STRACK Gaston [STRACK Jacques, Gaston]

Par Jacques Girault

Né le 10 mars 1887 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), mort le 12 février 1931 à Toulon (Var) ; médecin ; secrétaire de la Fédération socialiste SFIO (1920) puis secrétaire de la Fédération communiste ; candidat communiste aux élections législatives (1928) dans le Var.

Son père, entrepreneur en charpentes, possédait plusieurs immeubles à Nancy. Sa mère et son unique frère moururent très tôt. Il fut élevé par sa grand-mère dans la religion catholique. Après son mariage en 1909, ses enfants nés entre 1907 et 1905 reçurent, en raison des exigences de sa femme pratiquante, les sacrements religieux.

Après avoir obtenu le baccalauréat au lycée de Nancy, Strack suivit les cours de la Faculté de médecine et obtint le certificat d’aptitude à l’exercice de la médecine, le 25 avril 1912. Il s’inscrivit comme médecin sur les registres de la Préfecture, le 6 mai 1914 et exerça à Malzéville (Meurthe-et-Moselle), spécialisé dans les accouchements.


Prisonnier pendant la Première Guerre mondiale, Gaston Strack fut échangé en tant que médecin et renvoyé sur le front où il fut gazé. Plus tard, il ne voulut pas établir de demande de pension.

Revenu à Malzéville, il adhéra au Parti socialiste SFIO et à l’Association républicaine des anciens combattants. Candidat aux élections législatives le 19 novembre 1919, il obtint 17 688 voix sur 131 544 inscrits. Conduisant la liste “ouvrière d’intérêts communaux“ aux élections municipales de Malzéville, il fut le seul élu, le 30 novembre 1919, avec 350 voix sur 706 votants. Assidu aux réunions du conseil municipal dominé par des radicaux-socialistes, il s’occupait notamment des pupilles de la Nation et présidait la section de l’Union lorraine des coopératives.

Rédacteur en chef de L’Est socialiste, Gaston Strack y signait régulièrement des articles. Son prestige était grand dans la région nancéenne et Hubert-Rouger, dans l’Encyclopédie socialiste le citait parmi les militants les plus en vue de la fédération. Il s’était montré dans ses articles favorable à l’amnistie et opposé à l’intervention française en Russie. Délégué au congrès socialiste SFIO de Strasbourg (25-29 février 1920), il défendit la thèse favorable à l’adhésion immédiate à la IIIe Internationale. Dans son intervention, il demanda que, dans les batailles électorales futures, le Parti socialiste s’abstint de toute coalition avec « quelque parti bourgeois que ce soit ». Devenu secrétaire de la Fédération socialiste SFIO de Meurthe-et-Moselle, le 8 février 1920, après la grève des cheminots en mai 1920, il céda sa maison à un groupe de révoqués qui y installèrent un atelier de mécanique générale. Il figure sur la photographie des délégués de Meurthe-et-Moselle au congrès de Tours bien que son nom ne fût pas mentionné sur la liste des délégués dans le compte rendu.

Gaston Strack fut le premier secrétaire de la Fédération communiste de Meurthe-et-Moselle. Très actif, expulsé du Luxembourg à la fin de 1920, parlant couramment allemand, il participa à plusieurs actions antimilitaristes à Nancy pendant l’occupation de la Ruhr. Au congrès du Parti communiste (Paris, 15-19 octobre 1922), sur la photographie de la tribune du congrès, il était assis au dernier rang, Maurice Thorez figurant au premier plan. . Il présida la dernière séance du conseil national du Parti communiste, le 24 septembre 1923 et signa la demande officielle de panneaux électoraux pour la liste du Bloc ouvrier et paysan aux élections législatives de 1924.

Asthmatique, Gaston Strack dut interrompre toute activité vers 1925 et aller se reposer à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). À son retour à Malzéville, la maladie l’obligea à quitter définitivement la Lorraine. Séparé de son épouse, il vint alors, avec ses trois fils, habiter Carqueiranne (Var) en 1926. Non rétabli, mais dans l’obligation de gagner sa vie, il s’installa à Toulon en 1927, 41 rue Castillon au Mourillon. Il demanda son agrément comme médecin de la clinique syndicale en formation ; le conseil d’administration de la Bourse du Travail de Toulon accepta, le 15 octobre 1928. Docteur agréé de la mutuelle « La solidarité médicale des syndicats unitaires », il était aussi membre, selon la circulaire électorale de 1928, du syndicat de la médecine sociale de la CGTU.

La réunion des communistes toulonnais qui discuta du choix des candidats aux élections législatives, le 20 janvier 1928, le pressentit. Il refusa. Le rapport de police sur cette assemblée indiquait qu’il était inscrit au carnet B. Finalement, candidat dans la première circonscription de Toulon, le 22 avril 1928, il obtint 1 135 voix sur 18 947 inscrits. Le dimanche suivant, il ne retrouva que 734 voix. A partir de cette période et pendant l’année qui suivit, il présida le Cercle ouvrier et paysan de la ville. Le 17 avril 1929, lors d’une réunion, selon le rapport de police, il préconisa, pour les élections municipales, la formation d’une liste incomplète d’hommes populaires « susceptibles de recueillir de nombreuses voix » au lieu d’une liste complète « d’hommes de paille qui feraient rire ». Le 5 mai 1929, en tête de la liste du "Bloc ouvrier et paysan", il recueillit 1 606 voix sur 25 500 inscrits et conserva 1 204 voix au deuxième tour

Gaston Strack, qui avait été physiquement grand et fort, paraissait alors très amaigri et devait faire de grands efforts pour intervenir dans les réunions publiques. Au cœur de la vie du Parti communiste à Toulon, il devint membre du comité de rédaction, le 15 mars 1929, de L’Émancipateur de l’Arsenal, journal éphémère, en principe édité par le syndicat des travailleurs de la Marine CGTU. Il fut élu, puis réélu, membre du comité du rayon communiste du Var lors des conférences de Carnoules, les 2 juin 1929 (il était aussi membre de la commission politique) et 26 janvier 1930. Il militait avec sa compagne rencontrée à Nancy, Gilka Kourtz.

La police annonça que Gaston Strack devait partir en délégation en URSS, le 14 mai 1930. Il écrivit un article commémoratif pour le dixième anniversaire du PC qui parut dans la Lorraine ouvrière et paysanne, le 27 décembre 1930.

Gaston Strack disparut alors de la scène politique toulonnaise. Outre sa maladie, cet effacement correspondait aussi avec les difficultés de la vie du Parti communiste à Toulon au seuil des années 1930. Le 27 février 1931, la presse locale annonça son décès.

Gaston Strack fut un des nombreux militants communistes qui s’imposa dans la Var après avoir fait ses armes dans une autre région
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Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131716, notice STRACK Gaston [STRACK Jacques, Gaston] par Jacques Girault, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 5 août 2015.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat. F7/13021, 13085, 13118, 13123, 13164, 13256. — Arch. Dép. Meurthe-et-Moselle, 1 M 603, 641, 651, 3 M 91, 302. — Arch. Dép. Var, 2 M 3 49, 7 32 3, 33 1, 4 M 59 4 1, 3 Z 2 5. — BMP, mfm n 41. — Rens. de Fernand Strack, fils de l’intéressé. — Notes de C. Pederzoli.

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