SUCHET Henri, Victor

Par Jean-Louis Panné

Né le 16 août 1891 à Troyes (Aube), mort le 22 avril 1930 à Paris (Ve arr.) ; commis en librairie ; militant du Comité de la IIIe Internationale ; administrateur de la librairie de l’Humanité ; communiste, opposant à la bolchevisation.

Avant la Première Guerre mondiale, Henri Suchet fit la connaissance de René Reynaud et Boris Souvarine en fréquentant le théâtre de l’Odéon. Ce groupe de jeunes gens liés par l’amitié et les passions communes suivait les cours de l’Université populaire du Faubourg Saint-Antoine, « La Coopération des idées », lisaient les mêmes journaux, l’Humanité, La Guerre sociale, La Bataille syndicaliste et Les Hommes du jour. Ensemble, il participèrent aux meetings contre le tsarisme et la loi des trois ans. Commis en librairie, Suchet travailla chez Alcan et Nelson et pratiqua le « coulage » au profit de ses amis avides, comme lui, de lectures.

Après la guerre, Henri Suchet rejoignit la 9e section socialiste de la Seine où militaient déjà ses amis. Soutenant l’action du Comité de la IIIe Internationale, il devint administrateur de la librairie de l’Humanité (anciennement librairie de l’Humanité et du Parti socialiste, sise au 142 rue Montmartre) après le congrès de Tours. La fusion de cette librairie avec la Bibliothèque communiste (123 rue Montmartre) qui avait été créée parallèlement au Bulletin communiste (mars 1920) par Boris Souvarine nécessita une réorganisation dont Henri Suchet fut chargé. Il effectua ce travail (établissement d’un catalogue notamment) en liaison avec Souvarine qui présenta régulièrement des rapports à ce sujet au Comité directeur. Constatant que le secteur éducatif était déficient, Souvarine indiqua en 1923 que les ouvrages de la librairie étaient publiés à environ un millier d’exemplaires exceptions faites pour La Maladie infantile du communisme de Lénine (4 300) et Terrorisme et communisme de Trotsky (2 070).

En 1924, étant en désaccord avec la « bolchevisation », Henri Suchet quitta la Librairie de l’Humanité, pour prendre la direction d’une des plus importantes librairies de Paris. En octobre 1925, il signa la lettre au Comité exécutif de l’Internationale, dite Lettre des 250, qui émanait des communistes oppositionnels autour de Loriot.
Il rejoignit, en janvier 1926, le comité de rédaction du Bulletin communiste (organe du communisme international) que Souvarine avait relancé en octobre 1925, signa l’appel du 20 janvier 1926 de l’Opposition communiste (« À tous les membres du parti, tous solidaires des exclus ») qui niait toute valeur aux mesures d’exclusion qui avaient frappé Boris Souvarine, Pierre Monatte, Alfred Rosmer, Victor Delagarde et Albert Lemire.

Atteint de tuberculose, Henri Suchet devait mourir en avril 1930, laissant une femme et une fille dont s’occupa Boris Souvarine (lettre à Panaït Istrati*, s.d. [1933, ou 1930 ?]).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131751, notice SUCHET Henri, Victor par Jean-Louis Panné, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 3 septembre 2020.

Par Jean-Louis Panné

SOURCES : B. Souvarine, « Fragment d’un rapport sur la scission de Tours » (janvier 1921), Est & Ouest, n° 458, décembre 1970 ; Autour du congrès de Tours, Champ libre, 1981. — Bulletin communiste, n° 10, 8 mars 1923 et n° 32-33, juillet 1933. — Le Populaire, 24 avril 1930. — Danielle Tartakowsky, Écoles et éditions communistes (1921-1933). Essai sur la formation des cadres du PCF, Th., Paris-VIII, 1977. — Cahiers Panaït Istrati, n° 7, 1990. — État civil de Troyes et de Paris. — Julien Chuzeville, Un court moment révolutionnaire, la création du Parti communiste en France, Libertalia, 2017.

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