TACHÉ Joseph, Marie

Par Paulette Cavailler

Né le 14 février 1893 à Bazolles (Nièvre), mort le 20 février 1945 à Melun (Seine-et-Marne), en prison ; instituteur en Seine-et-Marne ; militant syndicaliste et responsable départemental SNI, CGT, CGTU, de nouveau CGT ; militant communiste ; devint partisan de la collaboration.

Fils d’un ouvrier agricole, Joseph Taché vint avec ses parents à Crisenoy, commune de Mormant (Seine-et-Marne) vers 1895. Bon élève, Joseph Taché entra à l’École normale de Melun. À sa sortie, il fut nommé instituteur à Provins et se maria aussitôt. Incorporé avec la classe 1913, il fit toute la guerre.

Nommé instituteur à Melun à son retour, Joseph Taché milita aussitôt au Syndicat national des instituteurs. Le 30 novembre 1919, le congrès de l’Union départementale CGT le nomma délégué à la propagande. Il fut reconduit dans cette fonction lors du congrès de Souppes du 21 mars 1920 et allait l’être à celui de Fontainebleau du 22 mai 1921. Il siégea régulièrement à la commission administrative de l’Union départementale. Le 19 décembre 1920 au congrès de l’UD tenu à Paris, il défendit les minoritaires du congrès d’Orléans et demanda de voter contre toute exclusion.

Membre du Parti communiste, Joseph Taché choisit en 1922 la CGTU. Mais, le 4 octobre 1923, au cours d’une réunion, s’étant opposé à la politique syndicale du PC, il démissionna du parti. Le 26 mai 1929, il déclara s’être trompé en faisant confiance à cette centrale pour redresser le syndicalisme et revint à la CGT tout en restant à la Fédération unitaire de l’enseignement pour y soutenir la minorité syndicaliste opposée aux communistes. Il fut à nouveau élu délégué à la propagande et le demeura jusqu’en 1937. À partir de 1931, il se consacra à la reconstitution de l’Union locale de Melun et fut élu le 24 octobre membre de sa commission administrative. Le 12 juin 1932, Joseph Taché fut élu membre du comité de rédaction du bulletin de l’Union départementale. Début 1933, il réussit à réorganiser le Cartel des services publics dont il fut le secrétaire départemental.

Lors de la réunification syndicale, il fut nommé le 27 octobre 1935, membre de la commission mixte chargée de la réunion des deux unions départementales. Le congrès d’unification eut lieu le 19 janvier 1936 et Joseph Taché représenta les ex-confédérés à la commission administrative. Le 17 juin, il fut le seul à voter pour la participation de la CGT au gouvernement. Au congrès de Montereau (12 juillet 1936), il reçut pleins pouvoirs avec Arthur Chaussy* et Hubert Chiquois* pour soutenir le mouvement des salariés agricoles.

Voulant se consacrer entièrement au syndicat des enseignants, Joseph Taché démissionna en mai 1937 du bureau de l’UD mais dut changer d’avis car, un mois plus tard, au congrès de l’UD tenu à Paris, il fut à nouveau candidat à la CA et réélu en dépit des critiques formulées à son égard par Camille Marceau*, Gaston Schosmann* et Jean-Louis Gayte* ; il échoua cependant à l’élection du bureau votée à bulletins secrets. Le 24 septembre 1937, il était toutefois réélu secrétaire adjoint de l’Union locale de Melun.

Membre du conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs, il en devint le secrétaire général et conserva cette responsabilité jusqu’à la dissolution du syndicat à la fin de 1940.

Le 19 juin 1938, au congrès de Coulommiers, Joseph Taché critiqua très vivement le rapport moral qu’il refusa de voter ; tous les syndicats ayant approuvé le rapport, il s’abstint. Il n’obtint que trois voix pour la commission administrative. Le 21 octobre 1938, il fut à son tour critiqué pour sa gestion de l’UL de Melun. Il venait de créer le « Collège du travail ». Le 30 juin 1939, devant la commission exécutive de l’UL de cette ville, il accusa l’UD de sectarisme politique et provoqua une discussion véhémente. Le « Collège du travail » n’ayant pas fonctionné faute d’élèves, il reprocha au bureau de l’UD de se désintéresser de l’éducation des ouvriers.

En juin 1940, au moment de l’arrivée des Allemands à Melun, Joseph Taché prit en main l’administration des quartiers sud de la ville séparés de la mairie et de la préfecture par suite de la destruction des ponts. Il se montra si actif et si efficace qu’il fut chargé du ravitaillement par les services préfectoraux. Lors de la reconstitution de l’UD le 24 décembre 1940, il devint secrétaire adjoint. Dès lors, il fut persuadé que la collaboration avec l’occupant était la meilleure politique possible et fit une active propagande en ce sens. Emprisonné lors de la Libération, il se suicida à la prison de Melun, bien qu’il n’ait pas eu, semble-t-il, à se reprocher de faits graves de collaboration.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131867, notice TACHÉ Joseph, Marie par Paulette Cavailler, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 4 février 2016.

Par Paulette Cavailler

SOURCES : Arch. Dép. Seine-et-Marne, série M, I0 M et I R. — Le Travail de Seine-et-Marne, 1921-1931. — Notes de Jacques Girault.

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