voix, contre 11 pour Théo Staub.

Il était par ailleurs membre de la FNDIR. Il se remaria le 8 août 1951 avec Claire Barras à Montreuil-Belfroy (Maine-et-Loire).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131644, notice STAUB Théodore, Fritz par Claude Geslin, Gilles Morin, version mise en ligne le 9 juillet 2015, dernière modification le 29 octobre 2019.

Par Claude Geslin, Gilles Morin

Auguste Pageot, maire de Nantes ; 4e au dernier rang, avec une barbe. L’officier supérieur, main dans la main avec Auguste Pageot, porte un cordon maçonnique.
Clichés fournis par Marianne-France Staub. ">
Réception à Nantes d’officiers anglais franc-maçons, décembre 1939, au premier rang à droite, Auguste Pageot, maire de Nantes ; 4e au dernier rang, avec une barbe. L’officier supérieur, main dans la main avec Auguste Pageot, porte un cordon maçonnique.
Clichés fournis par Marianne-France Staub.
Théo Staub dans un congrès socialiste en 1953.
Théo Staub, deuxième rang à gauche, lunettes et barbe, dans un congrès socialiste avant 1939 (il n’a plus la barbe après la guerre).
Théo Staub dans un congrès socialiste avant 1939 (vue large).
Théo Staub dans un congrès socialiste de l’après-guerre.

SOURCES : Arch. Nat., F/1cII/112/A ; 243 ; 274 ; 293,— Arch. FNSP, 3 MA 28. — Arch. Dép. Loire-Atlantique, série M. — Archives de l’OURS, dossiers Loire-Inférieure et dossier personnel. — Le Travailleur de l’Ouest, 1935-1939 et 1949. — La Tribune socialiste, 1946-1947. — Clarté, 1946. — L’Effort social, 1948. — Bulletin intérieur de la SFIO, section d’organisation, février 1952. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. — Rens. mairie de Nantes. — DBMO, notice par Claude Geslin.— Notes d’Alain Dalançon, Jacques Girault et de François Prigent. — État civil. — Sources familiales "Mémoires" de Théo Staub. — Stéphane Clouet, De la Rénovation à l’utopie socialistes : Révolution constructive, un groupe d’intellectuels socialistes des années 1930 (Presses universitaires de Nancy, 1991). — Échange de mails avec Marianne-France Staub.

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