STODEL Benjamin, Émile

Par Daniel Grason

Né le 15 décembre 1895 à Fontainebleau (Seine-et-Marne), mort le 15 mai 1968 à Saint-Omer (Pas-de-Calais) ; représentant de commerce ; communiste.

L’enchaîné. Transmis par David Noël.

Fils de Maurice Stodel, voyageur de commerce d’origine hollandaise (mais né à Cologne, Allemagne) et de Esther Yvette Tykosinsk, d’origine allemande, en fait Alsacienne, tous deux d’origine juive, venus en France en 1888 à Nancy, Fontainebleau, Puteaux, Lille. Le père vendait de la cire à harnais qu’il fabriquait lui-même. Il eut des démêlées avec la police et fit l’objet d’un arrêté d’expulsion en 1919 ainsi que son fils, mais ils échappèrent aux recherches. Le fils fit en effet l’objet de procès-verbaux pour coups et outrage à la force publique en mai 1915, août 1915, décembre 1916.
Benjamin Stodel, fut employé à la Poudrerie d’Esquerdes (Pas-de-Calais) puis marchand de chaussures à Saint-Omer (Pas-de-Calais), gérant d’une boutique appartement à un nommé Paigner. Il vécut avec Yvette Chailloux (née le 5 avril 1908 à Saint-Laurent de Cognac, Charente), représentante de commerce. Benjamin Stodel fut le pionnier du Parti communiste dans une région à dominante rurale, sans tradition ouvrière. Fondateur en 1933 de la cellule locale, qui compta bientôt une centaine d’adhérents, il en fut le secrétaire jusqu’en 1939. Bon orateur, très actif, il devint secrétaire de l’Union locale CGT après la réunification de 1935. Il a été membre du Comité régional du Parti communiste du Pas-de-Calais. Il était membre des Amis de l’Union soviétique et par la suite fréquenta assidûment la Maison de la culture de Lille et les intellectuels proches du Parti communiste..
Benjamin Stodel représenta le Parti communiste à diverses élections, dont les législatives de 1936 dans la 1re circonscription de Saint-Omer et recueillit 1 212 voix sur 15 619 inscrits. L’Humanité du 26 avril 1936, se faisait l’écho que « Le patron Vandesmet, de Watten multimillionnaire et croix de feu » poursuivait l’Enchaîné. Était d’ores et déjà annoncé que le secrétaire du rayon communiste Benjamin Stodel et Martha Desrumaux, de la région communiste ainsi que Destelle, de l’Enchaîné, viendraient rappeler à la population qui était Vandesmet.
Secrétaire de l’Union locale, il présida un meeting à Saint-Omer le 4 novembre 1936, L’Humanité du 6 novembre annonça dans la page « Sur le Front du travail », « À Saint-Omer 900 travailleurs assistent à un meeting syndical ». L’Humanité du 31 mai 1937 publia la Troisième liste des candidats communistes aux élections cantonales. Benjamin Stodel, employé était candidat dans le canton de Saint-Omer.
Membre de l’association des Amis de l’Union Soviétique, il effectua un court voyage en URSS en 1937, il a été de retour le 14 septembre. Il s’était installé à Lille où il tenait un commerce de bonneterie 164 rue de Paris.
En 1938 secrétaire de l’Union locale des syndicats confédérés et membre du Comité régional du Pas-de-Calais fit condamner le Courrier Audomarois pour « diffamation », ce journal très à droite (Croix de Feu) dont le responsable Jean Bataille était « bien connu pour ses opinions fascistes » a été condamné à 50 francs d’amende et la société éditrice à 500 francs de dommages et intérêts ainsi qu’à la publication du jugement.
Le Tribunal correctionnel de Saint-Omer condamna Benjamin Stodel en mars 1939 à un mois de prison avec sursis pour « outrage à Commandant de la force publique ». L’Action française du 25 mars 1939 titra "Sans la pègre internationale. Un métèque suspect avait insulté un officier". en commentant : "On pensera avec nous que ce châtiment est bien léger et que MM. les métèques auraient bien tort de se gêner".
Le 4 septembre 1939, il aurait été surpris en gare de Lille, tenant des propos antimilitaristes. Il était porteur d’un tract communiste commençant par "Le Pacte de non-agression entre l’URSS et l’Allemagne, grande victoire de la Paix. Triomphe de la politique de fermeté de l’URSS". Présenté au Parquet il a été laissé libre « Le délit n’étant pas nettement établi  ». Le 5 octobre 1939, sur mandat du Juge militaire de la 1ère Région, il a été écroué à la prison de Loos « sous prévention d’espionnage et de menées communistes. » Il a été libéré comme d’autres détenus communistes par les Allemands le 5 août 1940 à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor). Un autre document le dit libéré le 5 août 1940 de la prion d’Evreux. Il revint à Lille.
La police le recherchait en 1942. Il était décrit comme un homme de "1m73, cheveux rares grisonnants, yeux rayonnants, châtain moyen, visage plein, teint bilieux, corpulence forte, nez fort, air habituellement goguenard".
Le 23 mai 1946, il était de passage à Caen dans le Calvados, logeait dans un hôtel au 7 rue de Bretagne. Des inspecteurs de la Brigade de surveillance du territoire (BST) de Lille conjointement avec celle de Rouen l’auditionnèrent.
L’enquête menée par la BST permettait de retracer le parcours de Benjamin Stodel pour ne pas être arrêté par les allemands. Il se cacha à Paris sous les identités de Chrétien, puis d’Albert Crépin. Après le 22 juin 1941, la répression contre les communistes et les Juifs s’amplifia, il se réfugia au domicile de son amie Yvette Chailloux à Cognac (Charentes). Puis à la fin de la même année, il alla chez un exploitant forestier à Dignac dans le même département.
Le Commissaire principal, Chef de la BST de Lille, leva toute ambiguïté : « La suspicion doit-être écartée, du fait que Stodel était recherché par les autorités occupantes. »
« En effet : la Feldkommandantur 678, groupe administration a établi le 13 janvier 1942 une demande de recherche concernant Stodel Benjamin. Cette pièce signée Dr Hofenmayer fut adressée à la Police française pour exécution. » Etrangement la police judiciaire de Vichy le croyait au camp de Bossuet (Algérie) le 5 février 1942.
Benjamin Stodel mourut le 15 mai 1968 à Saint-Omer.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131702, notice STODEL Benjamin, Émile par Daniel Grason, version mise en ligne le 8 octobre 2020, dernière modification le 12 novembre 2022.

Par Daniel Grason

L’enchaîné. Transmis par David Noël.

SOURCES : AN 20160181/39 (transmis par Gilles Morin). – Arch. Dép. Pas-de-Calais, M 182, M 5221 et 5304. – Arch. Dép. Nord, 187 W 137-4369 (consulté par Monique Heddebaut). — L’Humanité du 31 mai 1937, p.4, L’Humanité du 25 septembre 1938, p. 4. – SHD, Vincennes, Bureau Résistance, 1874 W 137.

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